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La baie vitrée du salon de beauté permettait de voir la population qui défilait sur les trottoirs, chaque personne vaquait à leur occupation. Comme ce groupe d'adolescentes qui riaient à gorge déployée, insouciantes, ( Je les enviais, je ne sais pas ce que je donnerais pour retourner à cette époque de ma vie). Où encore ce type qui portait un polo rouge, il promenait son chien en pianotant sur son portable, un sourire niais plaqué sur son  visage. Mes yeux se posèrent sur une dame qui, devant le café en face, grondait son fils d'à peine 5 ans. Mon cœur se serra.

-Félicitations Claire ! S'enthousiasma Dorry à côté de moi.

Je sortis de ma torpeur et roule discrètement des yeux. Elles ne faisaient que jaser, surtout Miss Dorry.

-Qu'est-ce que t'en penses Ash ? Demanda-t-elle de sa voix nasillarde.

Mo i? Ce que j'en pensais ? De quoi parlaient ces pies déjà ?

-Euh..., je passai nerveusement une mèche blonde derrière mon oreille.

Deux paires d'yeux étaient braqués sur moi, attendant une réponse.

Une réponse qui ne vint pas.

Claire esquissa une moue déçue, ce qui la rendit adorable.

-Ne fais pas attention à Ashley, dis Dorry en balayant l'air de la main. Je suis tellement heureuse pour toi ma chérie.

Sa voix m'écoeurait. Elle parlait comme un canard, non, plus précisément, comme Donald Duck.

Assise derrière la caisse du studio de beauté de madame Frisky, ma patronne qui vivait à Paris et qui envoyait les accessoires, les uns plus chics que les autres (elle avait du goût en dépit de ses 52 ans) je rentrai les chiffres en pianotant sur le clavier. J'étais comptable et aussi adjointe de la patronne avec le droit de révoquer et d'embaucher qui je voulais. Claire était nouvelle, elle a avait été embauché après le départ de Milie qui a démissionné pour je ne sais quoi, les ragots ne m'intéressaient pas et la vie des autres encore moins, contrairement à Dorry qui ne vivait que pour ça.

La cloche de l'entrée tinta, annonçant la venue d'une cliente.

-Celle là à l'air un peu friqué chuchote Dorry en analysant rapidement la nouvelle arrivante, je la prends!

Elle quitte le comptoir. Claire pouffe.

-Elle ne changera pas, je vais faire quelques arrangements.

Elle s'éloigna elle aussi me laissant seule avec moi même.

La clientèle était un peu réduite en ce beau milieu de journée, mais des bruits fusaient, des potins plus intéressants que d'autres. Si on voulait être au courant de quelques chose, même celles sans la moindre importance, rendez vous au Graceful Studio .

Il était 5h quand je regagnais paisiblement ma demeure. Dès que j'ouvris la porte d'entrée, une bonne odeur de nourriture emplit mes narines.

-Mike?

Il était rentré plus tôt que d'habitude.

Je déposai mon sac ainsi que mes clefs sur le canapé avant de me diriger dans la cuisine.

-Ça sent bon, qu'est-ce-que tu prépares ?

Je m'approchai de Mike, passai mes bras autour de sa taille avant de déposer ma tête sur son large dos nu et musclé et je fermai les yeux . Son odeur était sensuelle et apaisante. Je plantai mes doigts dans la chaire de son ventre plat. Il était sexy, beau, je l'aimais de tout mon co...

-Bonne journée poussin ? Questionna-t-il en me regardant par dessus son épaule.

Je claquai une bise sonore sur la ligne de sa colonne vertébrale et le mordit. Il grogna avant de pouffer.

-Tu prépares quoi chéri ?

Je n'avais pas envie de lui parler de mes journées, il n'y avait rien a dire.

-Des lasagnes, comme tu les aimes.

-Miam !

Je me mis sur la pointe des peids et le regarda couper avec expertise des oignons par dessus son épaule.

-Je t'envie quand je te regarde t'actionner aussi bien au fourneau, alors que moi je suis si nulle.

Il rit d'un sourire moqueur.

-Te moque pas.

-Ma femme est une chef, railla-t-il

-Ouais c'est ça.

Je me détachai de lui en boudant.

-Reste là, j'aime bien quand tu es derrière moi comme ça.

-Tu te moques de moi, fiches moi la paix, fis-je faussement vexée.

Il se retourna et me saisi par les mains, ses yeux brillaient, je crois que les miens aussi. Il me rapprocha de lui, ses yeux toujours fixés aux miens. Il s'humecta les lèvres, il savait que ça me rendait folle quand il le faisait.

Je souris, fermai les yeux pour mieux goutter le plaisir qu'il allait m'offrir.

Il glissa le dos de l'index et du majeur sur ma joue. Ils sentaient l'oignon, mais je préférais garder ça pour moi. Ses lèvres se posaient enfin sur les miennes, elles étaient douces. Je l'attira à moi en passant mes bras autour de sa nuque.

-Je t'aime Ash.

-Moi aussi.

Je l'aimais vraiment, je l'aimais j'en étais sûre, mais...

J'accentuai le baiser en me pressa contre lui fermement, notre langue bougeaient en un rythme effréné. Il grogna.

Je voulais le sentir en moi, je voulais sentir cette vie en moi, sentir la vie en moi...

-Ash, tu pleures, murmura Michael en me regardant avec anxiété, ça va ?

Je pleurais ?! Ah, je n'avais pourtant pas senti les larmes dévalés mes joues.

-Je n'ai rien..c'est rien...mentis-je en essuyant rapidement mes larmes du revers de la main.

Il me poussa doucement, et encra ses iris aux miens. Je détournai la tête.

L'intensité de son regard me gênait, me brûlait la peau ce qui me poussa à fixer mes ballerines. Je levai timidement la tête, sans me quitter des yeux, il s'accouda au comptoir avant de glisser nerveusement ses doigts dans sa tignasse brune. Ça le bouleversait et ça me torturait de le voir si mal.

-Je suis tellement désolé Ashley, fit-il dans un souffle.

Je savais que ça le désolait, je voulais le rassurer mais aucun son ne franchit mes lèvres. Il était navré, je le sais, son beau regard bleu électrique était rempli de tristesse, ce qui fendit mon cœur.

Ma vue se brouilla, je sentis les larmes se former au coin de mes yeux mais je ne voulais pas pleurer, en tout cas pas en sa présence.

Soudain un son s'éleva dans l'autre pièce. Mon téléphone n'aurai pas pût choisir meilleur moment de sonner.

-Je dois répondre, je dis en laissant la cuisine.

Ça ne suffit plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant