After Work (sous contrat d'édition)

Chapitre 1. Présentations

— Avec toi, rien ne pourra m'arriver aujourd'hui, je murmure après avoir jeté un dernier coup d'œil dans le rétroviseur.

Comme si l'application de ce rouge fétiche me donnerait une force quelconque, empruntée à Catwoman, pour résister à cette rude journée qui m'attend.

J'attrape mon sac à main avant de descendre de ma petite Polo noire, qui a tout à envier aux autres Land Rover, Audi et BMW stationnées sur le parking. D'un pas pressé, j'entre dans cet immeuble à l'architecture écologique et contemporaine que je connais depuis plusieurs mois maintenant. Je suis tombée sous le charme de cet établissement bâlois. L'entreprise domiciliée ici est composée d'un siège social situé à Zurich et de deux autres filiales à Bern et Bâle. Thomas Delbecq, le responsable des ressources humaines de Morand's Father & Son, m'a vanté les mérites de la filiale de Bâle, la plus petite de toutes :

« Ici, nous développons le concept selon lequel l'innovation technologique n'est pas seulement réservée et destinée à l'élite. Afin qu'elle soit accessible à tous, nous la proposons au travers de programmes immobiliers axés sur l'écologie. »

Ce discours m'avait emballée, ainsi que le prestige pour une Française de réaliser un stage en Suisse. Mon bon niveau d'allemand, associé à une excellente scolarité, m'a permis de décrocher un diplôme d'assistante de direction avec les félicitations du jury. Et accessoirement, celles de Monsieur Delbecq, qui m'a ensuite offert une place inespérée pour une débutante comme moi : Assistante du Directeur de la filiale de Bâle.

Pour affronter cette journée, je me suis dopée à la caféine et j'ai satisfait mon estomac sur pattes avec des pâtisseries. Pourtant, une fois coincée dans l'ascenseur qui me mène au dernier étage, ce festin ne me semble plus être une si bonne idée. Le stress que j'ai réussi à éloigner jusqu'alors commence à prendre possession de mon corps. Ma bouche devient sèche, ma langue est engourdie et mes intestins sont comme ligotés.

Du calme Léane, tout se passera bien.

Je me focalise sur ma respiration dans une vaine tentative d'apaisement, mais déjà les portes s'ouvrent et je me faufile dans le couloir. Je bifurque à droite et entre dans un bureau où j'y retrouve une tête connue, que j'apprécie tout particulièrement.

Emma est ravissante, comme toujours, avec son chemisier immaculé et sa jupe noire. Ses cheveux forment de jolies boucles blondes, et ses grands yeux gris subjuguent la gent masculine. Pas étonnant qu'elle parvienne à ses fins sans problème !

— Bonjour ma belle, c'est le grand jour, hein ! m'accueille-t-elle avec un sourire compatissant.

— Mmhh...

C'est la seule chose que je puisse lui répondre, mon stress n'étant toujours pas dissipé.

— T'inquiète pas, je suis sûre que tout se passera bien. C'est pas comme si tu ne connaissais pas l'entreprise. Et puis, personne ne peut résister à l'innocence de Bambi !

Elle fait allusion au surnom qu'elle m'a donné lorsqu'elle était mon maître de stage. J'étais à peine arrivée qu'elle m'avait prise sous son aile pour m'intégrer dans son service et me faire découvrir toutes les ficelles du métier. Sous ses airs de blonde écervelée se cache une femme au grand cœur. C'est tout naturellement que nous sommes devenues amies.

— Le chocolat a des propriétés antistress, tu as donc une bonne excuse pour en consommer aujourd'hui, m'incite-t-elle en me plaçant sous le nez une boîte de truffes.

— Non merci. Mais je te suis tout de même reconnaissante : tu viens de m'offrir sur un plateau d'argent l'ultime prétexte pour couvrir mon hypergloutonie !