1. L'autre personnalité d' Alicia

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ALICIA :

Demain, je rends visite à mon frère. Il a rencontré la femme qu'il souhaite épouser et aimerait me la présenter. La vie nous a séparé, je le vois rarement, une fois par an, et parfois même moins. Il a une vie professionnelle très accaparante, tandis que moi, je suis volontairement introvertie. Je suis une jeune femme discrète, je ne parle jamais de ma propre vie. J'ai vingt sept ans, je vis seule à Lille. Je suis chroniqueuse pour un magasine féminin. Mes articles sont très féministes, et j'étais très critiquée par les journalistes masculins au départ. Je disais des vérités qui dérangeaient ces messieurs. 

Bref, aujourd'hui, je suis chroniqueuse en chef et mes collègues me respectent. Ce matin comme tous les jours, j'arrive au bureau, je salue mes collègues en faisant un signe de la main et embrasse mon amie Mia. Au début, ils étaient choqués que je les salue ainsi au lieu de leur serrer la main. Désormais, ils ne font plus attention. Avec mon travail, je rencontre beaucoup de monde mais je reste très superficielle. Il parait que je suis jolie, magnifique brune aux yeux verts. Je suis souvent sollicitée par les hommes, mais j'écarte toute relation amoureuse. La solitude me convient mieux, je cache de cette manière mon secret.

Je termine ma journée de travail, et prépare mon voyage de demain. Je suis heureuse de revoir mon frère, mais j'ai peur de l'affronter comme à chaque fois que je le vois, à cause de ma différence qui a commencé pendant mon enfance. J'ai peur de lui avouer et de le perdre ou qu'il ne la croit pas, me prenne pour une folle. 

Je prends la route pour tours, environ cinq cent kilomètres. Je pense à ma vie depuis ce jour fatidique où toute ma vie à basculer. Ce jour, où j'ai perdu ma vie d'insouciance d'une fillette. Je ferme les yeux, depuis ce jour là, les autres m'effraient. Je n'en ai parlé à personne, mon isolement me fait beaucoup de mal, et, je me sens comme une intruse dans ce monde. Je devrais être heureuse profiter des bonnes choses autour de moi, partager avec autrui, connaître l'amour, l'amitié. Bref, une vie normale. Ma seule vie sociale réside dans mes contacts avec mes collègues de travail.

Cette pénibilité de ma vie est pesante, et m'empêche de respirer à plein poumon. J'envie mon frère d'être normal. Je porte au fond de mon cœur des fardeaux que je n'aurais jamais dû avoir à porter. Et la culpabilité est l'émotion que je supporte le moins, mais celle qui est la plus présente dans ma tête. Je suis tourmentée, révoltée de l'être. Je ne peux rien y faire, ni en parler. Dévoiler cette capacité que je cultive me discréditerait auprès des gens qui m'entourent, y compris mes proches. Je ne désire pas en arriver à ce point critique. Bref, j'ai choisi la solitude en toute quiétude, et, je crois que l'ai regretté à maintes reprises. Mais, j'assume mes choix, et, je sais qu'il ne pouvait en être autrement.

Je rentre dans mon bureau, je consulte mes mails. Il existe une seule chose dont je suis fière et qui me valorise un peu, mon travail. L



Le secret d'AliciaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant