Sortiarius ~ OS de Noël

Partie 1 sur 2

C'est le premier vrai Noël que je fête depuis mon changement de vie. L'an dernier à cette époque, je me remettais tout juste de ce qu'il venait d'arriver : la perte de Maman, la découverte de ma sœur jumelle, puis sa mort, la rencontre avec Papa, la bataille avec les sorciers Noirs, la disparition de Joseph ... En gros, je n'avais pas le cœur à la fête. Personne dans la famille qui me restait ne l'avait d'ailleurs. Mais, cette année, c'est différent. Cette année, j'ai un vrai père, avec qui j'ai tissé des liens, j'ai encore et toujours Mémé et j'ai Joseph à mes côtés. Les choses ont changé. Ma famille s'est agrandie et je l'aime tout autant. Malgré nos énormes différences !

Assise à l'arrière de la voiture de Papa, je joue distraitement avec mon collier, en m'assurant du coin de l'œil, que les cadeaux à côté de moi ne tombent pas de la banquette. En vue de l'allure à laquelle on roule, à cause de la neige, il ne devrait rien leur arriver, mais enfin, on sait jamais ! Mieux vaut prévenir que guérir.

— On était pas censés être là-bas pour midi ?

À l'entente des paroles de Joseph, je lève les yeux au ciel, tant dis qu'il se retourne vers Papa, qui conduit. Ils vont encore se liguer contre moi...

—Si. Et on serait à l'heure si Solea n'avait pas mis si longtemps à se préparer !

Et voilà, ça n'a pas loupé. Leur jeu favori : m'utiliser comme cible commune. Vivre avec deux hommes, ça craint.

— Les grands événements lui mettent la pression.

— C'est vrai qu'on a été à beaucoup de grands événements ensemble ... Dis pas n'importe quoi Joseph !

Avec un sourire mesquin, il se retourne sur son siège et me regarde par-dessus son épaule. Il va dire une connerie, je le sens, alors je le foudroie du regard.

— Il y a eu le bal.

— Ce même bal où tu m'as lâchement abandonné ?

— Le bal où tu as mis une heure à t'habiller, alors que tu devais y aller habiller normalement.

Je secoue la tête de dépit, les lèvres pincés, et croise les bras sur ma poitrine, en portant mon attention sur les arbres recouverts de neige.

— Bal qui m'a aussi permis de te voir à moitié nue pour la première fois.

Vivement, je me retourne vers lui, les yeux écarquillés, alors que son sourire a été remplacé par une moue fière. Je lui ai déjà dit d'arrêter de faire des allusions sexuelles devant Papa. C'est typiquement le genre de trucs qui nous met tous mal à l'aise. Quel idiot !

— Eh, je vous ai déjà dit que vos histoires personnelles restaient personnelles. Je ne veux rien savoir ! Ça a déjà été assez dur de me faire au fait que je vive sous le même toit que ma fille et son petit ami, je n'ai pas besoin de connaître votre vie intime.

— Concrètement, ce n'est pas notre vie intime, puisqu'on n'était pas encore ensemble à l'époque.

Un sourcil haussé, Papa se retourne vers Joseph et ils se fixent pendant quelques secondes, l'un sérieux, l'autre l'air légèrement amusé. Ça aussi c'est une habitude chez eux ...

— Tu vois très bien ce que je veux dire Joseph.

Ce dernier ouvre la bouche pour répondre, avec sarcasme sûrement, mais je le coupe.

— Vous pourriez pas faire un cessé le feu, juste pour aujourd'hui ?

— Noël est un jour comme les autres Solea.

Avec toujours le même air sur le visage, Joseph se tourne à nouveau vers moi.

— Non, Noël est un jour familial, où on est supposé partager un bon moment, pas se chamailler toute la journée.