Chapitre 1 : le beau gosse

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Une plainte agacée s'échappe de ma gorge tandis que je tente de dompter ma coiffure sauvage. Cette frange est vraiment moche, cela-dit, je n'oserais pas sortir de ma chambre le front dévoilé, au risque d'effrayer à mort les habitants de la ville. Je suis obligée de garder ma coupe de coquer. Je décide de nouer mes cheveux raides en une queue de cheval sobre et serrée. Je me fixe un bref moment dans le miroir, parfois je me fais flipper avec mes gros yeux bleus globuleux et mon style de mendiante. Alors que mon reflet me paraît insipide, je comprends alors que je ne trouverai jamais un prince digne de mes Disney préférés.

Je m'appelle Anastasia Steele, j'ai 21 ans et je termine ma dernière année de littérature à Vancouver. Je suis fagotée comme l'as de pique et mon étincelle de vie se résume au Titanic coulant au fond du gouffre. La parfaite héroïne, prête à connaître un grand développement de personnage.

Soudainement et sans raison apparente... je me mords la lèvre inférieure comme une bonne salope. C'est un tic de ma personne ô combien gênante, j'ai essayé d'éradiquer certaines de mes habitudes étranges mais en vain. J'ai tendance à mettre les gens mal à l'aise sans le vouloir mais c'est ainsi que j'ai été faite.

J'avoue être un peu naïve et innocente, je suis une fan inconditionnelle de Disney et de la collection Cœur Grenadine. Tout comme ma mère, je suis une grande romantique. Ce n'est rien de le dire, ma mère est une veuve noire, elle en est à son huitième mariage.

- Ana, tu prendras ma caisse, lance faiblement Katherine Kavanagh depuis le salon.

Ma colocataire Katherine, dite Kate, est un spécimen d'une rare existence. Comme tout droit sortie d'une sitcom immature, elle est la définition même de ce que l'on pourrait appeler une gogole, tout simplement. Grossière et bruyante, c'est sans gêne mais malade qu'elle m'a supplié de la remplacer pour une interview, destinée à la première page du prochain journal des étudiants.

Exubérante comme souvent, elle s'est foutue à genoux devant moi, chialant toute son eau pour que je me rende à Seattle à sa place, dans le but d'interroger l'homme le plus influent de la ville. Tss, cette porteuse de MST ambulants m'avait, je dois l'avouer, fait un peu de peine. Un peu, hein.

Elle me le revaudra cette pauvre fille, j'y compte bien !

Bon, j'ai conscience d'être un peu mauvaise langue à son propos mais cette bimbo fait vraiment honneur à la stupidité attribuée à la femme blonde. Ce n'est pas vraiment une personne avec qui j'ai des atomes crochus : nous nous sommes rencontrées à la réunion de pré-rentrée il y a trois ans, dés le début, elle s'est prise pour ma pote sans prendre mon avis en compte et comme j'avais besoin d'un toit pour les études... elle est vite devenue ma meilleure amie...

Je la trouve sur le canapé, pathétique, en train de claquer des dents. J'aurais presque envie de rire mais je sais qu'elle n'est pas vaincue pour autant. Et puis, c'est de bonne guerre, je sais qu'elle n'en pense pas moins de moi. Elle m'a souvent partagé son point de vue me concernant, sans aucun tact bien sûr : selon elle je suis une grosse coincée du cul qui a besoin d'un petit coup rein dans le derrière. Ça c'est sûr que ce n'est pas son cas, son cul n'est aucunement coincé, bien au contraire toutes les parties de son anatomie ont été fourrées comme il faut. Comme une dinde. Voilà c'est ça, cette fille est une vraie dinde. Vivante, dommage.

- Tu m'as entendue ? Tu prendras ma voiture, dit-elle d'une voix basse.

- Oui j'ai bien compris.

Fort heureusement que je vais prendre sa voiture ! Et puis quoi encore ? Je ne vais quand même pas gaspiller MON essence pour LUI rendre ce service.

- Tant mieux, je ne voudrais pas qu'on t'associe à moi si tu arrivais dans ta caisse dégueulasse !

- Wanda n'est pas dégueulasse, je rétorque vexée. Elle est juste un peu défraîchie.

50 Nuances de Grey PARODIE (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant