Aïcha, 15 ans, rohingyaise persécutée.

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L'histoire d'Aïcha -
« L'humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l'humanité. »

Samedi 5 mars 2016, Sandoway, état d'Arakan en Birmanie.

O M N I S C I E N T

Depuis des années, les Rohingyas, minorité musulmane en Birmanie, subissent des exactions inhumaines. Viols en réunion, massacres, meurtres, tortures,.. le " peuple " Rohingya est considéré aujourd'hui comme l'une des minorités les plus persécutées du monde.

Ashin Wirathu, moine bouddhiste de quarante-six ans est probablement l'effigie du mouvement islamophobe. Cet homme prône franchement une apartheid entre bouddhistes et musulmans et mène une persécution engagée contre cette minorité de huit cent milles personnes installées dans l'état d'Arakan, à l'ouest du pays.

Voici le récit d'Aïcha Mossamat, âgée de quinze ans et issue d'une grande fratrie dont la moitié a péri.

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A Ï C H A

- « Relâchez-les ! Par pitié, je vous en supplie ! Je ferai tout ce vous me demanderez ! » supplia la jeune Rohingyaise, se débattant afin de sauver ses frères.

Les deux soldats birmans devant moi me regardèrent, un sourire moqueur scotché à leurs lèvres tandis que celui qui me retenais relâcha légèrement l'emprise qu'il avait sur moi. Je pouvais sentir son souffle chaud dans mon cou, je savais pertinemment ce qu'il allait m'arriver, mais je fermais les yeux, me disant que je préférais souffrir que voir souffrir mes deux petits frères.

— « Apportez moi la fille ! Et emmenez les deux garçons avec vous. »

Le soldat qui me tenais me jeta subitement à leur chef. J'étais à présent entre leurs mains et mes deux frères aussi, j'avais échoué à ma mission : protéger mes deux petits frères, les seuls qu'il me restait. Je les regarde une dernière fois, avant de disparaître dans la pénombre avec cet homme terrifiant, une pointe d'amertume en moi. J'aurais aimé me sauver, j'aurais aimé crier ma haine au monde entier, j'aurais aimé que mes yeux puissent parler, ils auraient crié à mes frères de me pardonner et de ne jamais m'oublier. J'aurais aimé, seulement, je suis emprisonnée.

— « On va bien s'amuser toi et moi, crois moi. » chuchota le soldat à mon oreille, perversement.

Vide d'émotions, je ne pouvais pleurer, mes larmes n'atteignaient point mes yeux, ils étaient enfouis dans mon coeur. Je contemplais le mur se trouvant à ma gauche, presque détruit par les balles, comme mon cœur. Le liquide rougeâtre coulait sans s'arrêter de mon entre jambe sur les draps blancs. On m'avait retiré ce qui me rattachait encore en mon espoir en l'amour. Ils m'avaient marqué à tout jamais.

Début mars, le soleil battait son plein et les oiseaux chantaient, mais, mon âme à moi pleuvait de consternation.

Plongée dans un océan d'affliction, de prostration et de douleur, je nageais avec peine car je savais que j'étais déjà noyée de désespoir avant l'heure.

— « On peut dire que j'encule l'Islam maintenant, hein ma salope ? » dit-un homme tout en remontant sa braguette.

Les autres hommes rient également puis ils se levèrent et partirent, me laissant seule sur ce lit, anéanti par la vie.

O M N I S C I E N T

Le soleil venait de se coucher, et à mesure, le désespoir d'Aïcha et des milliers de femmes enfermées avec elle, se mettait à grandir tel une créature monstrueuse, hors de contrôle.

— « Toi ! Viens avec moi. » cria un des soldats birmans en pointant Aïcha du doigt.

Les femmes scrutaient la jeune fille, peiné pour elle, mais celle-ci affichait un sourire victorieux sur son joli visage hâlé, abîmé par ces hommes.

Il l'emmena jusqu'à une chambre où un simple couteau était déposé sur le lit afin de menacer la jeune fille au cas où.

L'homme commença à déshabiller Aïcha, qui, se débattait sans cesse, lui lançant des coups notamment dans ses bijoux de familles. Le soldat empoigna le couteau et déposa la lame sur la gorge de la jeune fille, celle-ci cessa de se débattre et afficha encore une fois son sourire victorieux à ses lèvres.

- « Tue-moi, allez. Tue-moi. Fais le, si il te reste ne serait-ce que le peu de virilité dont tu disposes. »

— « Ferme ta gueule. » dit sèchement l'homme, tout en continuant de déshabiller sa victime.

- « C'est donc ça que sont devenus les hommes ? Violer pour montrer leur supposée force, c'est ça la virilité ? C'est ça être un homme ? » fit-Aïcha, moqueuse.

— « Tu veux que je te montre ce que c'est un homme ? C'est ça que tu veux ? » énervé, l'homme enfonçait de plus en plus la lame.

- « Tue-moi alors. Prouve le moi, j'en serais ravie, je serais morte avant que ce malheur ne s'installe comme il faut. TUE MOI, ALLEZ MONTRE-MOI. » ne voyant aucune réaction de l'homme, Aïcha continua. « Lâche, dans tout les sens du terme, c'est ce que tu es. »

Lassé des insultes de la jeune femme et apte à lui montrer sa virilité, il enfonça le poignard dans la gorge de la jeune fille. Celle-ci eu un simple rictus et sourie, agonisant et se vidant de son sang, le soldat regretta subitement tandis qu'Aïcha affichait son plus beau sourire, enfin libre.

La jeune femme était à présent morte, l'Ange de la Mort avait emporté son âme et celle de son futur enfant. Ils avaient sûrement rejoints le Paradis, après toutes les épreuves que leur avait éprouvé le Tout Puissant.

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« L'humain ne l'est plus. »

@MentalStoique

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 08, 2017 ⏰

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