Les deux bus étaient côtes à côtes. Je pouvais voir tout ce qu'il se passait de l'autre coté de ces vitres. Deux bus, séparés seulement par cet espace. Une trentaine de gens, séparés par deux vitres. Tant d'existences arrêtées à ce même endroit. Toutes semblables et à la fois toutes différentes. Je tourne la tête, observe la petite fille qui joue sur le portable de sa mère. Encore si jeune. J'observe la vieille dame, affalée dans un coin. Déjà si âgée.
Ils ne me voient pas. Ils sont trop loin. Séparés seulement par ce verre et pourtant à des kilomètres.
Le feu passe au vert. Les moteurs chauffent, les bus s'ébranlent. Je jette un dernier coup d'oeil à cet univers parallèle. Si près et pourtant si loin. Mon regard se pose sur un garçon, il me fixe. Si près, et pourtant si loin.
Mon bus avance. Il me suit des yeux. Je le fixe aussi. Deux existences. Si près et pourtant déjà si éloignées. Je ne le reverrais jamais, il ne me reverra jamais.
Mon bus tourne, et déjà la lumière du sien se confond parmi l'éclairage de la ville.
Je tourne la tête. C'est fini.