La libération

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* 12 Février 2075 *

??? : " Kane ! Dépêche-toi, faut que tu sois prêt quand il t'emmèneront chez toi !
Kane : Lâche-moi un peu, je te rappelle qu'ils ne viennent me chercher qu'à 15 heures et puis tu veux que je mette quoi ? Ils ne m'ont donné que l'uniforme de leur foutue armée...
??? : Ouais et alors ? Aujourd'hui, tu vas enfin pouvoir voir ta famille, ça fait au moins 14 ans que tu ne les as pas vu. Tu pourrais faire un effort au moins pour changer.
Kane : Ok...tu sais quoi, t'as gagné je vais me préparer. Mais je te préviens, je me laisserai pas faire quand on sera tous les deux à extérieur ! T'as bien compris Skye ?
Skye : Reçu cinq sur cinq chef !
Kane : Tu m'exaspère... je me demande ce que j'ai fait pour avoir une amie pareil...". Je souffle.

Je me lève de ma couchette miteuse pour aller prendre ma douche, c'est mon jour de chance ils viennent juste de finir de réparer la chaudière, ça doit faire une semaine que je n'ai pas pris de douche et je dois avouer que l'odeur que mon corps dégage n'est pas des plus agréables. Une fois prêt, je sors vêtu de mon uniforme. Maintenant, que j'ai fini mon conditionnement, je suis obligé de le porter mais bon, je ne vais pas me plaindre, qui dit fin du conditionnement, dit retour à la vie normale, si on peut dire ça comme ça. Je demande à Skye :    " C'est mieux comme ça ? " Elle détourne les yeux de l'écran d'informations pour pouvoir me regarder. J'ai juste un peu l'impression qu'elle me fixe un peu trop longtemps, on dirait que je suis un légume sur l'étal d'un marché...

Skye : Parfieu...euh non je...je voulais dire parfait. Elle bafouille.
Kane : Ça y est !
Skye : Comment ça, ça y est ?
Kane : J'ai enfin réussi à te faire bafouiller ! J'ai réussi à faire bafouiller la grande Skye ! Haha ! J'ai gagné mon pari, je te l'avais dit que j'y arriverais avant de sortir d'ici ! Je hurle fier de moi.
Skye : Pff...t'es vraiment idiot mais ça change rien au fait que tu me dois toujours un portable dernière génération !
Kane : Ah ouais, je l'avais oublié ce pari..."

Elle rit doucement et viens me serrer dans ses bras tout en me chuchotant : " Tu vas me manquer, il me reste encore un mois et demi à tenir avant de pouvoir sortir...". Je ne dis rien et la serre un peu plus fort. Je sais que ça ne servirait à rien de parler, ça ne la ferait pas se sentir mieux. Après un long moment passé à s'étreindre, je me détache de Skye pour finir mon sac. Deux heures après, un garde vient me chercher pour m'emmener chez moi, mon vrai chez moi, pas ce fichu centre de conditionnement dans lequel je vis depuis que j'ai quatre ans.

* Ellipse du trajet *

Ça y est, je suis arrivé, je ne sais pas quoi faire, ça fait dix bonnes minutes que j'attends devant la porte de notre baraquement et que je suis entrain de stresser à mort. Tout d'un coup la porte s'ouvre après que je me sois cogné dedans en essayant de "me détendre". Une jeune femme d'une vingtaine d'années se trouve devant moi. Je crois que je me suis trompé de numéro...

??? : " Kane ? C'est bien toi ?! S'exclame-t-elle.
Kane : Euh oui...mais je suis désolé, je ne pense pas que vous soyez ma mère ni mon père alors je me permets de vous le demander...qui êtes-vous ?
??? : Oh...je vois, tu ne te rappelle pas de moi...en même temps tu es parti le jour de tes quatre ans. Je suis ta sœur, Emeri.
Kane : C'était toi alors sur la photo avec moi. Je lui dis en montrant la photo.
Emeri : Oui, c'était moi, mais rentre plutôt que de rester sur le seuil comme un idiot.
Kane : Mais qu'est-ce que vous avez toutes à me traiter d'idiot ! J'en peux plus, ça fait deux fois en même pas un jour ! Je dis en entrant dans mon logement. Euh...ils sont où papa et maman ?
Emeri : Eh bien...maman est décédée, il y a une semaine. Elle est tombée malade, elle était atteinte d'une tumeur au cerveau mais elle a été diagnostiquée trop tard et en plus nous avions pas les moyens de payer les soins. Quant à papa, il est en cellule d'isolement pour avoir tenté de voler de la morphine pour maman. Il lui reste encore deux semaines avant de pouvoir partir.
Kane : Si seulement j'étais sorti plus tôt, j'aurais pu la voir...
Emeri : Elle t'a laissé un message vidéo pour quand tu rentrerais mais c'est pas le bon moment, pour l'instant faut que tu t'installes."

Je ne bronche pas et commence à déballer mes bagages, à vrai dire j'ai beaucoup d'affaires, mes parents m'avaient mis un tas de photos pour que je puisse voir leurs visages chaque jour.
Mais je ne vais pas me plaindre, Skye, elle, n'a aucune photos, aucuns souvenirs de sa famille. En parlant d'elle, j'espère qu'elle ne va pas craquer et en finir, comme certains l'ont fait alors que ce n'était que leurs derniers mois, ils ne pouvaient plus supporter de voir leurs amis s'en aller et pas eux. Mais au fond de moi, je sais qu'elle tiendra, elle a toujours été plus forte que moi malgré le fait qu'elle soit un peu plus jeune que moi.

Une heure après m'être installé, un garde vient vérifier si je suis bien chez moi. J'en reviens pas, je suis à peine sorti qu'il faut qu'ils me collent déjà aux basques. Emeri m'a préparé un vrai festin, j'ai appris à la connaître, elle est vraiment géniale. Je suis fier que ce soit ma soeur.
Demain, j'ai intérêt à avoir bien dormi, à ce que j'ai compris, Emeri veut me "remettre en forme" et me faire visiter notre quartier pour que je puisse faire connaissance avec nos voisins.

Ça faisait tellement longtemps que j'attendais de pouvoir quitter ce centre, je sens que je vais enfin servir à quelque chose dans ce monde.

TyranniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant