Lorsque François se réveilla, il sentit une douleur au dos. Il ouvrit les yeux et vit un plafond blanc au-dessus de lui. Il était dans un lit. Lorsqu'il regarda à sa gauche, il vit Clara dans le lit voisin. Elle était toujours inconsciente, ou du moins elle avait les yeux fermés. Il regarda alors à sa droite et tomba nez à nez avec une tête verte, couverte d'écailles et au museau allongé, qui le regardait fixement avec ses deux petits yeux ronds. François se redressa alors brusquement et laissa échapper un cri de peur et de douleur. La bête sursauta et alla appuyer sur un bouton sur le mur.
François entendit des pas derrière la porte de la chambre, qui se rapprochaient de plus en plus. La porte s'ouvrit alors et un homme en blouse blanche apparut dans l'encadrure. Il était plutôt grand. Il avait les cheveux châtains poivre et sel, et ses yeux étaient entre le vert et le noisette. Il avait un visage souriant. En s'approchant de François, il dit :
-Et bien, Abricot t'a fait peur ?
François ne trouva alors rien de mieux à répondre que :
-Pourquoi l'avez vous appelé Abricot ? il est tout vert !
Le médecin éclata de rire et Abricot vint se frotter à sa jambe gauche.
Abricot ressemblait à un gros iguane. Il avait la taille d'un gros chien, ses quatre pattes semblaient robustes et il avait une longue queue qui se balançait de droite à gauche et de gauche à droite. Son corps était recouvert d'écailles vertes et deux petites ailes de chauve-souris s'agitaient sur son dos. Elles semblaient cependant trop petites pour lui permettre de voler. Après avoir regardé en détail cette créature invraisemblable, François se demanda s'il n'était pas mort.
L'expression de François devait en dire long sur sa confusion car le médecin dit alors :
-Ne t'inquiète pas, tu n'es pas mort ! Dit-il en souriant. D'ailleurs, comment t'appelles-tu ?
-François, répondit le jeune homme.
-Enchanté François, moi c'est Vincent. Tu peux me tutoyer. Comme je te le disais, tu n'es pas mort. Abricot est un dragon, et il est bien réel. Mais il ne vole pas et ne crache pas de feu. C'est juste un gros lézard au cœur tendre.
Abricot émit alors une sorte de ronronnement en fermant les yeux. Vincent poursuivit :
-Tu as atterri sur une île inconnue du monde entier, la Drèce. Cette île fait environ soixante kilomètres du sud au nord et cent kilomètres d'ouest en est. Elle est peuplée de toutes sortes de ces merveilleuses créatures ; les dragons. Il y en a des gros, des petits, des bleus, des noirs, des rouges, des dangereux, des inoffensifs... La Drèce et les trois îles voisines forment l'archipel du carré des tempêtes. Cet archipel est entouré d'un cercle d'orages perpétuels, ce qui la rend inaccessible par la mer. Ces orages créent un immense champ magnétique, et c'est sûrement cela qui a détraqué votre avion. En résumé, il est impossible de quitter l'île.
-Je... je ne pourrai donc jamais revoir ma famille ? Rétorqua François, complètement abasourdi.
-Non, je suis désolé. Tu dois déjà être porté disparu aux États-Unis. Malheureusement, ils ne pourront jamais te retrouver car le champ magnétique de l'archipel met également hors-service les boîtes noires. Mais n'aie crainte, tu te plairas ici. Cette île tient vraiment de l'utopie ; il n'y a qu'une ville à sa surface ; Draclantide. Tous ses habitants y vivent en paix et en harmonie avec l'environnement. Les dragons sont des créatures fabuleuses, et on peut en apprivoiser une grande partie... Ça a l'air incroyable, mais tu verras, tu apprendras tout ça petit à petit, et tu y prendras goût !
Comme pour illustrer ce que venait de dire Vincent, Abricot sauta sur le lit de François et vint lui lécher la joue. Il avait la langue douce et chaude, et François caressa la tête du petit animal pour le récompenser.
Soudain, il se rappela la présence de Clara.
-Comment va-t-elle ? Demanda-t-il en pointant du doigt le lit à sa gauche.
Vincent eut alors l'air inquiet.
-Elle a eu un peu moins de chance que toi. Elle s'est faite mordre par un Nageur bleu. Ces dragons vivent dans l'eau sous la banquise, et quand votre avion a défoncé leur toit, cela ne leur a pas plu du tout. Quand on est arrivés, il y en avait cinq qui s'acharnaient à démonter le fuselage tandis que trois autres rentraient leur tête par les trous et arrachaient des passagers à leur siège. La moitié des passagers de l'avion sont morts dévorés, est un tiers est mort empoisonné après s'être faits mordre. Ton amie s'est faite mordre mais heureusement, cela venait de se produire quand nous sommes arrivés et nous avons pu neutraliser le venin. Elle va juste mettre du temps avant de se réveiller.
-Combien de temps ? Demanda François, en partie soulagé.
-Je ne sais pas. C'est très variable, cela dépend de la vigueur de son système immunitaire. Mais cela ne devrait pas prendre plus d'une semaine.
-... Combien de temps suis-je resté inconscient ? Reprit François.
-Seulement trois heures. Tu es solide ! Dit Vincent en riant. Tu peux sortir si tu veux.
-J'arrive, répondit François. Mais, il y a eu d'autres survivants ?
-Hélas non, il n'y a que vous deux....
François sentit alors un étrange vide au creux de son ventre. Il ne connaissait pas tous ces gens, mais leur mort ne le laissait pas indifférent. Il se dit alors qu'il valait mieux les oublier, et prit la résolution d'aller prendre l'air. Qui sait ce qui l'attendait dehors ?
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L'île aux dragons
FantasyFrançois et Clara, deux jeunes étudiants de Los Angeles, sont en voyage d'étude à Tokyo. Au beau milieu du pacifique, dans l'avion qui les ramène chez eux, un étrange problème survient, mettant hors-service tout le système de l'avion, moteurs compri...