Je renifle bruyamment. Je n'ai pas pu retenir mes larmes et je ne saurais dire si elles sont dues à la déception, la tristesse ou la colère. Je ne me suis pas rendue compte, jusqu'à maintenant, que les mots sont devenus si intenses. Comment un « ouais » peut-il réussir à me faire pleurer ? Je ne suis pas le genre de fille à la larme facile. J'observe et fais attention aux détails. Sauf que là, je me suis laissée avoir par mes sentiments. Je me sens conne. Je prends une profonde respiration et me regarde dans le miroir. Je peux le faire...
En prenant mes tripes à deux mains, je sors de la salle de bain et vais chercher mon téléphone sur mon lit, bien décidée à lui rédiger le plus long message haineux qu'il n'aura jamais lu. Ou sinon l'appeler pour faire chier parce qu'apparemment il est une heure du matin et monsieur dort. Quand mon cellulaire s'allume et charge les applications, l'icône des SMS reçus s'affichent. Sept messages reçus. Je fronce les sourcils et les ouvre. Un par un.
« Rallume ton téléphone »
« Je t'appelle. »
« Réponds putain »
« Ces messages n'étaient pas de moi. »
« Il faut qu'on discute »
« J'arrive. On doit s'expliquer »
« Je serais devant chez toi dans une demi-heure, si les accusés de réception ne s'affichent pas, j'entre par ta fenêtre. Vraiment. »
Ce dernier message me donne envie de lui renvoyer tous les SMS qu'il m'a envoyés précédemment. Ne se rend-t-il pas compte qu'il devient ridicule ? Je commence à taper un message mais mon téléphone sonne soudainement et me fait sursauter. C'est lui. Pourquoi il m'appelle ? Je soupire et hésite à répondre mais vous savez quoi ? Je suis épuisée, déçue et énervée. Je réponds. Je réponds car je veux lui faire comprendre que ces messages ne m'atteignent pas.
– Allô ?
– Jisoo, écoute, je...
– Tes messages ont été clairs. Je ne t'embêterai plus et...
– Non, écoute-moi ! Je dois te...
– Je n'ai ni envie de parler, ni l'envie de t'écouter, Taehyung.
C'est la première fois que je prononce son prénom. Ça me fait un drôle d'effet, si drôle que je l'ai murmuré. J'inspire et continue.
– Nous ne nous sommes jamais rencontrés et j'ai compris que cette étape était décisive. Mais ce n'était pas une raison pour m'envoyer un putain de « ouais », j'étouffe car je sens mon cœur bondir dans ma poitrine. J'aurais pensé, enfin, j'avais pensé que cette histoire pourrait avoir une autre fin, c'est Jin qui me l'a même rappelé. Je ne voulais pas venir et tu as réussi à...
– Stop, Jisoo, Stop ! J'entends qu'il est essoufflé. Je comprends, princesse. Ces messages... Ce n'est...
– Ne commence pas à me mentir, je rétorque en me levant du lit sous le coup de l'adrénaline. J'ai l'impression d'être prise pour une conne et tu sais quoi ? Je déteste être...
– Jisoo ! Arrête, je...
– Je ne vais pas laisser un mec...
– Je...
– Tu es peut-être le mec super convoité que toutes les filles voudraient avoir mais tu viens de me prouver que...
– Jisoo, arrête, hurle-t-il, furibond.
Ahurie, je ris, incrédule. En plus de ça, il se permet d'être énervé ?
– Tu n'as pas le droit d'être en colère, je marmonne.
– C'est la deuxième fois ce soir qu'on me dit ce que j'ai le droit ou non de faire. Mais, Jisoo. Ce que j'essaye de te dire depuis tout à l'heure...
– Ne me concerne pas ! Si tu veux t'excuser, je ne...
– Je ne veux pas m'excuser parce que je n'ai rien fait. Ce que je veux te dire est (il inspire) que je suis devant chez toi et que tu devrais venir m'ouvrir.
Je cille et plisse le front.
– Ce n'est pas drôle, je dis en croisant les bras.
– Je n'essaye pas d'être drôle, assure-t-il, sérieux. Crois-moi, ce soir j'ai tout sauf l'envie d'être drôle. Alors, je répète, viens m'ouvrir.
En déglutissant, je sors de ma chambre, la poitrine et la gorge serrées alors que mon cœur part en course. Merde... Si c'est une blague, je jure que si je le vois, je me permettrai de lui mettre une claque à la figure. J'arrive dans au rez-de-chaussée et allume toutes les lumières. Du salon. De la cuisine. Des escaliers. Et j'avance pas à pas. Le téléphone encore à l'oreille.
– Si c'est une blague, elle n'est vraiment pas drôle, tu sais, ça ?
Je l'entends rigoler nerveusement. Est-ce qu'il serait aussi nerveux que moi ? Attendez... Sérieusement, il ne peut pas être derrière ma porte. Lorsque je regarde à travers l'œilleton, je crois que mon cœur ne bat plus. Parce qu'il est vraiment devant ma porte. Il a son téléphone à l'oreille et ses cheveux me semblent ébouriffé. Il porte sweat à capuche et un jean. J'écarquille les yeux, choquée, et mets ma main sur ma bouche pour étouffer un cri. Qu'est-ce que je dois faire ?!
– Bordel de merde...
– Ouais, rit-il.
Mes yeux sortent de mes orbites. Parce que je ne peux pas le croire. Je devrais rester énervée mais je n'y arrive pas. Il y a un mec avec qui je parle depuis des mois, que je n'ai jamais rencontré, qui est devant ma porte à attendre que je lui ouvre. Normalement, il serait dangereux de faire ça, mais...
– Je ne sais pas quoi faire, j'avoue.
– M'ouvrir, répète-t-il en ricanant.
– Je... Qu'est-ce que tu fais là ?
– Je savais que tu paniquerais en lisant les messages et les... circonstances ont fait qu'il était préférable pour moi et pour toi que nous nous voyons.
– A une heure du matin ?
– Je ne pouvais pas laisser ces messages t'embrouiller l'esprit.
Eberluée, je reste plantée devant la porte en attendant que mon cerveau se reconnecte à mon corps. J'inspire et compte jusqu'à trois. Ça risque de devenir bizarre. Un... Deux... Trois. J'ouvre la porte et le vois, debout devant moi, des cernes et la fatigue aux yeux. Il raccroche, me sourit et laisse tomber son bras.
J'ignorais quelque chose sur moi. J'ignorais que je devenais timide devant un garçon qui me plaisait, parce que maintenant que Taehyung est devant moi – A une heure du matin – aucun mot, ni son, ne sort de ma bouche.
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Trois jours.
أدب الهواةBTS x BLACKPINK Quelques coups de téléphones, des messages électroniques... Seulement une relation vocale et sans doute improbable... Et pourtant, un réel amour est naît...