Histoire de Corsaire

Chapitre 6

James inspira une grande bouffé et lança un regard circulaire sur la mer qui s'étendait à perte de vue. Seul les lumières lointaines du port brillaient encore à la surface de l'eau. Elle ferma doucement les yeux et aspira un grand coup. Les violentes rafales lui brûlaient les yeux et la gorge mais malgré cela elle aimait cet endroit. Elle frissonna, le vent transperçait ses vêtements et la traversée de part en part. Vérifiant la stabilité de son perchoir, elle s'allongea dans le cordage et se laissa bercer par le roulis du bateau. Lorsque le capitaine leur avait annoncé l'arrivé de Marine, elle n'avait pas compris les motivations du capitaine et même après l'avoir rencontré elle se posait toujours autant de questions. Pourquoi le capitaine l'avait-il donc enlevait ? Ce n'était certainement pas pour la fortune étant donné qu'aucune demande n'avait été faite et que le capitaine avait trop bon cœur pour faire appel à ces procédés. Alors pourquoi ? Cette fille n'avait rien d'exceptionnel, elle était même niaise et manquait clairement de confiance en elle ! Cette idiote ne s'habituerait jamais à la vie sur le bateau. James ne lui donnait pas plus deux de semaine, du moins c'est ce qu'elle avait parié, Antoine avait misé sur une semaine et Charles sur le premier combat. Seul Lizzie avait parié sur le fait qu'elle réussisse, mais tout le monde avait compris pourquoi. C'est perdu dans ses pensées qu'elle entendit soudainement un cri en contre-bas. Basculant le haut de son corps dans le vide afin d'identifier la provenance de ce son, elle remarqua une grande agitation au pied du mât. Plusieurs personnes agitaient leur bras en direction haubans. Maintenant sa position à l'aide d'un seul bras, James se positionna de manière à voir la cause de cet attroupement. C'est alors qu'elle découvrit Marine suspendu dans le vide à environ dix mettre du sol. "C'est pas vrai!" murmura James entre ses dents et elle s'élança pour l'aider. Arrivé à sa hauteur James l'attrapa par la taille est la projeta contre le point d'accroche le plus proche.

"Merci" murmura Marine d'une voix chevrotante.

"Ne monte plus jamais seul, avec ce genre de vêtements" lui répondit-elle d'un ton cassant.

"Je sais, mais je n'ai que ça" bafouilla Marine.

" Va voir Pierre il devrait pouvoir faire quelque chose et maintenant suis moi !" et James entrepris de désescalade suivit de Marine toujours tremblante de son aventure.

***

Les deux filles n'étaient plus qu'à deux mètres du sol, lorsqu'une bourrasque de vent s'engouffra dans les jupons de Marine l'arrachant aux haubans comme une vulgaire poupée de chiffon et se retrouva complètement emmêlée dans le cordage sous le rire de l'équipage.

"Quelqu'un peut enlever ces cordes s'il vous plaît", demanda Marine rouge de honte. Et sans qu'elle sache pourquoi les rires reprirent de plus belle.

"Allez, dép'chez-vous bande de con, vous pensez qu'elle va descendre t'te seule la gamine!" gueula une voix, tout le monde se retourna laissant apparaître un vieil homme qui clopina jusqu'à Marine.

" Ah ces jeunes j'vous dis pas...", quelques "D'solé le v'teran" fusèrent sur son passage. " Ce sont des gosses, j'ai connu les débuts de chaque personne sur ce rafiot " marmonna-t-il puis poussant un soupir en regardant la robe de Marine il l'entraîna avec lui vers la cabine de Pierre.

Après plusieurs minutes de silence Marine essaya d'entamer la conversation avec le vieux marin:

"- Vous avez l'air d'avoir une certaine notoriété auprès de l'équipage.

- J'suis l'plus vieux des hommes et dans ce métier on fait rarement d'vieux os. J'suis aussi le navigateur ici. Je m'occupe des passes dangereuses en mer et des calculs de direction. Continue tout droit, c'est la première cabine à gauche.

- Une dernière question s'il vous plaît", demanda Marine au vétéran qui venait de faire demi-tour. " Pourquoi l'équipage à rigoler quand j'ai demandé à ce qu'on me détache?"

Il l'a regarda un moment dans les yeux puis repris son chemin en déclarant: "Il n'y a pas de corde sur un bateau", puis disparu du champ de vision de Marine, la laissant seule et interdite.

***

Quelques coups timides se firent entendre contre la porte, Pierre laissa la voile qu'il venait de recoudre à côté de lui, puis maugréa un "entrez". Il détestait être interrompu lorsqu'il travaillait. Une jeune inconnue pénétra dans la pièce d'un air gênée et lui dit qu'on l'avait conseillé d'aller vers lui pour des habits. Il renifla agacé, on lui envoyer toujours les merdes comme s'il n'avait pas déjà assez de travail. La jeune fille était encore plus intimidée par son mutisme, mal à l'aise elle regarder d'un air hésitant autours d'elle. "Trop faible" pensa-t-il en la regardant, elle ne tiendrait jamais en mer.

"- Pourquoi avait vous besoin de ces habits? Comment devrais-je pouvoir vous en fournir si vous ne pouvez pas le faire vous-même?"

Elle rougit, mais le fixa dans les yeux sans ciller. Levant les yeux au ciel et mettant ainsi fin à la tension qui était apparu. " Procure toi du tissu et je verrai ce que je pourrai faire " déclara-t-il.

"J'ai peut-être ce qu'il vous faut" lui répondit-elle sortant plusieurs robes du sac de toile qu'elle avait apporté avec elle.

" C'est du beau travail " déclara Pierre en observant les ouvrages qu'elle lui avait apporté.

" Êtes-vous vous sûr de vouloir vous en séparer?" la questionna-t-il septique.

" Oui, je suis sûr ", lui répondit-elle, relevant la tête avec un air de défi.

" Si tu veux, je devrais avoir fini d'ici deux jour revient me voir d'ici là ". Puis repris son ouvrage afin de lui faire comprendre qu'il avait fini. Elle ouvrit la porte, puis se retourna vivement déclara:

" En fait, moi s'est Marine " et reparti en faisant bruyamment claquer la porte.

Pierre continua de fixer la porte d'un air rêveur, comment aller réagir cette jeune demoiselle qui n'avait jamais connu ni la faim, ni la misère. Craquerait-elle au bout d'une semaine ou bien serait-ce la naissance d'un nouveau tigre.

" Marine... " Murmura-t-il, " J'espère que tu as fait le bon choix Alex. " Puis reposant son ouvrage il s'empara des robes laissées par celle-ci.