Forever and Ever

Cohésion de groupe

Il souffla, le dos appuyé contre le mur. Finalement, il se laissa choir au sol, ses jambes flageolantes gagnant la bataille. Il en avait enchainé des matchs pourtant. Après celui de Nekoma, ils avaient eu l'occasion de rejouer avec Aobajosai, mais aussi avec d'autres équipes d'une influence moindre. Il y avait eu des défaites, mais aussi des victoires. Chaque issus leur avait permis de continuer à améliorer leur jeu, et à solidifier la relation entre joueurs. A présent, le couple Hinata Kageyama marchait bien mieux. Hinata était capable de s'envoler, poussé par le passeur, qui gardait peut-être son mauvais caractère, mais qui était bien plus vivable. Il avait même, très récemment, admis qu'Hinata était un bon joueur. Ce qui avait rendu celui-ci fou de joie, à la limite de l'ivresse, tant la considération de son partenaire était devenue importante à ses yeux. Il avait enfin l'impression d'être un de ces joueurs sur lesquels on peut compter pour remporter une victoire. Mais à l'heure actuel, il ne se sentait capable de rien. Après les matchs amicaux, les premières éliminations avaient commencé. Le jeu du hasard avait fait que Aobajosai se trouvait dans leur poule, et qu'ils devaient donc les éliminer pour passer le premier tour. Avec autant de pression, un simple match contre l'équipe de Tokonami, le premier qu'ils disputeraient de ces éliminations, avait un tout autre enjeux. Pouvait-il penser avoir une chance contre Aobajosai s'ils n'étaient pas capables d'éliminer un lycée comme Tokonami ?

« Hinata ? Qu'est-ce que tu fais là ? »

Le concerné leva le nez, se retrouvant alors face à Kageyama. Lui qui voulait s'isoler, c'est peine perdu. Encore plus quand il tombait sur lui.

« T'es encore malade ou quoi ? »

L'estomac noué, le silence du jeune rouquin fut pris comme une réponse positive. Le reste de l'équipe avait connaissance des angoisses permanentes d'Hinata. Il était une boule de nerf. Il suffisait de voir les matchs où il se défoulait comme un beau diable. Toute cette énergie se transformait en terribles crampes d'estomacs quelques minutes avant le début du premier set. Cette fois-ci encore, cela semblait être sévère, au vue de la tête décomposée du jeune homme, qui se contentait de pincer les lèvres en soutenant le temps d'un instant le regard de son partenaire. Il était blanc comme un linge, et Kageyama en fut à la fois inquiet et irrité. Il avait toujours envie de le secouer jusqu'à qu'il se reprenne. Tout comme il aurait aimé l'aider pour qu'il prenne un peu plus confiance en lui. Au lieu de ça, il se pencha à son niveau pour poser deux mains déterminées sur chacune des épaules d'Hinata.

« Ca va l'faire. On va y arriver, on s'y est préparé. C'est que le début, et je te rappelle qu'on veut aller au sommet. »

Il n'avait jamais été doué pour les réconforts. La seule chose qu'il savait parfaitement faire, c'est jouer au volley, notamment en solo, et s'engueuler avec tout le monde. Mais le visage pâle de son partenaire de jeu ne lui donnait nullement envie de hausser la voix. Sinon celui-ci serait incapable d'attraper une de ses balles lorsque le match aura commencé. Voyant qu'il n'obtenait toujours aucune réponse, il se pencha vers lui, assis à présent en face de lui, pour le prendre contre lui. Profitant de cet endroit isolé, lui qui avait déjà dû tourner en rond pour le trouver. Personne ne viendrait briser cet instant durant lequel, par automatisme, sans le réaliser, Kageyama avait enlacé Hinata pour le presser contre lui. Il pouvait sentir les battements de cœur affolés du jeune homme, alors que les siens se calèrent soudainement à ce rythme frénétique quand il réalisa ce qu'il venait de faire. Immobile, le souffle coupé, attendant surement de disparaître, ou que Hinata prenne l'initiative, il n'osait bouger. Il n'avait aucune foutue idée de pourquoi il avait ressenti l'envie de faire ça. Voir même le besoin. Il sentait le corps bien trop chaud du jeune roux contre lui. Il sentait son odeur, étrangement enivrante. Ou peut-être était-ce la sienne ? Il n'arrivait plus vraiment à saisir ce qui se produisait... Il se redressa soudainement, les poings serrés.