Chapitre deux

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« La rentrée était le jour le plus difficile de l'année scolaire...cette règle ne s'appliquait pas aux nouveaux élèves. Pour ceux-là, c'était le jour le plus difficile de leur vie. »-Jefferson's world, illana_ca

-Je ne suis pas l'exception qui confirme la règle.

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  Le jour de la rentrée, l'Alarme de mon téléphone s'est déclenchée à six heures et vingt-cinq minutes du matin, infligeant à mes pauvres oreilles lourdement ensommeillées l'insupportable torture du son d'alarme d'incendie qui me servait de réveil. Comme tout adolescent normal, j'avais aveuglement tapoté l'écran du mobile jusqu'à ce que mon supplice prenne fin, avant de le balancer à l'aveuglette et de retomber dans les doux bras de Morphée. Malheureusement, dix minutes plus tard, ma somnolence fut de nouveau troublée par un bruit de rideaux qui glissait sur une tringle, suivit par d'aveuglants fuseaux de lumière solaire qui s'aventuraient dangereusement dans ma chambre.

-"Ma chérie ! allez debout c'est ton premier jour dans ton nouveau lycée ! " hurla ma tante un peu trop fort pour l'heure matinale.

  Au début, je n'avais pas bougé. J'avais pensé que si je l'ignorais et faisait semblant d'être morte, elle finirait par s'en aller m'épargnant ainsi le calvaire de joindre le monde extérieur. Etant donné que ma tante est loin d'être un ours brun et qu'en aucun cas je n'étais le malheureux chasseur dans Bugs Bunny, inutile de vous dire qu'elle n'avait pas bougé, allant même jusqu'à taper des mains et à me secouer, m'infligeant un second type de torture, pas plus supportable que le premier.

  J'ai fini par grogner de mécontentement et j'ai roulé sur moi-même, avant de tomber du lit et de m'écraser lourdement par terre, dans un bruit sourd. Ma tante a souri (satisfaite de m'avoir arrachée au royaume des rêves ou parce que je lui rappelais un de ses flemmards de fils, je l'ignore) et est sortie du la pièce hurlant un « petit déjeuner dans vingt minutes ». Comme par hasard, son congé (elle était infirmière) prenait fin pile le jour où j'étais supposée revenir en cours, et pour être franche, je ne croyais pas aux coïncidences. Je l'ai rappelée trois minutes après qu'elle soit sortie, car j'étais incapable de me défaire du pseudo piège de couvertures dans lequel je m'étais maladroitement emprisonnée en roulant sur moi-même. Elle faisait de son mieux pour le cacher, mais j'avais tout de même remarqué qu'elle se retenait pour ne pas rigoler. J'étais même persuadée qu'une fois à l'abri de mon regard elle avait éclaté de rire.

  A sept heures et demi, j'étais parfaitement réveillée, préparée et installée dans la voiture de ma tante. Elle m'avait parlé tout le long du trajet jusqu'à l'établissement qui allait m'accueillir pendant toute une année scolaire, tandis que je n'avais pas laissé échapper un mot, me contentant seulement de hocher la tête quelques fois pour lui faire croire que je l'écoutais. J'étais dans une sorte de monde parallèle, trop obnubilée par le stress qui montait en crescendo en moi. Comme à mon habitude, j'avais passé la nuit de la veille à trop penser, ce qui m'avait conduit à une conclusion qui m'avait échappée jusque-là : J'étais loin d'être cette petite fille populaire et aimée par tout le monde. Désormais je m'aventurais en terrain inconnu et je n'étais plus qu'Alyana, la nouvelle élève inconnue au passé peu commun qu'elle cachait désespérément. Il n'était pas improbable que j'aie un accident de voiture sur le chemin du lycée, que je me perde dans les couloirs et que j'arrive en retard à mon premier cours ou qu'une personne (qui aurait passé une mauvaise journée ou serait tout simplement en manque de glucose) me fasse une scène devant tout le réfectoire lors du déjeuner, juste parce que j'avais maladroitement marché sur ses nouvelles chaussures. Je serais alors condamnée à prendre les restants de mes repas scolaires dans les toilettes des filles, dans une parfaite solitude, jusqu'à ce qu'une autre malheureuse se joigne à moi. Nous formerions alors le club des loseuses aux sandwichs. J'ai donc passée la première moitié de ma nuit à imaginer des scénarios plus effrayants les uns que les autres, et la seconde à cauchemarder.

Revival (en Pause/réécriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant