Chapitre 1

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Ce lundi 21 novembre 2016, l'aéroport de Tokyo était bondé. Des voyageurs, des hommes d'affaire, des hôtesses d'accueil couraient de tous les côtés, et on distinguait à peine les guichets d'enregistrement qui étaient dissimulés par des files d'attente monstrueuses.

Dans l'une de ces files se trouvaient François et Clara. François avait vingt-deux ans, il était grand et bien sculpté, il portait un tee-shirt gris sur lequel était écrit «I love NY», un jean noir et des baskets blanches. Il était brun et avait les yeux marrons, et une splendide barbe de trois jours recouvrait le bas de ses joues. Clara était beaucoup plus petite que François. Elle avait vingt ans et portait un tee-shirt blanc couvert par un gilet vert pomme et un foulard fushia, une jupe bleue ciel et un collant noir, et des chaussures à talon. Elle avait de longs cheveux blonds et de magnifiques yeux bleus illuminaient son visage.

Clara et François habitaient tous les deux à Los Angeles et étaient venus à Tokyo pour un voyage d'étude. Ils devaient repartir ce matin-là.

Après vingt minutes d'attente devant le guichet, Clara et François purent enfin enregistrer leurs bagages. L'hôtesse leur indiqua le numéro de leur vol et ils se rendirent dans le bus qui allait les y mener. Lorsqu'il arrivèrent dans leur avion, les hôtesses les accueillirent en leur donnant leur numéro de siège, puis quand tout le monde fut assis, elles donnèrent les consignes habituelles et l'avion décolla enfin.

Au bout de dix minutes, une voix dans les hauts-parleurs de l'avion dit: « Bienvenue sur le vol numéro 376 en direction de Los Angeles. Nous allons survoler l'océan Pacifique pendant cinq heures. La météo est favorable, aucune turbulence détectée. Il est huit heures douze. Bon vol! »

Quand l'annonce fut terminée, certains voyageurs se levèrent pour aller aux toilettes, d'autres prirent leurs aises et commencèrent à regarder un film. Clara et François se dirent que le temps passe plus vite quand on dort, et ils s'endormirent au bout de dix minutes.

Deux heures et demi plus tard, Clara et François se réveillèrent. Il régnait alors une étrange atmosphère dans l'avion; tout le monde était assis sur son siège et semblait nerveux. Ils entendirent alors un nouveau message: « Échec de la troisième tentative de correction de trajectoire. Nous dérivons de plus en plus vers le sud. Nous demandons à nos passagers de garder leur calme le temps que nous trouvions une solution ».

Clara et François se regardèrent. Puis ils retrouvèrent leur calme. L'avion dérivait vers le sud, et alors? Au pire ils atterriraient à Santiago, pas de quoi s'inquiéter.

Tout à coup, les lumières de l'avion se mirent à grésiller. Les hauts-parleurs émirent un horrible larsen qui déclencha de nombreux cris et protestations. Puis les lumières s'éteignirent et le bruit s'arrêta. Mais il y avait quelque chose qui clochait dans ce silence. François vit alors une hôtesse ouvrir de grands yeux épouvantés, et il comprit; le bruit des moteurs s'était également arrêté.

Un sentiment de panique envahit alors tous les passagers. La respiration et le pouls de François s'accélérèrent brusquement et il se mit à transpirer. Il dit alors à Clara:

-On... va... tous... mourir!

Clara ne répondit pas. Elle avait les yeux mouillés de larmes et la lueur qui les animait d'ordinaire semblait s'être éteinte.

La deuxième hôtesse sortit alors du cockpit et s'adressa aux passagers:

-Gardez votre calme s'il vous plaît. Pour une raison inconnue, tout le système électronique de l'avion a sauté et les moteurs se sont éteints. Nous sommes au-dessus de la mer, nous allons donc pouvoir tenter un amerrissage. Dans tous les cas, cela signifie que nous avons 70% de chances de survivre alors attachez vos ceintures et calmez-vous.

L'avion amorça alors brusquement sa descente. A travers les hublots, on voyait les nuages qui s'éloignaient de plus en plus vite. L'hôtesse reprit alors la parole:

-Nous allons amerrir dans dix secondes. Repliez vos jambes contre vous et baissez la tête. La mer a l'air d'être plutôt... Une banquise?!

Dans un grand fracas, l'avion heurta alors la banquise en question. Le choc fut si rude que François fut sonné.

Dans un état de demi-conscience, François crut entendre plusieurs chocs sourds sous l'avion, puis il crut qu'une énorme tête bleue sortait du fuselage. Il entendit Clara crier, puis il s'évanouit.

L'île aux dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant