"Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu'on ne peut plus ajouter de jours à la vie."
Anne-Dauphine Julliand.Maloé
Parfois il me suffit de fermer les yeux et je me retrouve transportée dans un autre temps, dans de vieux souvenirs ou même des souvenirs inventés quelques fois. Je rêve que je suis assise sur un bateau, les cheveux au vent, le regard plongé dans le reflet du soleil sur l'eau; ou alors dans ma chambre contemplant la neige blanche qui s'endort sur le sol. Je m'imagine perdue dans une grande ville entourée de tout ses hauts bâtiments, ou encore à l'arrière d'un vieux pick-up qui aurait roulé tout autour du monde pour venir se reposer devant le parc du Fjord-du-Saguena ou alors au Lac des Esclaves (il paraît qu'on peut y voir des aurores boréales.) J'ai toujours rêvé d'en voir, au moins une fois dans ma vie, oui maiiiis revient à la réalité Maloé.
Le problème? Je ne voit plus rien, dès que je ferme les yeux, c'est le noir complet.Mes parents sont passés avec ma sœur plusieurs fois dans la semaine,d'ailleurs premier fait réellement étrange: ma mère était là, deuxième fait réellement étrange: ils sont restés toute une après-midi ensemble dans la même pièce sans se dépecer, mauvais jeu de mot, je le reconnais mais bon il faut bien que je me change les idées,non?!
C'est vrai que j'ai un peu peur de sortir de ma chambre,j'ai même peur d'appeler les infirmières,pas tellement envie de voir des gens non plus ou alors peut être que si ?
Le toit,j'irai sur le toit, après tout la dernière fois que j'y suis allée personne n'y était et puis de toute façon je n'ai vu aucun panneau "propriété privé" j'en déduis que j'ai le droit d'y aller.Pourquoi les murs des hôpitaux sont t'ils toujours blancs ? Ils pourraient être de pleins de couleurs joyeuses, mais non juste ce blanc délavé. Je suis bénévole dans cet hôpital depuis bientôt un an, pourtant, ils me dégoûtent toujours autant. J'ai proposé à la chef de service de repeindre les murs un jour, avec les enfants, mais elle a de suite refusé
"-Les enfants malades restent malades qu'ils peignent ou non, alors arrête de vouloir leur rendre le sourire, c'est toi qui perdra le tien quand ils mourront."J'avais été tellement abasourdie par ses paroles que je n'avais pas pu répondre. Comment pouvait t'elle penser et surtout dire une chose pareille? Si ces enfants n'avaient personne pour leur rendre espoir, comment pourraient t'ils même essayer de se battre contre la maladie ? C'est plus agréable de se souvenir d'un enfant heureux et serein que d'un enfant triste et anéanti,non ? J'avais douté pendant quelques jours après ça, mais, Joshua avait été là.
Flashback
Nous sommes dans notre position préféré Joshua et moi: il est assis sur son lit, ma tête sur ses jambes, sa mains dans mes cheveux. Bon c'est plus la mienne que la sienne, j'avoue, mais il ne s'est jamais plaint, alors je suppose que ça lui plait aussi.
-Maloé j'ai un truc à te dire, tu m'écoute hein ? Sans m'arrêter s'il te plaît..
-Arrête c'est quoi cet air théâtrale? Je t'ai déjà dit que tu est nul pour jouer la comédie.
-Je suis sérieux là.
Je lève alors la tête vers lui, la sienne est levée; il fixe un point sur le plafond. Alors que je m'apprête a parler, c'est lui qui coupe le silence.
-J'aime ta façon d'être la quand je vais mal. Ta façon bien à toi de me soutenir et de me remonter le moral. J'aime notre position actuelle, et j'aime par dessus tout passer ma main dans tes cheveux. J'aime ton sourire, vraiment, il est un peu bancal et pas parfait mais c'est ça qui le rend magnifique. Je t'aime toi aussi, pas de la manière dont ton mari t'aimera, ni celle de ton premier copain, pas non plus de la même façon que tes futurs enfants ou tes parents...
Je l'interrompt -Arrête. Pas mes parents. Puis c'est quoi ce discours Josh, j'ai pleins de projets pour quand tu sortira d'ici,j'ai..
-Je t'ai dis de ne pas m'interrompre. Dit-il en me tirant les cheveux. Écoute moi. Je n'en ai plus pour longtemps tu sais, mais je veux que tu sache que je suis heureux d'accord, je suis heureux, même si je suis malade, ça me va, je vais bien. Je n'ai pas peur de mourir, je souris, je m'amuse, tout vas bien. Un jour j'ai lu livre qui disait: "Moi je n'ai pas peur de la mort. Tout le monde va mourir. C'est pas grave la mort. C'est triste, mais c'est pas grave." Je m'esclaffe, il a toujours des références à sortir,pour VRAIMENT toutes les situations. Arrête de rire! Je m'étais promis de ressortir cette phrase. Et puis, je pense sincèrement que j'ai bien vécu . Alors il faut que tu me promette de tenir le coup après. Si tu n'arrive pas à tourner la page, arrache la. Oh aussi ! Ne t'empêche pas d'aller dans les lieux qui te feront te souvenir de moi, surtout pas! Je veux que ce soit des lieux joyeux, où tu pourras repenser à nos vielles conneries. Faut aussi que tu sache que j'aime les jonquilles parce qu'elles signifient "à très bientôt" et je veux que mes organes soient donnés. Je veux te voir sourire de là-haut. Je serai toujours à tes côtés, ne t'inquiète pas. Promet le moi, c'est tout ce que je te demande. Je veux que tu sache que je t'aime, quoi qu'il arrive, et que tu a pris une grande place dans ma vie Malo.
-Je te le promet Joshua.
-Merci d'avoir été ma dose d'espoir.
••
Il est mort quelques jours après, les médecins ont dit qu'il avait le sourire aux lèvres quand il s'est éteins, comme si il ne souffrait pas, d'ailleurs, il paraît qu'il dormait. Comme il le voulait, ses organes ont été donnés et de belles fleurs jaunes décorent sa pierre tombale. Après ça, j'ai exécuté mon rôle de bénévole sérieusement, de tout mon cœur et je n'ai plus jamais douté, ils avaient besoin d'espoir et je serai là.
Une voix qui m'est encore inconnue me sort de mes souvenirs:
-Euh excuse moi mais t'es qui toi?
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Destins Percutés
General FictionElle se souvenait encore du jour où ils s'étaient vus pour la première fois, ils auraient aimés que se soit l'un des jours merveilleux qui les rendraient fiers et qu'ils auraient aimés raconter lors des grandes occasions mais en réalité, elle avait...