Secret Memory

Chapitre 3

Le lendemain matin, Sacha et Lucile me dirent bonjour, mais Alice m'évita ainsi qu'Ethan, sûrement mis au courant de la situation.

Cette atmosphère taciturne, sinistre. Je la redoutais mais je savais qu'elle allait être présente.

Un peu plus tard dans la journée, ma mère arriva.

Elle était venue car Sacha l'avait appelé mais elle n'était pas au courant de ce qui s'était passé hier.

Ils lui racontèrent puis, Sacha prononça « Tu dois lui dire. ».

J'avais le cœur au bord des lèvres. Au vu de cette phrase, cela voulait dire que j'avais raison ! On me cachait bien mon passé.

Maintenant,j'allais enfin savoir.

Ma mère tremblait. Quand elle commença à ouvrir la bouche, mon angoisse s'amplifia.

Puis elle dévoila ces quelques mots : « Tu te souviens de ton père ? »

Je ne m'attendais pas à cette question. Mais maintenant que j'y repensais, je n'avais jamais posé de questions sur lui. Comment était-il mort ? Où était-il enterré ? Plus j'essayais de m'en rappeler plus il me paraissait incertain. Je lui répondis :«

- Vaguement.

- Et qu'est-ce que tu peux te rappeler de lui ?

- Je me rappelle qu'on était tous allé au parc, il souriait, une autre fois il me tenait par le bras, pour aller au magasin je crois, et ...

- Et ?

- Et une autre fois il ... Il était dans le canapé avec les pieds posés sur la table basse où plusieurs bouteilles d'alcool vides étaient disposées en vrac.

- C'est tout ? ... Et... Quelle impression te donne ces souvenirs sur le caractère de ton père ?

- Je ne sais pas... Où veux-tu en venir ?

- ... Ton père était alcoolique et violent. Ces mots te rappellent des souvenirs ? »

Je creusais dans ma tête en quête d'un souvenir qui évoquerait ces mots. Soudain, du sang. Cette image me resta longtemps à l'esprit. Paniquée, les yeux grands ouverts, je me mis à hurler de peur. Un sentiment d'horreur m'envahit.

« Pourquoi du sang me vient à l'esprit tout à coup ! Ce n'est pas normal ! Je... je ne comprends pas ! »

Ma mère me prit dans ses bras. C'était la première fois depuis que je vivais ici. Puis elle dit « Maintenant, je vais te raconter pourquoi tu vois ça. Ta mémoire va certainement revenir. Écoute-moi jusqu'au bout. »

Quel secret m'avait-on caché ?

« Comme je te l'ai dit, ton père était très violent, surtout quand il touchait à l'alcool. Un soir, en rentrant du travail, j'ai vu que la maison était éteinte. Alors je m'étais demandé où vous étiez passés. Puis, j'ai vu que la cuisine était allumée, j'apercevais de la lumière dans l'encadrement de la porte. En voulant ouvrir, quelque chose de lourd gênait de l'autre côté. Je commençais à m'inquiéter. Étant faible, j'ai appelé Sacha et Lucile pour qu'ils puissent venir m'aider. Une fois qu'ils étaient là, Sacha m'avait aidé à ouvrir la porte. Elle s'était un peu ouverte, assez pour que nous puissions passer. Et là... » Une larme coula le long de sa joue et sa voix vacilla. Ses paroles me faisaient peur. Elle continua : « ...Ton père... était allongé contre la porte, dans une mare de sang. Et tout près de lui se trouvait....Ton corps, inconscient. Tu avais un couteau dans la main. »

J'étais décontenancée. Puis quelques fragments de son récit m'apparurent à l'esprit. Moi, regardant ce fameux couteau, où quelques gouttes de sang tombaient avant de se répandre sur le sol, puis m'évanouissant.

« La police a toujours une question en suspend. Légitime défense ou acte volontaire ? Vu que tu es un enfant on peut dire que c'est de la légitime défense mais tu aurais pu aussi en avoir assez des persécutions de ton père et tu as voulu ... en finir. » Ces derniers mots lui écorchaient la gorge.

« Comme tu es atteinte d'une amnésie et que tu avais neuf ans, la police a décidé d'une remise au parent. Mais j'étais trop perturbée et...j'avais peur de toi. J'ai donc demandé à Lucile et Sacha s'ils pouvaient te prendre. »

J'étais pétrifiée par ses paroles. Parlait-on vraiment de moi ?

Mes souvenirs refirent surface. Je fus frappée par de violentes images.Les propos de ma mère m'avaient tellement sidérée que cela me permis de retrouver la mémoire. Je me rappelais petit à petit cette tragique journée. Je me rappelais de mon passé. Il n'y avait pas de doute, j'avais tué mon père. Mais maintenant, il fallait que je raconte la véritable version des faits.