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MAYMOUNA TOUREE

De l'eyeliner. Oui, il me manque de l'eyeliner. Elégamment, je me précipite vers ma coiffeuse. Ma mère me disait toujours qu'une femme dans le vrai sens du terme se devait d'être élégante, sûre d'elle et par-dessus tout ambitieuse, ce que j'ai toujours été d'ailleurs. Grace à mes compétences et mon aspiration pour l'architecture, j'ai voyagé dans tous les coins et recoins du monde pour perfectionner mon talent car "Si le don existe, l'apprentissage le perfectionne». J'ai commencé à voyager après l'obtention de mon diplôme c'est à dire le baccalauréat à 18 ans pour être précise.

Grâce à mes nombreuses voyages, j'ai mûrit, j'ai découvert, j'ai appris et surtout je me suis retrouvée. Partant de rien, je suis revenue avec tout.
J'ai décidé de rentrer au bercail et rester ici définitivement parce que...ou plutôt je suis venue sur un coup de tête car j'avais là-bas un bon travail et un appartement même si de base j'étais censée aller me perfectionner et revenir ici mais le désir et l'adrénaline de découvrir m'ont obnubilée jusqu'à me détourner de mon objectif c'est à dire "aller chercher et revenir travailler». La chaleur de mon pays m'avait manqué, j'avais oublié à quel point le Sénégal était si accueillant et en parlant de ça si ma mère venait à savoir que j'ai décidé de m'installer ici définitivement, elle allait tomber à la renverse. Je l'entends déjà me dire " tu as gâché ton avenir pour ce misérable pays" et moi comme d'habitude je ne cesserai de lui répéter le même refrain "Je n'ai pas besoin qu'on me dicte ma vie "

En ce moment, je loge à l'hôtel pour me préparer psychologiquement à affronter ma mère. Entre temps j'ai réussi à intégrer AIDARA CONSORTIUM. Au moins quand ma mère me traitera de fainéante, je lui avouerai que je travaille dans l'une des grandes entreprises du Pays comme Dessinatrice supérieure parlant de travail, si je ne dépêche pas je serais en retard. Je jette un regard sur la montre accrochée à mon poignet qui affiche 9:12 oups je suis déjà en retard. Je devais commencer le travail à 8:00 et pour ce premier jour j'avais décidé de tout faire pour ne pas être en retard. Mais bon c'est perdu d'avance, il ne me reste plus qu'à finir de me préparer et voilà.
Vêtue d'une robe noir parfaitement coupée qui ajoutait une touche d'élégance à la grâce naturelle de mes gestes, je me rendis à l'accueil de l'hôtel pour leur demander d'envoyer le service de chambre, après cela je suis directement sortie de l'hôtel pour prendre un taxi direction l'entreprise.


             CHERIF AKHIB AIDARA

Je l'entendais sans vraiment l'écouter, mes pensées m'avaient déjà dominé. Les paroles d'Abdou Aziz me revenaient en mémoire. Hier après avoir parlé avec mon père je me suis refugié dans ma chambre comme d'habitude pour ne pas changer, la solitude est devenue ma seule alliée depuis l'histoire avec Latifa. Elle est la seule qui me permet de penser à Latifa sans me dire que j'ai eu tort de l'épouser comme le dit si bien ma mère depuis que je suis rentré des Etats unis. Hier, couché sur le lit prêt à entrer dans une profonde léthargie, mon téléphone me déconcentra ce qui me fit grimacer. Mais quand je vis le nom d'Abdou Aziz affiché à l'écran de mon téléphone, la grimace se transforme en un sourire joyeux.

-Salut mon frère j'espère que je t'ai réveillé hahaha commença-t-il

-Tu es toujours aussi fou toi, pourquoi tu es resté tout ce temps sans m'appeler lui demandais-je

-J'étais occupé...le travail...et tout. Et toi tu deviens quoi? Je te vois toujours à la télé, d'ailleurs j'ai appris que tu avais eu un accident. Ça va maintenant ?

-Tu es occupé par les femmes ouais! Oui ça va, ce n'était rien de grave. Mais comme toujours Latifa me bouffe la vie. Depuis qu'elle est partie, elle ne m'a même pas appelé et son numéro est injoignable. Ça me met hors de moi.

ScabreuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant