Coupable [FINI]

Chapitre 4

Le lendemain, elle se dirige tout droit vers Vincent. Les harpies la suivent du regard, dépitée qu'elle ne les ait pas écoutées. Le jeune homme lève les yeux de son plateau vers la femme devant lui. Ses yeux marron crépitent d'impatience, elle semble décidée. Il sourit, content de lui.

Il se lève et la dirige dans un coin, à l'abri des oreilles indiscrètes. Il ne prend pas de gant :

- Alors ?

Elle l'observe, se mord la lèvre inférieure déjà bien rongée, puis elle décide de lui avouer :

- Ambre Lavière. C'est mon identité. J'en suis sûre.

- Bien. Je vais faire des recherches.

- Mais... qui es –tu ?

Son regard inquisiteur le scrute. Les femmes !

- Un prisonnier qui a de bonnes relations.

- Je...

- Ne poses pas de question.

Il repart en direction opposé pour finir son repas. Elle décide d'en prendre un, pour avoir suffisamment de force pour la journée qui suit. Pourtant, elle mange sans grand appétit. Elle a découvert qui elle est, mais toujours pas pourquoi elle est ici. Elle cache le pain dans sa combinaison et replace le plateau.

Elle travaille seule cette fois-ci. Les nuages menacent de déverser leurs eaux et d'éteindre la pauvre flamme qui fait fondre le verre. Elle est partout à la fois, en train de souffler le verre, de cocher sur la liste, de s'occuper du feu... Elle est exténuée au bout de trois heures.

Vincent arrive, tel un prince charmant, pour l'aider à la tâche. A deux, le travail est plus simple, moins fatiguant et moins rebutant. Elle le fixe plusieurs fois. S'est-il renseigné ? Veut-il lui dire ? Elle prend son mal en patience et la journée passe. Elle rentre bredouille, les mains gercées et le souffle court. Elle ne prend pas la peine d'aller manger et s'endort sur son matelas.

Le lendemain, elle est plus fatiguée que la normale. Elle mange avec lenteur, son cerveau également tourne au ralenti. Vincent s'assoit à côté d'elle –il ne l'avait jamais fait- et lui chuchote :

- Innocente hein ?

Ambre prend aussi la mouche.

- Evidemment ! C'est ce que je dis depuis que je suis ici ! Je n'ai aucunement ma place !

Il la regarde, son regard émeraude suit ses gestes avant de se replacer vers son visage.

- Dit celle qui se rappelle de son identité il y a quoi... deux jours maximum ?

- Et alors ? Je ne suis pas coupable !

Il sourit.

- Bien sûr que oui. Ambre. Souviens-toi.

Elle se dresse sur ses pieds, la chaise tombe dans un fracas. Tous les prisonniers prêtent une attention particulière à la conversation des deux bruns.

- Je ne suis pas folle ! Je le saurai si j'avais commis un putain de crime !

- Tu disais la même chose quand on t'a arrêté. Tu étais hystérique. Et tu sais ce que tu as fait ? Non, évidemment. Tu l'as nié même à ton procès. Tu as tué une gamine. Tu entends Ambre, une gamine !

Elle chancelle et se tient à la table. Un procès ? Un meurtre ? Elle ne se souvient de rien. Les harpies s'offusquent entre elles et mêmes certains hommes menacent de la tuer sur le champ. Vincent, satisfait de son effet, continue sur sa lancée :