14 ans pour toujours [Autoédité]lien en derniere partie

Chapitre 5 : Incomprise

Dans mon entourage, personne ne s'inquiéte pour moi.

Pdv de Conor, son frère:

Ma sœur semblait mal en rentrant des cours, je ne l'ai jamais vue comme ça. Elle et moi cela fait maintenant quelques semaines qu'on ne s'adresse plus la parole, hormis quelques exceptions. Elle est de plus en plus réservée, distante et sort très souvent, trop à mon goût.
Je m'inquiète pour ma sœur, mais que puis-je dire ? Elle n'écoute plus personne...
Je pousse donc la poignée de sa chambre pour tenter d'en savoir plus sur son comportement actuel :

"Rach tu es sûre que ça va ?

- Oui ne t'inquiète pas Conor, j'ai juste besoin de rester seule ...

- D'accord." 

Elle me tourne le dos. 

Je me dirige donc vers la sortie et au moment de partir je me retourne et lui dis :

" Mais tu me dirais s'il se passait quelque chose ?

- Bah oui mais tout va bien je te dis !" 

Je sors donc de sa chambre le cœur lourd. Je viens de m'exposer à un mur et non à un être humain.
Rachel n'est plus la même.

Pendant notre petite discussion elle avait le regard fuyant, ailleurs...
Je ne voulais pas insister par peur de la brusquer, j'aurais peut-être dû.
Mes parents ne voient pas le changement d'humeur de Rachel, ils sont peu présents, trop de travail. Et quand ils rentrent la discussion reste tendue en général, ce n'est pas la meilleure ambiance pour se confier, c'est sûr !

● ● ●

Pdv de Rachel :

Je suis seule dans ma chambre à présent avec pour seule idée en tête, l'envie de me faire mal... J'ai envie d'oublier la douleur que j'ai au fond de mon cœur. 
Un cutter posé sur mon bureau attire plus particulièrement mon attention mais je décide de débuter mes devoirs pour chasser cette envie de mon esprit.
Je commence donc ceux-ci par mon exercice de français. Je suis ailleurs, je n'arrive pas à me concentrer, j'ai comme l'impression de planer.
J'ouvre mon tiroir de bureau à la recherche d'une règle mais je tombe sur une boîte de Doliprane que j'utilise pour mes maux d'estomac. 
Tout ce que je regarde me donne tant envie de me faire du mal...
Je croise mon regard dans le miroir. Je me trouve écœurante. Les larmes commencent à rouler sur mes joues, le maquillage s'estompe...
Je ne suis plus moi-même.
Je ne me reconnais pas !

Pour les personnes sensibles ne lisez pas la suite !

Vous devez vous dire que c'est la facilité pour éviter les problèmes, sauf que j'étais incontrôlable.

Je saisis mon cutter sur mon bureau. L'ouvre puis passe mon doigt sous la lame et la pose sur mon avant- bras. J'essaie de m'empêcher de faire une bêtise, j'essaie de fermer les yeux, de penser à autre chose, de mettre de la musique en route. Mais rien y fait, mon cœur ne cesse de se compresser.Et puis celle-ci finit enfin par effleurer mon poignet et je commence à appuyer, appuyer, appuyer toujours plus fort, à tracer des traits au cutter chacun signe d'une souffrance : tout d'abord pour Thomas, l'abandon amical, suivi de la famille, la culpabilité pour l'accident de mon ex, le cancer de mon grand-père, l'ex de Thomas, et bien d'autres encore !

Je prends tout de même garde à ne pas me couper une veine. Je remonte plus haut sur mon bras. Le sang commence à couler remplaçant mes larmes qui ne cessent de tomber. Je crie intérieurement, je n'arrive plus à m'arrêter. Fatiguée d'avoir pleuré je finis par me stopper, j'essuie le cutter et le referme. 

Après m'être ouvert l'avant-bras, je prends une compresse pour éponger et cacher ça à tout mon entourage. Je me bande la partie qui est abîmée et ne pense plus à rien.  La honte m'envahit en voyant ce désastre...

Pourquoi ai-je fais ça ? Pour un garçon, pour une situation que je n'ai pas su apaiser. Ce n'est pas ça avoir du caractère et affirmer ces idées. La Rachel qui est là est faible, vidée et incomprise. 

Je pars dormir les larmes aux yeux, l'avant-bras brûlant de douleur et le cœur léger.
Seul mot résonnant dans ma tête : Thomas...Thomas. Mon corps  a mal mais mon cœur, lui, n'a plus mal dorénavant.