We only live twice

Chapitre 2

Je crois que ce qui est vraiment le pire dans cet internat, ce sont les trois étages que j'ai à gravir avec ma valise. Bien sûr, ce sont les filles au premier. Et nous, pauvres victimes que nous sommes, au troisième.
De toute façon, un étage de fille pour deux  étages de garçon. C'est dommage, mais c'est comme ça. Après le troisième grande guerre, les couples préfèrent enfanter de garçons, " au cas où" comme ils disent. Moi je trouve ça stupide, car une fille est tout à fait à même de se battre.  Exemple type de cette thèse? Mia. Cette fille est juste un garçon emprisonné dans un corps féminin.  Mais pourtant tellement adorable.
Et d'ailleurs...
- Nico! Tu es la! 
Une véritable bombe humaine se jette sur moi, et manque de me déséquilibrer. Elle a sincèrement de la chance que je sois un minimum fort, sinon ça ferait belle lurette qu'elle nous aurait fait tomber tous les deux à chacune de nos retrouvailles.
Elle enfouit son visage dans mon cou et ses longues mèches brunes et rebelles me chatouillent le visage.
- Moi aussi je suis content de te voir, je rigole en la serrant contre moi. Mais dis-moi tu comptées me lâcher ou...?
Ses bras me relâchent, et elle retrouve pied à terre. Le haut de son front m'arrive au menton. Qu'elle naine.
- Heureusement que tu es la! Raff n'arrête pas de se plaindre de ton absence. Mais moi je crois surtout que c'est parce qu'il n'arrive pas à mettre sa housse de couette tout seul!
Elle a raison. Raphaël, c'est typiquement ce genre de personne qui en âge réel faut dix-sept ans, mais qui en âge mental fait à peine  cinq ans.  Pour simple exemple, il ne va jamais nulle part sans sa console portable.
- Tu as passé une bonne permission?
- Absolument! Mes parents ont décidés sur un coup de tête de nous emmener à la mer. Je n'y étais jamais allé. C'est magnifique.
Mia à ce sourire qui la caractérise tant, et elle m'entraîne dans son enthousiasme.
- Tu devrais monter, Raff t'attends  vraiment, et quant à moi, si je n'y retourne pas, Juliette va me tuer.
Je hoche la tête et lui demande de passer le bonjour à sa petite-amie avant de reprendre mon ascension jusqu'au troisième.  Les marches me paraissent de plus en plus hautes, les paliers de plus en plus espacés les uns des autres.
Lorsque enfin je pose mes bagages sur le palier crasseux du troisième  étage, notre surveillant m'apostrophe depuis sa chambre, et je m'y rend en traînant des pieds.
Ça va encore être ma fête.
- Nicolas, Nicolas, Nicolas...je pensais pourtant avoir été clair la dernière fois? Les arrives se font maximum à vingt deux heure. Et la, qu'elle heure est-il dis-moi?
Antoine, notre AED, est assit en tailleur sur son lit, son ordinateur portable ouvert devant lui, et une feuille d'appel sagement posée à ses côtés. Je ne l'aime pas Antoine, ce n'est pas nouveau. Et d'ailleurs je crois bien que c'est réciproque.
Depuis mon arrivée il y a de cela deux ans, j'en prend pour mon grade. C'est le moins qu'on puisse dire.  Et je ne parle pas de Raff, qui est presque pire que moi dans son classement d'appréciation. Il passe une main dans ses cheveux blonds et darde sur moi ses petits yeux de rat.
- Vingt-deux heure sept, je dis en regardant ma montre.
- Très bien. Tu commence bien le trimestre. Collé mercredi, une heure.
Sans rien ajouter, je quitte son "espace vital " et retrouve ma chambre, au fond du couloir, prêt des douches et des toilettes.
À chaque étage, il y a deux chambre de deux à trois personnes.  La mienne est une chambre double, que je partage avec Raphael.  Même si bien souvent on migre dans d'autre chambres, ou au contraire, accueillons d'autres garçons de notre étage.
En poussant la porte, je l'attends à trouver Raff en pleine expertise de la saleté - il est maniaque comme pas deux - mais non. 
Sa valise est sur son lit, ouverte pays vide, son placard est fermé, sa veste sur le porte-manteau, son bureau rangé.  Cependant, je remarque que sa trousse de toilette n'est pas à sa place, sur le troisième étage de son étagère.  Il doit être à la douche.
Je commence donc à défaire mes affaires en attendant patiemment que Raff revienne.  Et sincèrement, je n'ai pas à attendre très longtemps. À peine cinq minutes plus tard, la porte s,ouvre à la volée, et Raphael, nu sous sa serviette de bain rouge, entre en grande pompe dans notre chambre.
- Nicooooo! hurle t-il en se jetant sur moi.
Je le rattrape du mieux que je peux et grimace alors que son corps  trempé se colle au mien.
- Raff, tu es trempé, tu aurais au moins pu te sécher.  Dégage de la!
Je le repousse et il tombe sur les fesses, hilare.  C'est bien du Raphael tout craché. Un large sourire barre son visage rond et ses yeux, réduits à deux petites fentes sont presque aussi amusés que la personne en elle-même.
- Le prend pas mal, mais j'étais sec jusqu'à ce que tu n'arrives alors bon...
- Je te fais tant d'effet que ça?
Il se relève et je lui donne un coup de pied dans les fesses. Déséquilibré, il titube jusqu'à son lit et y tombe telle une loque .
- Alors, ta perm' ? me demande t-il.
- Tranquille, avec Chloé on a continué les travaux dans la maison , et toi?
Il perd son sourire et baisse les yeux.
- Mon père m'a pris la tête. Il veut absolument que je rejoigne son lycée militaire. J'en ai aucune envie tu vois...
Je hoche la tête et m'approche pour poser ma main sur son épaule.
Le père de Raphael est général dans l'armée. De ce fait, il tient absolument à ce que son fils le suive dans son parcours. Sauf que Raff, il n'est pas taillé pour ça.  Son rêve c'est d'être dessinateur de comics book.  Pas officier ou je ne sais quoi d'autre. Mais ça, son père ne veut pas l'entendre. Il dit que ce n'est pas un métier, et que de toute manière, il n'est pas assez doué pour percer. Je trouve ce discours déplorable, surtout venant d'un père pour son fils. Avoir des ambitions pour son enfant est une chose, mais ne pas cesser de lui répéter que ses rêves sont stupides est juste méchant et immoral.
Raphael fera ce qu'il veut. Je ferai ce que je veux. Et pourquoi? Parce que c'est ainsi qu'est le monde pour lequel se sont battus nos parents. Un monde ouvert, et plein d'opportunités.