L'expérience XY

Chapitre 1

Monaco, 2012.

Bon, t'as fini oui ?
Dans l'encadrement de la porte, je me tenais stoïque, les bras croisés et fronçant les sourcils.
-Fini quoi ?
-De m'en vouloir !
-Peut-être.
Je lâchais un soupir désespéré.
-Quoi ? ...
- C'est trop dur de rester fâché contre toi Kim-Lo.
Je poussai un cri de joie et fonçai sur le lit où mon frère était assis. C'était ça le truc avec lui. On ne restait jamais fâché bien longtemps, et pourtant, c'était avec lui que je me querellais le plus.
-Ça te dit une glace ? Une glace de la réconciliation !
-Si il faut qu'on mange une glace à chaque réconciliation je me fâcherai plus souvent contre toi.
Je lui envoyais un oreiller.
-Vorace ! Allez grouille toi ! Le dernier arrivé en bas paye !
Je filai dans ma chambre et enfilai le premier jean qui me tombait sous la main, puis, précipitai dans les escaliers. À ma grande déception il était déjà dans le salon.
- J'espère que tu as pensé à prendre des sous ! me dit-il en souriant. Je roulais des yeux, remontais prendre de l'argent et le rejoignis devant la porte.

Nous arrivâmes au bord de la plage, ornée d'un magnifique couché de soleil, Lex et moi courions sur le sable encore chaud et doré. Je me précipitai en direction de la vieille roulotte du marchand de glaces :
- Deux boules vanille et deux autres à la pistache s'il vous plaît !
Le marchand était un veux monsieur barbus aux yeux marrons, toujours très sympathique avec nous. Parfois il nous glissait des barres de chocolat avec ou nous faisait un prix car on devait probablement être ses plus fidèles clients. Il se retourna pour préparer les glaces et me les tendit :
- Deux glaces pour les jumeaux !
- Merci  John !
Je déposai la monnaie sur le rebord trop élevé, saisis mes cônes glaces  puis je retournai vers mon frère en prenant soin de ne rien renverser.
On aimait passer nos après midis ici à jouer dans l'eau ou à chercher des crabes. La plage était notre deuxième maison, notre refuge quand les choses allaient mal. Nous avions même trouvé une crique secrète et aménagé un coin pour nous avec des matelas gonflables, des transats et des vieux coussins issus de notre ancien canapé.

Ce jour là nous avions marché des heures au bord de l'eau en discutant de choses et d'autres. 

Il commençait à se faire tard, et je proposais de rentrer.
- Le premier arrivé à la maison ! me lança Lex sur un ton de défi. Mais avant que je n'aie pu dire quoi que ce soit, il s'était déjà éloigné en courant.
Je l'imitais, croyant aller dans la bonne direction, mais au fur et à mesure que l'obscurité prenait place, j'avais du mal à retrouver mon chemin.
Je ne sais plus comment, mais j'atterris près de la résidence des touristes, c'est-à-dire, près des caravanes où ils passaient l'été. C'est à ce moment-là qu'une ombre apparut, grande et menaça, pourtant affirmant ne voulant me faire aucun mal. Je criais, je voulais me débattre, mais j'étais paralysée.

- LEX !!! LEX !!!