Six jours. Six longs jours que je n'ai pas entendu sa voix. Je crois que je vais finir dépressive. Est-ce qu'on s'habitue un jour à cette vie ? Parce que je crois que je n'en serais jamais capable. Damien me manque terriblement. Je tapote mon stylo sur ma lèvre inférieure, la tête ailleurs. Je pense à lui, comme d'habitude. Je me demande ce qu'il fait, s'il lui aussi pense à moi sans cesse...
—T'es la tête sur un bateau Elisa.Je sursaute quand Mélanie sort de son bureau, soupire.
—Ouais, dommage que je n'y suis pas.
—Et moi donc !
Elle tire une chaise, s'assoit face à moi et prend le petit pot de vernis sur le coin de mon bureau.—Connor me manque de trop. Je n'arrête pas de penser à lui, je n'arrive même pas à me concentrer sur mon travail.
Je hoche la tête, déglutis.
—Pareil.
Je la regarde appliquer le rouge sur ses ongles tout en l'écoutant me parler de son couple. Apparemment Connor lui a bel et bien volé son cœur. Elle en est dingue. Nous sommes interrompues par mon téléphone qui vibre sur mon bureau.
—Numéro inconnu !
Je sautille sur mon fauteuil de bureau, persuadée que ce soit l'homme de ma vie au bout du fil.—Allo ? je réponds en souriant.
—Elisa.
Alexandro.
Je raccroche de suite, le cœur battant à tout rompre.
—C'était Alexandro, grogné-je.
—Putain ! siffle Mélanie. Il est vraiment culotté de t'appeler !
Je souffle longuement, profondément. Je n'avais plus entendu parler de lui depuis que Damien lui ai fendu le nez, et voilà qu'il revient à la charge.
******
Il est vingt-heures trente quand je quitte mon boulot. Je suis restée plus longtemps, parce que j'avais besoin de travailler, pour occuper mon esprit. Dès que je ferme les yeux, ses yeux verts m'apparaissent, sa bouche exquise se dessine. Je vais devenir folle, je pense que je suis vraiment en manque, et que ce que je fais s'appelle une crise. Un peu comme une alcoolique ou une droguée. Sauf que moi, je souffre du manque de Damien.
Je soupire quand, par la vitre de la porte, je vois la pluie tomber abondamment. Je n'ai même pas pris mon parapluie et je suis venue à pieds. Je sais que Damien m'a dit de prendre sa voiture mais je la trouve trop agressive, trop nerveuse, alors je préfère la laisser à son emplacement.
Je prends mon courage à deux mains, resserre mon imper et sors, serrant mon sac contre mon ventre.
Je crie quand je suis propulsée en arrière, clouée entre une façade et Alexandro.
Sa main se presse fermement autour de ma gorge et je cherche mon air, tandis que ses yeux me lancent des éclairs.—Putain t'es en cloque ?
Je voudrais lui dire d'aller se faire foutre mais j'en suis incapable, tant il met de la pression dans son geste.
—Tu plaisantes ? Tu refuses de materner avec moi mais avec ce trou d'balle tu acceptes ? Tu vas lui pondre un gosse ?
Sa main se relâche et choquée, je porte les miennes à mon cou.
—Ca ne te regarde pas, lâché-je, essoufflée.
—T'es ma femme Elisa, merde !
Quelques passants se retournent vers nous quand il crie mais se dépêchent de partir, pressés par la pluie, ou la lâcheté de m'aider.
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Un jour trop tard
RomansaLa Navy Seal, c'est la seule constante de ma vie, la raison qui me donne envie de me lever chaque matin, de me battre, de vivre, de partir. À terre, je n'ai aucune attache, pas depuis que mon frère s'est envoyé en l'air avec ma copine, sous mon toi...