Lundi.

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Pour la plupart des gens, le lundi est une journée maudite. Sûrement parce que c'est le premier jour de la semaine, celui où il faut se réveiller et aller travailler.

Alors pourquoi ce lundi ci, alors que les vacances d'été battaient leur plein, Chloé se sentait-elle d'une humeur aussi massacrante?

Personne ne le saura jamais.
Mais peu importe pourquoi, le fait qu'elle était de si mauvaise humeur et que sa mère la mit dehors allait tout changer pour elle.

Bon, il ne faisait pas froid, il faisait même plutôt bon pendant ce mois de juillet, mais Chloé était énervée.

Elle tira sur son vieux short en jean et fit une moue en voyant qu'elle avait encore son haut de pyjama. Elle aurait peut-être du s'habiller ce matin finalement... De toute manière elle n'allait certainement pas rentrer maintenant.
Elle décida donc de se diriger vers un endroit qu'elle adorait. La falaise avec le vieux phare.

Elle se sentait si bien dans cet endroit abandonné! Elle était seule, et pouvait enfin faire ce qu'elle voulait sans que personne ne la juge. En fait, elle préférait même cet endroit à sa propre chambre.

Pour s'y rendre elle avait deux possibilités : longer la plage, entendre le bruit de la mer et sentir l'odeur des stands proposant de la nourriture aux touristes ou bien passer par la ville et supporter l'odeur entêtante de la pollution. Elle choisit la première option.

Elle enleva ses chaussures et mit ses pieds dans le sable chaud. C'était vraiment agréable. Elle regarda deux enfants jouer dans la mer tout en avançant, et se dit que ça lui manquait un peu, l'insouciance.

Lorsqu'elle arriva au pied de la falaise, elle remit ses chaussures et escalada les quelques rochers qui la séparaient du sentier menant à son refuge. Elle était arrivée. Le phare, peint autrefois en blanc, semblait venir d'un autre siècle. C'était le cas d'ailleurs. La peinture se craquelait et des graffitis ornaient les murs de pierre. Le tout devait s'élever à une vingtaine de mètres, peut être une trentaine, et Chloé s'était souvent demandée comment ce bâtiment faisait pour tenir debout. Le haut du phare, d'une couleur rouge délavée, reflétait la lumière du soleil et éblouissait la jeune femme. Elle crut voir quelque chose bouger à l'intérieur, mais elle n'y fit pas attention. C'était sûrement un animal. Elle passa la main dans ses longs cheveux teints en bleu et s'engouffra dans le phare délabré.

Le monte-charge ne marchait plus depuis longtemps, elle prit donc les escaliers qui menaçaient de s'effondrer d'une seconde à l'autre. Pendant qu'elle montait, elle se demanda combien de temps cela prendrait-il pour que ses cheveux retrouvent leur ancienne couleur. Une teinture qui part en 8 lavages? Pff. Quelle arnaque. Cela faisait 3 mois et la couleur ne partait pas le moins du monde. Lorsqu'elle arriva en haut, elle alla près des fenêtres brisées et s'assit en laissant ses longues jambes pendre dans le vide.

Un craquement de fit entendre. Elle se retourna vivement et dévisagea l'intru.

Un garçon, d'environ son âge se tenait devant elle. Ses cheveux bruns et bouclés contrastaient avec ses yeux bleus glacier. Il semblait grand, mais Chloé ne pouvait pas juger sa taille car elle était assise, et lui debout.

"T'es qui? Et qui t'as dit que t'avais le droit de venir ici? cracha-t-elle.
-Vu comment tu viens de me parler je ne vais certainement pas te dire mon nom. Et il me semble que c'est une propriété privée et que c'est toi qui n'as pas le droit d'être ici.
-Je te demande pardon? Si ce phare était vraiment une propriété privée alors ses propriétaires s'en seraient occupés depuis longtemps.
-Pas forcément."

Il se tut. Elle ne dit rien. Il l'observa avec curiosité. Elle le dévisagea avec agacement.

Ce lieu était son refuge car c'était le seul lieu où elle pouvait être seule, et cet abruti venait la déranger? Ah non. Elle se leva et dit avec une voix calme mais qui reflétait son agacement :

Sun was shiningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant