C A U G H T

I need U

Le bidon d'essence est lourd, sent mauvais, est sale.
Les marches sont hautes, bruyantes, trop nombreuses.

J'approche doucement de ma porte. Ma porte est ouverte. Ouverte ?
J'accélère le pas, je cours presque dans les escaliers, je me casse la gueule sur la dernière marche. Le bidon tombe sur le palier du bas dans un bruit sourd et très désagréable, se vidant de son contenu sur la moitié de sa chute. Pendant que moi je m'étale de tout mon long sur la devanture de chez moi, dans un bruit encore plus audible que celui du bidon.

-BORDEL DE MERDE !

Je me suis fait mal. Putain. J'ai super mal aux genoux, et aux mains...

-Bordel...

Je me relève sur mes bras, sans lever la tête, pour cacher au ciel les larmes que je verse.
Pitoyable, je suis pitoyable.
De qui je me cache ? De Seok ? J'ai peur qu'il me voit chialer de là où il est ? Que pourrait-il faire de toute manière ? Rien. Il est mort.

-Non ?

Une ombre se pause sur moi quand je prononce ce mot. Des pas s'approchent. Je n'ose pas bouger. Je suis pétrifié. Qui est-ce ? Un voleur ? Qui était chez moi ? Que va-t-il me faire ? Me tuer ? Ça ne serait pas plus mal.

Les pas s'arrêtent. Je fixe toujours le sol. Et je ne peux voir que les chaussures de cette personne. Doc Martens noires, semi-montantes.

Au moins je mourrais de la main d'un homme de bon goût. Un homme qui porte les chaussures préférées de Jung...

Une caresse affectueuse se fait sentir sur le haut de mon crâne. J'ose alors relever la tête.

Jungkook c'est accroupi. Il me regarde avec un sourire soulagé sur les lèvres. Et avec deux torrents de larmes qui sortent de ses yeux.

-Jungkook...

Il ne me répond pas. Il continue à me caresser la tête. Ses caresses sont d'ailleurs de plus en plus rapides, fortes... Douloureuses. Il me prend fort dans ses bras, il me serre, il m'étouffe, il agrippe mes habits.

-Connard. Connard. Connard. Connard. Connard. Connard. CONNARD !

Jungkook... Tu me perces les tympans.
Il me décolle violemment de lui, comme si tout d'un coup je le dégoûtais.
Il se lève et re-rentre chez moi. Il semble vouloir si réfugier. Il semble vouloir me fuir.
Je le suis. Que faire d'autre ?

Je le trouve entrain de déchirer une des nombreuses feuilles posées sur mon bureau.
Je le laisse faire. De toutes façons elles étaient sensées brûler.

Quand il a fini il se retourne vers moi. Ses larmes sont toujours là. Son sourire, lui, a disparu. Il serre les dents.

-CONNARD ! POURQUOI TU FAIS ÇA ?!

Je ne comprends pas Kookie...

Il sèche ses larmes avec le revers de son pull bleu. Inspire un grand coup.

-Je te hais. Non, je ne t'aime plus. Sale égoïste.

-Je ne compr...

-TA GUEULE ! TU PENSES QUE T'ES LE SEUL À SOUFFRIR ?! TU PENSES QU'IL N'Y A QUE TOI QUI EST BRISÉ, VIDÉ, SALI, SEUL, INCOMPRIS, PERDU, OUBLIÉ ?! TU NE PENSES PAS QU'ON L'AIMAIS NOUS AUSSI ?! TU NE PENSES PAS QUE... Qu'on t'aime bordel. Tu penses pas que sa disparition est déjà assez pesante ? Tu ne trouves pas que tu es lâche... Connard ! Je t'ai crus mort. J'ai crus que je ne te reverrai pas. J'ai déjà perdu Jin-Hyung. Pas toi. Jamais.

Il cour vers moi. Il me prend dans ses bras. Pleure à nouveau. Cris à nouveau.

-MEURS PAS ! MEURS PAS ! JE SUIS LÀ ! ACCROCHE TOI ! Sa voix s'essouffle mais pas son cœur, alors il continu. Accroche toi à nous, à moi. Tiens encore pour nous, pour moi. Vis encore pour nous, pour moi. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de toi. J'ai besoins de toi. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de toi.

Rien.

Je ne dis rien. Je ne pense rien. J'apprécie seulement. J'apprécie l'amour que l'on me porte. J'apprécie la perche que l'on me tend. J'apprécie le contact doux de mon cadet. J'apprécie son soutient. Sa voix. Ses larmes. Sa présence. Sa bénédiction. Sa manière de me rappeler. Tout, de tout me rappeler.
L'amitié.
La joie.
Les larmes.
La vérité.
L'amour.

-C'est moi qui ai besoin de toi. Toujours. Je n'y arriverai pas sans toi. Je ne tiendrais pas debout. Aide-moi. Soutien-moi. Sèche mes larmes. Empêche-moi de commettre l'irréparable. Reste près de moi. Prouve-moi je suis encore en vie. Aime-moi.

Jungkook défi doucement son étreinte. Il leva la tête vers moi. Me regardant dans les yeux. Me sourit. Pris mon visage entre ses mains.

-J'espère que cette preuve te feras te sentir en vie.

Il m'embrassa.