Raven

6-Raven

Le lendemain, elle se réveilla les cheveux en pagaille et la bouche pâteuse, ses membres encore endoloris par l'alcool.
Elle avait encore la sensation qu'elle avait eu au cours de la soirée: cette sensation de voler sous l'effet de l'alcool, comme si tout ses problèmes s'estompaient.
Elle se leva en silence et se dirigea lentement vers la salle de bain. Lorsqu'elle s'aperçut dans le miroir, elle eu tout d'abord une expression d'horreur avant de se ressaisir et de voir que ses traits fatigués et que ses mèches rebelles n'étaient rien comparer à d'habitude. Elle s'habilla en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller sa petite soeur qui dormait encore paisiblement.
Mélissa était une petite fille aux courts cheveux roux et qui avait des yeux bleus remplis de malice. Elle dormait avec Raven et ne pouvait jamais se lasser de sa compagnie. Bien sûr, comme toutes les petites filles de son âge, elle dévorait les livres de conte de fée et rêvait de devenir une princesse mais bien évidemment, comme sa soeur elle ne pouvait pas sortir sans prendre un livre et son petit mp3 usé dont elle était super fière.

Raven dévala alors silencieusement les escaliers, le moral remonter à bloc en sachant qu'elle n'allait pas avoir cours de l'après midi et que sa petite soeur serais là.
Elle prit son petit déjeuner et coiffa ses cheveux roux de façon à ce qu'ils forment une queue de cheval désordonnée et remplie de boucles rousses. Elle entendit des pas dans l'étroit escalier et se dirigea vers le bruit. Elle aperçut ne petite bouille entourée de longs cheveux roux et raides. La petite fille avait une peluche dans la main droite et ses petits yeux bleus étaient encore fatigués.
-Qu'est ce que tu fais la Mélissa?
Raven regarda la petite fille d'un air qui se voulait sévère mais ne pu s'empêcher d'émettre un petit sourire lorsque sa petite soeur lui répondit, sa petite bouche toute tremblante.
-Je voulais te voir. J'ai fait un cauchemar.
Elle soupira doucement avant de se diriger vers elle pour l'embrasser sur la joue:
-Je sais: je t'ai entendu crier. Mais tu dois dormir si tu veux être en forme pour l'école.
Elle lui fit un grand sourire et lui dit d'une petite voix niaise qu'elle seule savait faire:
-Mais tu sais, z'ai pas besoin de dormir pour avoir la patate. C'est quand je te vois que z'ai la patate.
Elle avait souvent ce petit zozottement léger lorsqu'elle disait des choses gentilles ou quand elle était troublée.
-Oui mais si tu veux pas avoir une méchante maladie et des mauvais microbes alors il faut dormir.
-Comme maman?
Le visage de Raven s'assombrit aussitôt et elle essaya d'éviter le regard de sa petite soeur qui attendait une réponse.
-Oui. Comme maman.
Ces mots lui étaient difficiles à prononcer étant donner la maladie de leur mère. Elle avait le cancer du sein depuis peu et elles ne les voyaient quasiment plus que le soir, lorsqu'elle rentrait de ses chimios. Le docteur disait que son état empirait de plus en plus et qu'il fallait s'occuper d'elle pour qu'elle aille mieux même si ce n'était pas gagner. Il fallait qu'elle se repose, même si elle ne le voulait pas. Elle avait toujours était de ces femmes qui se battent, qui s'occupent de tout dans la maison et qui s'obligent à aller au boulot malgré la maladie. Raven avait toujours penser qu'elle était la femme la plus courageuse qu'elle connaisse. Elle avait vécu la mort et la maladie et elle était quand même rester courageuse et ne pleurait jamais devant ses filles. Parfois, des sanglots en provenance de la cuisine résonnaient dans l'appartement mais, des que Raven descendait les escaliers pour voir ce qui se passait, elle essuyait ses larmes d'un geste brusque et lui souriait de son petit sourire faux- qu'elle arborait désormais tellement souvent que c'en était devenue naturel- et disait à la belle rousse de retourner dormir.

-Raven ? Qu'est ce qu'il y'a?
Sa petite soeur la ramena brusquement à la réalité. Elle l'a regarda avec un sourire bienveillant:
-Rien. Je suis juste un peu... fatiguée. Et toi: vas te coucher sinon je vais me fâcher!!
Elle fit mine de lui donner une fessée ce qui fit hurler de rire Mélissa. Quelques secondes plus tard, elles entendirent des pas dans l'escalier et se figèrent.
-Maman? C'est toi?
Juste à ce moment là, une tête rousse avec les joues creuses, l'air plus fatigué que jamais et les yeux vert pâle apparut en haut de l'escalier. Elle souriait mais son expression y laissait entrevoir une profonde douleur.
-Oui... Mélissa peux tu aller te coucher s'il te plaît?
Mais mélissa ne l'écouta pas et se rua vers elle pour l'embrasser et la serrer dans ses bras. Leur mère fit une grimace de douleur mais se laissa faire. Puis, Mélissa se dirigea en courant dans sa chambre.
-Qu'est ce qu'il y a maman?
Raven se précipita vers elle pour l'aider à mieux descendre les escaliers.
-Rien ma chérie. J'ai juste une petite migraine. Je vous ai entendu et je savais que si je n'intervenait pas, tu serais en retard.
Elle sourie à sa fille d'un sourire protecteur avant de se diriger vers la cuisine.
-Tu as besoin de quelque chose?
-Je vais juste boire un verre d'eau. Ne t'inquiète pas ma chérie c'est pas cette putain de maladie qui va anéantir ta mère.
Raven se figea. Elle détestait quand sa mère parlait comme ça. Comme si sa maladie n'était pas importante. Comme si c'était un petit rhume de passage ou une vilaine grippe qui partirais dans la semaine. Car c'était faux: ce n'était pas un de ces petites maladies que l'on attrape en prenant frois; c'était un véritable cancer, comme ceux que l'on voit dans les films; mais ce n'était pas un film: Raven savait que, si on ne s'occupait pas assez d'elle, elle allait mourir en lassant ses petites filles grandir seules, sans parents; orphelines.

Un gros son retentissant la sortit de sa rêverie. Le son provenait de la cuisine et, l'espace d'un instant; la peur l'engloutit. Son coeur battait à 100 à l'heure et elle était presque sur que l'on pouvait entendre ses battements cardiaque à des kilomètres à la ronde. Elle sortit de sa torpeur et courut jus que dans la pièce voisine. Elle s'apprêtait à voir le corps évanoui de sa mère; ses longs cheveux roux éparpillés autour d'elle et son tain pâle et fatigué endormi mais, au lieu de ça, elle y trouva une jeune femme avec un grand sourire qui ramassait une casserole en fredonnant une chansonnette qu'elle connaissait très bien. Elle soupira de soulagement et sourit en voyant sa mère toute enjouée.
La jeune rousse prit un verre qu'elle remplit d'eau avant de le boire lentement; gorgée après gorgée. Ses lèvres étaient encore toutes rêches. Sans doute à cause de l'alcool de la veille; et ses paupières encore lourdes. Cette fois ci, elle mettrait du maquillage pour la première fois. Cela se voyait trop qu'elle avait bu hier. Et elle ne voulait pas qu'on la prenne pour ce qu'elle n'était pas; à savoir une alcoolique qui se bourre quand l'occasion se présente.

Elle contemplait son reflet depuis quelques instants déjà et remarqua que ses joues, plus creuses que d'habitude, formait presque un trou dans sa peau et ses yeux vairons étaient encore tout endoloris.
Raven prit le tube de fond de tain dans ses mains et s'en étala lentement sur le visage, recouvrant ses pores déshydratés et ses boutons. Puis, pour la première fois, elle saisit le tube d'eyleyner de sa mère et l'appliqua lentement sur ses yeux, les entourant d'un noir sombre presque inquiétant mais qui soulignait magnifiquement ses yeux bleus et verts pétillants. Puis elle appliqua du baume sur ses lèvres gersées et crispés avant de se diriger vers la porte d'entrée. Son sac pendait mollement sur une chaise, attendant d'être pris.

Lorsque le vrombissement familier de l'autobus s'éloigna, Raven se dirigea lentement vers le lycée, se demandant ce que cette journée lui réserver car après tout; après la soirée d'hier, ce serait presque impossible que le garçon ne lui jette pas ne serais ce qu'un coup d'oeil.
Et justement, lorsqu'elle leva les yeux de ses chaussures, elle vit un regard vairon se planter dans ses yeux avec une lueur de peur et d'appréhension avant qu'il ne détourne les yeux pour rejoindre ses amis comme si de rien était.