Chapitre 4

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Les gens s'écartaient sur son passage. Heureux de la peur et du respect qu'il lisait dans leurs yeux devant son uniforme, il bombait fièrement le torse afin de bien le mettre en valeur. Le sergent Fernand fraîchement promu depuis peu faisait pour la première fois une patrouille nocturne. La satisfaction se lisait sur son visage et il faisait admirer son grade au premier venu. Il s'imaginait déjà arrêtant des contrebandiers ou encore des espions anglais. Plongé dans ses pensées il avait atteint la principal artère de la ville qu'il commençait à remonter, cette artère où les hôtels particuliers  se concurrençaient les uns les autres avec des devantures toutes plus travaillées que celle du voisin. Il rêvait devant devant ces façades se disant qu'un jour il habiterait ici après avoir été félicité, qui sait peut-être par le roi en personne, on ne sait jamais. Service rendu à la couronne à la seule énonciation de cette phrase un sourire éclaira à nouveau son visage. Service rendu à la couronne, il se répéta ses mots juste pour le seul plaisir de les entendre de nouveau.

Des cris l'alertèrent alors, quelque chose d'anormale se déroulait près de là, son visage s'illumina, il avait enfin son occasion. Il s'élança dans la direction du bruit.

***

Finalement ils se tapaient la bonne, tu parles d'une expédition, en plus avec James qui fait la gueule... Mais pourquoi le capitaine ne lui avait pas permis de participer à la diversion, c'était tellement plus rigolo. Et tout ça pour une demoiselle, décidément le capitaine avait le don pour se mettre dans les emmerdes.

Elle jugea brièvement la fille qui courait à côté d'elle et elle se revu deux ans auparavant. Allons donc, murmura-t-elle un sourire sur les lèvres, ce n'est pas si mal que ça une nouvelle fille sur le pont, puis elle bifurqua à droite.

Après quelques minutes de course, elle analysa rapidement la situation: personne ne s'était rendu compte de leur fugue et au final, ils n'avaient pas perdu tant de temps que ça à faire passer la gouvernante par la fenêtre, même si son cœur avait raté plusieurs battement pendant sa descente. Elle regarda rapidement le nom de la rue, encore trois bifurcations et ils y seront.

En repensant à ce kidnapping elle soupira et dire qu'elle s'était imaginée qu'après leur entrée fracassante tout allait se dérouler comme dans les livres. Malheureusement pour elle, elle n'avait été ni applaudis, ni admiré, mais plutôt ridicule sous le regard désespéré de James. Mais pourquoi avait-elle donc essayé d'en rajouter, elle était tout de suite devenue idiote. Plus que deux bifurcations avant la Sirène.

"- Halte là! Je vous arrête pour l'enlèvement d'une demoiselle!" Un jeune officier venait de nous rattraper essoufflé par la course.

Mince, elle avait parlé trop vite en disant que personne ne les avait vus et avec Marine elle ne pouvait pas riposter de face.

" - James t'en pense quoi? J'aurais bien envie de me dégourdir les doigts, mais avec Marine...

- Laisse tomber il ne faut surtout pas se faire reconnaître, on risquerait trop gros.

- Merde on fait quoi alors, on ne peut pas s'enfuir avec la bonne? dit-elle en regardant la gouvernante s'essoufflant à essayer de garder leur rythme de course.

- Tu te démerdes, c'est toi qui a accepter pour qu'elle vienne.

- Et maintenant c'est de ma faute, je te rappelle que c'est elle qui nous a forcé la main en nous menaçant d'alerter toute la maison si nous ne la laissions pas chaperonner la petite!

- J'ai compris, déclara alors la gouvernante. Je m'occupe de l'officier! Mon ange fait attention à toi d'accord, je ne veux pas que ces brutes s'en prennent à toi, dit-elle en se retournant vers Marine.

- Merci Anne... répondit celle-ci.

- Ne vous en faîtes pas madame, on veille sur elle gare à ceux qui lui veulent du mal!

- Je ne suis pas sûr de prendre ça pour une bonne nouvelle, répliqua Anne

- Hé...

- Mon ami est peut-être folle, mais digne de confiance, répondit James qui s'impatientait.

- C'est sûr ce n'est pas à toi qu'on dirait ça, répondit l'intéressée sous le regard noir de sa compagne. Bon courage madame!"

Et la gouvernante fit volte face laissant les ténèbres l'envelopper peu à peu.

***

Malgré tous ce qu'elle avait dit, Anne n'en menait pas large. Elle était tout simplement terrifiée. Étant une jeune fille de bonne famille, jamais elle n'aurait eu le cran de défier la justice. Les pas de l'officier s'approchaient peu à peu puis arrivé à son niveau, ils s'arrêtèrent. D'un air affolée, Anne courant vers l'officier s'écria alors: "Au secours monsieur, au secours, aidez-moi, ils ont enlevé Madame!" et mimant la pâmoison elle s'évanouit dans les bras de l'officier complétement dépassé.

***

Le sergent Fernand était furieux, il avait perdu de précieuses minutes à essayer de réveiller la gouvernante et les criminels avaient pu fuir. Si cette femme n'avait pas été là, il serait à cette heure ci en train d'être félicité par l'inspecteur en personne. Il lança un regard dégouté dans la direction de la bonne qui racontait avec émotion ce qui s'était passé avant l'arrivée du sergent. Cramoisi de rage il détourna le regard vers les dégât causés par la diversion. Pourquoi avoir orchestré cette mis en scène? Il ne comprenait pas. Devant les cendres de l'hôtel en ruine, ruminant sa vengeance, il se promit de retrouver la demoiselle disparu et d'arrêter les coupables. Devant cette nouvelle détermination il s'en retourna à l'inspection faire son rapport.

Histoire de CorsaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant