« Je déclare cette soirée propice aux chants. Puis-je commencer ?
- Avec plaisir ! » L'homme hocha la tête et monta sur un tronc d'arbre, avant d'entamer un chant à boire grivois qui fut applaudi par la petite troupe.
Quand Emma demanda pourquoi chanter, Lucie murmura : « C'est une petite tradition, nous aimons créer des chansons sans nous prendre la tête avec nos numéros, pour le plaisir, lorsque l'envie nous prend. »
Jason, ayant compris quelques mots de la phrase depuis son maigre promontoire se retourna et s'exclama :
« Emma, veut tu nous gringotter quelque chose de ton pays ? Après tout, les Croisés aiment la fête, non ? Vous devez bien avoir quelques petits chants chez vous.
- Oh, je ne chante pas très bien, et ce n'est pas du niveau de vos prestations.
- Ne t'en fais pas, nous ne sommes pas critiques envers les amis. »
Elle ferma les yeux.
« Avez-vous déjà entendu pleurer la fée,
Dont le miroir magique était né d'une fleur ?
Et bien, son histoire, nous allons tout à l'heure
Autour d'un feu, vous la narrer.
Dans la forêt dite aux murmures
Vivait une fée étincelante.
Dont la chevelure brillante,
Rendait doux les plus durs.
Elle aimait se coiffer, et se peigner.
Mais surtout avec ses amies, fanfaronner.
Toutes les autres fées la jalousaient,
Si bien qu'elle se plaisait
A vanter ses beaux cheveux
Sans respect envers eux.
Mais son orgueil la perdit,
Car un jour de pluie,
Poussa une fleur magique
Dont les pétales magnifiques
Donnèrent vie au miroir
Qui éclairerait son cœur noir.
Dans la forêt dite aux murmures
Vivait une fée arrogante.
Dont la chevelure brillante
Rendant doux les plus durs.
Une sorcière passant par là,
Décida de changer cela.
La fierté déplacée de cette fée
Devait être stoppée.
Elle lui offrit le grand miroir
Pour que jour et nuit elle puisse se voir.
La fée en fut enchantée,
Et décida de ne jamais le délaisser.
Ainsi, elle s'admirait à chaque instants,
Perdant toute notion du temps.
Les années passèrent,
Tandis que les autres fées se gaussèrent.
Quand ses esprits, celle-ci reprit
Ses cheveux avaient déjà blanchit,
Et les autres fées prirent malin plaisir
A sous la gêne, la voir rougir.
Et jamais on l'entendit plus
Vanter ses attributs comme un dû.
Dans la forêt dite aux murmures
Vit une fée déchue.
Dont la chevelure perdue,
Et la honte perdurent. »
Emma relâcha les épaules et fit un petit sourire à l'assemblée qui la dévisageait avec joie.
Elle s'inclina gaiement et rejoint le tronc où les autres étaient installés, tandis que Celeste se levait à son tour pour entamer une balade.
Texte et Illustration : Bleuts
Chant : Murmures et Grésillements