Deux (femmes)

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Trois jours plus tôt

- Tu veux te servir de moi pour une enquête ? reprit-elle, subjuguée. Mais c'est dangereux ?

- Ne me fais pas croire que jouer les cow-girls dans un western ne t'aurait pas fait rêver ! ironisa le commandant.

- Oui, enfin si un vrai flingue est pointé sur moi, comment te dire que je n'aurai pas très envie de rire ! dit-elle sérieusement.

- Allez, Flora. Tu peux bien faire ça pour moi ?

Voyant qu'il s'approchait, elle eut un sourire charmeur.

- Et j'y gagne quoi, moi ?

- Tout mon respect.

- Parce que je ne l'ai pas, ton respect ?

- Un respect éternel, et une aide avec Juliette. Ce n'est pas à négliger.

- Tu me fais de la peine, alors j'accepte. Tu m'expliqueras ce que j'aurai à faire ?

- Ouais. Mais faudra pas me poser des questions ni chercher à comprendre, parce que c'est...

- Secret professionnel, interdiction de parler, l'enquête suit son cours ; ma mémoire n'est pas assez endommagée pour oublier les principes de la police que tu as inculqué à notre fille ! Ça fait pas très longtemps qu'on a divorcé, Fred.

- Hm, grogna-t-il en s'éloignant.

Le lendemain, au Palais

- J'ai un plan pour coincer les frères Guron. Vous me faites confiance ? demanda le commandant en l'assistant.

- Je ne sais pas, sourit-elle. Mais dites-moi, nous avions déjà prévu un plan, non ?

- Euh... oui, mais je l'ai revisité.

- Et ? Quel est mon rôle ?

- Vous écouterez dans le camion, avec d'autres flics. Vous serez pas sur le terrain, quoi. Ça vous va ? fut-il heureux de lui proposer.

- Je ne sais pas encore. Je vous suis, mais ne faites pas d'écart. Je ne peux pas me permettre de vous perdre, annonça Alice en disparaissant dans son bureau.

Le soir même

L'opération avait marché ; jouer les couples avec un homme qu'elle aimait et qu'elle n'avait quitté que parce qu'il n'était pas prêt lui avait beaucoup plu. Flora avait pris un plaisir insoupçonné à s'exposer au bras d'un preux commandant qui la protégeait et qui lui demandait de jouer les amoureuses pour une enquête. Elle voyait là une demande de reprendre leur vie de couple, elle voyait cette invitation comme un désir de poursuivre avec elle, amoureusement.

Flora fut félicitée par plusieurs hommes affublés d'un gilet pare-balles, et Alice passa lui serrer la main et la remercier pour sa participation importante. Hélas, son sourire faux lui valut une nausée à laquelle elle mit fin en rejoignant la camionnette. Elle resta dehors, tout près de l'endroit où elle avait pu écouter l'échange des meurtriers, et les images de Flora embrassant passionnément son Marquand lui revinrent en tête. Une larme versée, une autre écoulée, et la peine continua.

Fred ne la vit pas, ce soir-là. Elle était rentrée par ses moyens sans annoncer comme généralement aux meurtriers l'étendue des possibilités judiciaires auxquelles ils étaient exposés le temps du jugement. Il tenta de l'appeler, mais elle n'en fit pas cas. Il voulut savoir ce qu'elle pensait de ces propres moyens, mais elle devait déjà dormir, il la pensa fatiguée, loin de deviner qu'elle pouvait lui en vouloir et avoir mille regrets de lui avoir fait confiance.

MiséricordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant