VI

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Mes yeux balayent la salle de classe du regard, à la recherche d'une place libre, alors qu'Olivia et Josh se mettent côté à côté.
Je leur jette un coup d'œil, avant de m'avancer dans la ranger pour atteindre la table du fond, où Zed est déjà posé.

« Je ne pensais pas que Madame allait s'asseoir à côté de moi. »

Je lève les yeux au ciel et esquisse un sourire, avant de sortir mes affaires, sous le regard froid de Josh.

« Il a un problème ton pote ? »

Je hausse les épaules. Depuis notre discussion chez moi, nous n'avons pas parlé et je n'en vois pas vraiment l'utilité. Il n'a pas cherché à savoir ce qui c'était passé, ni même à entendre mes explications, il s'est juste focalisé sur le fait que je parlais à Zed, ce qui est totalement débile.

« Freed n'a aucune nouvelle. »

Je pousse un soupir et passe mes mains dans mes cheveux. Une semaine que l'on tourne en rond, et rien n'aboutit. Freed ne trouve aucune piste convenable, et quand à Zed et moi, nous sommes toujours au point de départ. C'est une perte de temps.

« Il faudrait peut-être réfléchir au-delà de ce qu'on voit. »

Je fronce les sourcils et tourne les yeux vers lui. Son sourire mesquin ne quitte pas ses lèvres, et je rougis face à la proximité de nos visages. C'est assez gênant de le savoir aussi proche de moi, surtout quand il me regarde avec son air joyeux et moqueur.

« Tu veux dire quoi ? »

Il s'éloigne de moi et un frisson s'empare de mon être. Je n'arriverai jamais à comprendre ce qui m'arrive lorsque je suis avec lui.

« Il faudrait peut-être que tu me dises ce qui c'est vraiment passé. »

J'avale difficilement ma salive et ma gorge se noue. C'est hors de question.

« Je croyais que tu le savais. »

Il passe ses mains derrière sa tête, et pose son dos contre le dossier de la chaise, un sourire aux lèvres. Je déteste lorsqu'il est comme ça. Lorsqu'il devient mystérieux et arrogant. C'est tout ce que je n'aime pas chez un homme, et encore moins chez lui.

« Je connais juste certaines choses sur toi, Charlie. »

Le fait qu'il sache mon prénom me pose problème, et je ne sais toujours pas comment il a pu le savoir. Personne ici n'est supposée le savoir, mise à part mes parents.

Une partie de moi me chuchote de lui faire confiance, et qu'il pourrait peut-être m'aider à trouver les réponses que je cherche depuis quelques temps, et pourtant l'autre partie ne cesse de me crier qu'il est peut-être impliqué dans l'histoire, plus que je ne peux le penser.


« Un colis t'attend dans ta chambre ! » me crie ma mère alors que je monte les escaliers.

En pénétrant dans la pièce en question, je découvre un carton déposé sur le matelas, portant mon prénom. Je laisse tomber mon sac sur le sol, près de mon bureau et m'empresse de me jeter sur le colis pour l'ouvrir.

Mes sourcils se foncent et une  certaine angoisse s'installe peu à peu en moi. Une clé USB se tient dedans, sans aucun mot. Juste la clé USB.

Après de longues hésitations, je m'autorise enfin à la prendre et je ne perds pas de temps pour prendre place sur la chaise de mon bureau, et ouvre en vitesse mon ordinateur avant de brancher la clé en question. La pression monte dans mon corps, ma chambre semble trop chaude pour moi et pourtant des frissons glissent sur ma peau.

Ouvrir.

Mon cœur bat la chamade lorsque je découvre une dizaine de vidéo dans le fichier. J'hésite longuement avant d'appuyer sur la première.

Ma vue se fige sur les images qui défilent sur l'écran de mon ordinateur. Mes membres tout entier vibre, en cadence avec les secondes qui s'estompent. La vidéo est sombre, mais la silhouette qui se dégage de la fenêtre se dessine parfaitement, et je ne tarde pas à comprendre que c'est moi. Un rire retentit au fond. Le même rire sadique, froid et fou.

Je pensais que ce n'était qu'un cauchemar, que son retour dans ma vie n'était qu'un stupide rêve et que j'allais me réveiller de cet enfer, mais en réalité je le suis déjà. J'ai déjà les pieds en enfer, et le seul moyen d'en sortir est que tout s'arrête.

Je m'assure que la porte de ma chambre est fermée, et je me concentre sur la suite des vidéos, qui comportent des séquences de ma vie, depuis que j'ai emménagé à Riverdale. Il était donc ici depuis le début. Il m'a suivi depuis que je suis partie de New York, et c'est seulement maintenant qu'il se montre.

Ma souris se pose sur la dernière vidéo. La boule dans mon ventre ne cesse de s'agrandir et je n'arrive pas à contrôler mon stress.
Je finis par prendre sur moi et clique sur le dernier fichier. Mon cœur s'arrête de battre lorsque le visage de Sarah apparaît sur l'écran. Une masse noire se tient derrière elle, pointant son couteau sous la gorge.

« Taylor. »

Sa voix se brise dans l'écho de la pièce où elle se trouve. Ses yeux sont fatigués et des larmes glissent sur sa joue, alors que la personne derrière elle presse la lame sur sa peau.

« Tu dois-»

Elle prend un instant de pause, et inspire avant de reprendre ses esprits.

« Fuis de la ville ! N'ai pas confiance e- »

Un bruit sourd se fait entendre et l'écran devient noir.

Je reste quelques minutes devant mon ordinateur, le regard dans le vide. Je n'arrive pas à assimiler ce qui vient d'arriver. Elle était devant moi, elle était aussi fatiguée que je l'étais à l'époque et son visage, de ce que je me souviens, était parsemée d'égratignures et de plaies.

Je ferme violemment l'écran de mon ordinateur et pousse un grognement.

Le vibreur de mon téléphone me sort de mes pensées, et je ne perds pas de temps pour le sortir et découvrir un numéro inconnu. Je fronce les sourcils, puis je m'autorise à décrocher.

« Taylor. »

La voix stridente et apeurée de Sarah retentit dans le combiné. Je me lève brusquement et resserre l'emprise sur mon portable.

« Sarah où es-tu ?

- Je n'ai pas beaucoup de temps avant qu'il me retrouve. Tu dois partir, tu dois t'en aller avant qu'il ne mette la main sur toi. »

J'écoute attentivement ses paroles, mais ma principale préoccupation est elle.

« À qui je ne dois pas faire confiance ?

- Lui. »

Un cri d'horreur fait écho dans mes tympans, et la discussion se coupe. Je reste debout comme un pic en plein milieu de ma chambre, le téléphone toujours posé contre mon oreille.

Lui.

SAVE ME [ EN RÉÉCRITURE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant