1-Jack

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   Mes yeux vides d'émotions se rivent sur l'écran de mon téléphone qui affiche l'image d'une belle fille rousse aux yeux pétillants. Les larmes commencent à s'accumuler sur mes joues et mes yeux trempés sont rouges et cernés.

   Avant, je ne pleurais pas, je me retenais sans cesse pour que ces larmes n'atteignent pas mes yeux. J'essayais de rester calme et de regarder le vide en pensant à elle.
Mais maintenant, tout a changé. Mon monde n'est plus le même.
Je ne suis plus le même depuis qu'elle est partie. Et je sais qu'elle ne reviendra jamais...

   Le car s'ébranle avant de s'arrêter brusquement sans que j'y fasse attention, mes yeux en larmes restent toujours rivés sur le corps parfait de Abby: son corps si beau est habillé d'une belle robe de soie et ses épaules frêles sont recouvertes d'un gilet de football portant le numéro 3: mon gilet, mon numéro. Ce numéro qu'elle disait être celui du bonheur. Ses longs cheveux roux volent au vent tandis que ses magnifiques yeux chocolats regardent l'objectif avec bonheur.

   Un cri retentit soudainement dans mes oreilles et je me retourne brusquement,chassé de mon monde triste et terne.
«-Jack! Magnes toi on va être en retard au match!»
Une tignasse brune est penchée sur moi, ses yeux verts rivés dans les miens, comme s'il y attendait quelque chose. Je bougonne quelque chose de quasiment inaudible et prend mon sac en lançant un regard noir à Sam qui se tient devant moi. Normalement, Sam est censé être mon meilleur ami.
Je dis bien censé parce que avoir un meilleur pote populaire et capitaine de l'équipe de football on ne va pas dire que c'est très plaisant; surtout lorsque je le regarde draguer toutes les filles qu'il croise à longueur de journée.

   Je me retire finalement de mon siège en rangeant mon téléphone dans ma poche et rive mes yeux vairons vers le garçon qui restait à côté de moi à observer mes yeux comme s'il se passait quelque chose d'anormal dedans.
«-J'avais jamais remarqué à quel point tes yeux étaient vairons comme ça. C'est ouf quand même! T'as une pupille bleu et l'autre verte!»

   Je lui lance un regard des plus glaçant. En ce moment même, j'ai envie de lui sauter dessus et de lui mettre mon poings dans la figure. Il sait bien qu'évoquer mes yeux est tabou. Depuis sa mort, depuis la mort de la plus grande adoratrice de mes yeux si vairons.

   Je me dirige vers le gymnase sous le regard hébété de mon ami, qui reste planté à l'entrée du car, bouche bée.
Arrivé à l'intérieur, je vois tout de suite Clarisse, une pompom girl qui se dirige vers moi. Ses cheveux châtains retombent sur son dos et ses vêtements trop courts tombent sur son corps que les sportifs observent avec attention. Ses yeux châtains sont rivés dans les miens et elle me sourit d'une manière artificielle.

   Je ne fait pas attention à elle et continue mon chemin mais lorsqu'elle arrive près de moi et qu'elle me prend par les épaules, je suis obligé de m'arrêter. Je lui jette un vague coup d'oeil tandis qu'elle me regarde, toujours souriante. Elle me dévisage et, finalement me demande:
-Tu me dis pas bonjour Jack?
Elle fait une fausse moue boudeuse et je lui fait un vague signe de la main en lui marmonnant un bonjour quasiment inaudible.

   Deux minutes plus tard, je commence à vouloir m'en aller et prend la direction des vestiaires quand elle me pose une question:
-Tu sais où est Sam? J'aimerais lui parler.
Elle me regarda dans l'espoir de trouver une réponse dans mon regard et je lui montre l'entrée du gymnase ou une tignasse brune vient d'entrer. Mon ami fait un signe de la main à sa petite amie et elle se dirige vers lui en vitesse tandis que je me dirige vers le vestiaire bondé de sportifs en boxer.

   Quand j'arrive sur le terrain, j'aperçois l'équipe adverse qui accourt au centre: il sont assez petits mais musclé et ont l'air hargneux.

   Lorsque l'arbitre siffle le commencement du match, mon équipe se met à courir après le ballon tel un chien allant chercher sa balle. Autrefois, je les aurais suivi, j'aurais foncé dans le tas en souriant à Abby qui m'aurait​ regardé en m'applaudissant et j'aurais marqué un but sous le regard habitué des spectateurs. Mais ça, c'était avant.
Avant que mon monde ne se brise, avant que je ne me renferme sur moi même.

RavenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant