Chapitre 1

8 1 0
                                    



« On commence par se tromper soi-même, puis on trompe les autres. »

Oscar Wilde


France, 2036

Prison n°6 du projet Solitudinem


Elle est traînée, inconsciente, le corps couvert d'ecchymoses, jusqu'à la cellule n°364. Ses paupières closes et boursouflées lui assurent le confort de croire encore des choses. De croire que tout va bien. Les gardiens, habillés de noir, la jettent sans ménagement contre le matelas qui tapissent le pauvre logement des prisonniers. Elle pousse un gémissement presque inaudible. Ils referment la porte grisante et lourde avant de repartir. Leurs rires graveleux et leurs regards éteints parcourent le couloir sombre et sale.

La jeune femme se réveille après quelques heures. Elle ne peut cependant pas bouger un doigt pendant quelques minutes, le temps d'assimiler où elle se trouve. Un matelas à l'hygiène douteuse, des toilettes nauséabondes, des traits- peu nombreux- marqués à la craie sur les murs mais surtout des barreaux à la petite fenêtre qui se trouve au-dessus d'elle. Par les divers documentaires qu'elle a pu apercevoir, elle comprend. Elle est en prison. Mais pas n'importe laquelle. Celle de Solitudinem. Elle sanglote, essayant de comprendre comment elle a pu se retrouver ici. Les criminels de type 3 sont jetés ici avant la condamnation à mort.

Elle se ressaisit et essaye de se lever. Les coups qui lui ont été portés précédemment la tourmente un moment, elle n'arrive qu'à s'asseoir contre le mur. Une odeur âcre s'en dégage, elle ose regarder mais la luminosité blafarde de la lune ne lui permet de voir que le strict minimum. Des murs sombres, un sol sombre. Seuls, le matelas et les toilettes sont reflétés dans cette obscurité.

Alors que la jeune femme essaye de se remémorer les événements de ces dernières 24 heures, un coup de bâton se répercute sur la porte. Elle sursaute, manquant de tomber, et jette un regard hésitant vers la porte. Une voix rauque s'échappe de l'autre côté pour parvenir jusqu'à elle :

- Dîner !

Puis, une trappe s'ouvre instantanément au sol, un plateau est envoyé et percute la paillasse. L'appétit de la prisonnière se réveille soudainement et son hôte ne tarde pas à se jeter sur la piètre nourriture : bouillon, pain sec et eau. Elle termine son repas en trois minutes, ne laissant pas de répit à sa bouche sauf pour respirer. C'est la première fois depuis longtemps qu'elle n'avait pas autant manger.

Elle ne comptait plus depuis que sa mère l'avait banni de chez elle. Alors, elle a dû faire face à la dure loi de la rue. Survivre, coûte que coûte.

Elle prend conscience des différents bleus qui tapissent sa peau pâle, elle décide donc de s'examiner et pousse des gémissements quand elle se contorsionne. Une dizaine de bleus la parsème au total. Elle s'allonge, épuisée. Elle s'endort, des cauchemars l'assaillent : une fillette la supplie du regard. « Par pitié » sanglote-t-elle.




Elle se réveille, en sueur. Sa main passe dans ses cheveux bruns. Elle s'arrête net. Depuis quand sont-ils aussi courts ? Le bruit sonore d'hier retentit.

- Plateau !

Elle reste paralysée quelques instants avant de comprendre qu'on s'adresse à elle. Elle rampe alors vers la porte et glisse le plateau vers la trappe. Il disparaît avant d'être aussitôt remplacé... par le vide. Elle s'attend à voir le plateau remplis du même repas qu'hier mais rien n'arrive. La trappe se referme mais elle continue d'entendre cette même voix crier « plateau ».

Alors qu'elle se tord, essayant d'étouffer les bruits de son estomac qui crie famine, la porte s'ouvre en fracas et la bouscule au passage. Un craquement désagréable la maintient à terre mais elle est relevée sans ménagement par une grosse main poilue et puissante.

- T'pas appris qu'fallait pas rester derrière c'te foutue porte ? Hein ?

- Pardon... pardon... pardon...

Elle se tient le nez, espérant que rien n'était cassé. Elle est violemment mise sur pied et fait  face à un homme trapu; tout de noir vêtu. Ses yeux sombres la surveillent alors qu'il cherche d'une main une paire de menottes.

- Bon maintenant, t'vas me suivre bien gentiment. C'est l'heure d'la bouffe.

Elle acquiesce en silence, le geôlier lui prend ses bras délicats pour les emprisonner dans les bracelets peu esthétiques et peu confortables. Il maintient la prise et l'amène en dehors de sa cellule. Elle jette un dernier coup d'œil à sa pauvre chambre avant d'être éblouis par les néons du couloir. Pourtant, le bougre ne veut pas perdre de temps et la bouscule devant lui. Elle marche sans savoir où poser ses pieds, peu habituée à cette lumière blanche. Il la guide, lui tapant les chevilles de temps à autres quand elle prenait la mauvaise direction.

Finalement, elle ouvre pleinement les paupières. Elle préfère regarder devant elle, ignorant la crasse qui tapissent le sol et qui remonte progressivement sur le mur. Pas de fenêtre, que des portes de cellule. Elle se demande si elles sont comme la sienne. Mais, elle ne veut pas envisager que tous soient habités. 


________________________________________________

Bienvenue à Solitudinem pour cette nouvelle aventure ! 

Cet écrit a été utilisé dans le cadre d'un devoir maison et j'espère qu'il vous plaira ! Je vais le segmenter de façon plus courte pour toujours plus de suspense ! (Oui je deviens sadique avec vous maintenant !). 

Comme d'habitude, n'hésitez pas à me donner vos avis, même si ça vient d'un(e) grammar nazi ! ;)

Des bisous !

Scarlet

Coupable [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant