«- Tu rigoles j'espère ?
- Pas du tout. C'est le sixième que tu fais fuir en deux mois. Félicitation, c'est un véritable record.»
Le bruit sourd qui suivit la rapide tirade de la jeune femme n'aurait pu être meilleure représentation de son sarcasme. Son collègue -et accessoirement ami- s'en rendit d'ailleurs rapidement compte, effectuant une jolie grimace qui ne cessait de se développer au fur et à mesure que la rage de son interlocutrice envahissait la pièce.
«- Et bien ce n'était qu'une poule mouillée doublé d'un incompétent. Il n'était pas fait pour mon art.
- Alors fait en sorte que ton "art" soit fait pour le prochain. S'il-te-plait, grinça la brune qui sentait sa patience prendre la poudre d'escampette.»
En moins de deux mois, le monde de la mode avait connu la tempête capricieuse, et exigeante au possible, qu'était Baekhyun, ce styliste de 26 ans qui n'avait d'yeux que pour ses créations et son travail minutieux. Après s'être vicieusement échappé des griffes des leaders mondiaux du stylisme, il avait fait éruption dans l'une des plus grandes industries du textile et de la "fashion-korea : KADICT. Une entreprise en perdition qui avait vu ses chiffres grimper en flèche à la venue de ce jeune prodige. Société dans laquelle il avait désormais une place de choix, et le bureau de rêve qui allait avec.
Ses fines jambes quittèrent rapidement la table de verre qu'était son plan de travail. Elles l'emmenèrent jusqu'à la grande baie vitrée, permettant ainsi à ses yeux de se régaler de la vue qui s'offrait à lui. Cependant, son soupir satisfait ne couvrit que très peu le bruit strident de la porte, criant son mal suite au violent traitement de sa collègue.
Mais comment lui en vouloir ? Elle avait écumé les plus grands défilés de la capitale durant des semaines pour trouver un mannequin digne de sa "majesté". Elle avait travaillé d'arrache-pied, jour comme nuit, lisant encore et encore les dossiers, les CV et les lettres de recommandation de chaque candidat, pour finir par se noyer les yeux dans des books de présentation des plus attrayants.
Elle avait trié, vérifié puis trié à nouveau chaque candidature, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une seule. La bonne.
Et au final, après tant de labeur et d'acharnement, son heureux élu n'avait finalement tenu qu'une semaine entre les filets de Byun Baekhyun, le ''ravageur de mannequins''. Comment ne pas être en colère ? Cet énergumène n'était jamais content, il ne trouvait jamais chaussure à son pied. Et quand on lui présentait des Gucci, il les traitait comme de vulgaires tongs de plage.
À force, la jeune femme s'était faite l'idée que jamais le brun ne trouverait de paire à sa convenance... À son plus grand malheur.
«- Ce n'est tout de même pas de ma faute si ce "JongIn" avait une posture digne du héro de Paris créé par Victor Hugo... Marmonnait le styliste d'un air presque boudeur.»
Et au fond de lui, il savait pertinemment qu'il exagérait. Il se voilait la face à lui inventer de multiples défauts. Un œil de travers sur cette photo, un dos trop cambré sur celle-là, une tête qui n'avait pas assez de prestance pour porter de chapeaux. Des épaules trop larges pour ses chemises, des hanches trop étroites pour ce modèle-ci, mais bien trop imposantes pour l'autre également... En bref, rien n'allait.
Ce n'était tout simplement pas le bon. Celui qu'il fallait pour sa collection.
Définitivement et irrémédiablement ; ce n'était pas l'homme qui correspondait.
D'un soupire, le brun attrapa finalement sa veste à la volée, marmonnant rapidement dans le vide une de ses habituelles déclarations du style, «J'ai besoin d'un verre.».
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Avec trois épingles et du tissu (ⓒⓗⓐⓝⓑⓐⓔⓚ)
Roman d'amourTwo-Shot Le monde de la mode, ce n'est pas seulement les paillettes et les beaux costards fait de précieux tissus, et ça, Byun Baekhyun l'a parfaitement compris. Styliste de talent et créateur hors-pair, c'est avec beaucoup de travail qu'il a réussi...