Où es Tu ?

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La pluie battante me réveille. Elle fait tellement de bruit, j'ai l'impression que c'est dans ma tête qu'elle résonne. Il fait froid, je le sens quand un petit courant d'air vient m'effleurer le visage et me faire trembler. J'ai l'impression de vivre alors qu'hier j'étais morte. Ce n'est sûrement qu'une impression mais c'est le flou total dans ma tête. 

Je ne sais plus qui je suis...

Je ne sais plus quoi faire...

Je ne sais plus comment je suis arrivée là, pourquoi je suis là et même ce que je fais là... Mais je sais une chose : il y a quelque chose qui me gêne sur le flanc droit de ma poitrine. Pourtant, aussi bizarre que cela puisse paraître, je ne ressens rien. Je n'ai toujours pas ouvert les yeux, je n'ai pas bougé, même pas d'un millimètre et je n'ai pas l'intention de rester ici longtemps. J'ai envie de voir ce qu'il y a sur ma poitrine et voir où je suis car - je le répète - je ne sais même plus comment je suis arrivée là ni où c'est "là". 

J'ouvre un oeil et le noir s'étale devant mes yeux. Après deux minutes d'attente, ils s'habituent à l'obscurité et je peux enfin un peu observer mon environnement. Je suis allongée sur un matelas tout sale posé à même le sol d'une pièce toute poussiéreuse. Mais de ce que je vois, c'est le grand bazar, il y a de tout : des armoires, des mannequins, des livres, des valises, des cartons, et de la poussière partout.

Je finis par trouver un miroir et m'observe. L'image qui m'est renvoyée est celle d'une grande fille dont les cheveux bruns ondulent jusqu'aux omoplates. Mes yeux noirs ne se voient même pas dans cette pénombre mais mon ample chemise de nuit blanche se remarque nettement mieux. Apparemment, cela fait assez longtemps que je suis dans cet endroit puisque mon corps est très sale.

Quelque chose attire mon regard : mon flanc droit. Je le regarde et observe du rouge s'étaler. Quelque peu paniquée, je soulève mon haut et remarque un hématome de la taille de ma paume de main. Le trou est bien présent au centre avec du sang prenant plaisir à couler.

Je décide enfin de faire quelque chose. Hors de question de rester ici à ne rien faire. Remarquant une porte, je pose ma main gauche dessus et avec la droite, essaie de l'ouvrir. Mais elle est coincée. Je cogne contre celle-ci pour avertir des gens de ma présence mais personne ne me répond. Je passe donc de nouveau la pièce au rayon X, à la recherche de quelque chose qui pourrait m'être utile...

Là, assise dos à la porte et en pleine de désespoir, je me demande comment faire. J'ai fait le tour de la pièce sans trouver quelque chose pouvant me servir. Et lorsque je commence à sentir mes yeux s'humidifier, mes larmes sont chassées par un "Non, ne pleure pas ! Après, tu n'y verras plus rien. Et s'il y a des insectes ou des souris tu ne les verras pas et tu te feras manger." Je baisse la tête vers le sol et remarque alors un objet brillant à travers celui-ci. En m'en approchant, j'y observe une latte décollée et trouve une trappe. 

Le sol grince, les escaliers aussi. Les murs grincent, le reste de la maison aussi. Je ne sais même pas si on peut appeler ça une maison... Il y a des portes, des escaliers, et encore des portes, puis un couloir mais tout est sombre et sale. Un bon coup de ménage serait utile. Puis encore un escalier, une porte, puis une autre. Je veux sortir d'ici ! Des escaliers qui montent et d'autre qui descendent. Je vais finir par me perdre. 

Un escalier me fait descendre, et sur le côté droit se trouve une porte différente car entrebaillée avec une poignée arrachée. Ma curiosité l'emporte. Je pose ma main dessus et une impression de déjà vu me saisis, comme si j'étais déjà passée par ici. Poussant la porte, je sens une odeur familière. 

Une pièce blanche avec pleins de draps blancs étalés partout sur le sol et les meubles se présente à moi : c'est une lingerie. J'aperçois alors quelque chose au centre de la pièce. C'est encore du blanc mais pas de la même couleur que les draps. Je m'en approche avec précaution mais mon sang ne fait qu'un tour pour ensuite se glacer les secondes qui suivent. Devant moi, une fille de grande taille est assise, adossée au mur. Ses cheveux bruns et bouclés s'étalent doucement sur son crâne tandis chemise de nuit blanche fait agréablement ressortir le noir de ses yeux. Pour compléter le tableau, un trou béant de sang se trouve sur son flant droit. Cette fille me ressemble énormément, à la seule différence, qu'elle est morte.

FIN

Où es Tu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant