Chapitre 2

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Dimanche, ma mère vint me voir.

Je me précipitai à la porte pour lui ouvrir. Comme d'habitude, ma mère était pâle, cernée. Elle m'embrassa la joue puis alla s'asseoir sur le canapé. Elle se tenait toute droite et me fixait. Une désagréable atmosphère planait. Comme je ne la voyais pas souvent et j'étais toujours en proie de mon passé, je lançai le sujet inéluctable. Alarmée par mes mots, ma mère se braqua et son regard craintif chercha un point fixe pour se calmer. Je ne voyais vraiment pas l'intérêt de se mettre dans un tel état pour une simple question. Suite à sa réaction, j'abandonnai le sujet.

Je reposai la question le soir même à Lucile et Sacha, une fois ma mère partie.

Un silence s'ensuivit. Lucile prit enfin la parole.

« Tu nous as déjà demandé pas mal de fois. Je comprends que tu veuilles retrouver la mémoire mais nous...t'avons déjà tout dit.Tu étais mignonne, adorable, tu rigolais beaucoup et tu n'as pas vraiment changé. »

Ces phrases m'agaçaient. Peut-être disait-elle vrai. Peut-être que j'insistais sur un sujet où il n'y avait pas grand-chose à dire. Mais pourquoi toujours cette affreuse gène d'en parler ? Pourquoi avais-je l'impression qu'un mystère rôdait autour de mon passé ?

Alors étant irritée au plus haut point, pour la première fois, je m'énervai et vociférai « Pourquoi ?! J'en suis sûre ! Vous me cachez la vérité ! Sinon quelle serait la raison de toujours vouloir éviter le sujet ?! Etais-je vraiment quelqu'un d'affreux au point de ne rien vouloir me dévoiler ?! »

Je me déchaînais. Je parlais avec une telle frénésie que mon visage était devenu écarlate. Mes veines ressortaient le long de mon cou et je serrais mes poings tellement fort que mes ongles s'imprégnèrent dans ma peau.

Cette rage, je l'avais accumulée en me heurtant sans cesse à ces silences insupportables.

Peut-être m'emportais-je pour rien ? Mais je n'en pouvais plus. Il fallait que ça sorte.

Soudain, je me retournai, et aperçus Alice, apeurée, me fixant avec frayeur. Je voulus la rassurer mais à l'instant même où ma main effleura la sienne, elle brama « Ne me touche pas meurtrière !» Puis elle courut vers sa chambre.

J'avais les yeux écarquillés. Je comprenais que je l'avais inquiétée par mon discours mais ce mot.... « meurtrière ».

Je me retournai vers Lucile et Sacha, tous deux stupéfiés parcette phrase. Pour affirmer un tel mot, Alice avait sûrement déjà entendu ça de la bouche d'un autre.

Maintenant, une seconde question tomba. Pourquoi meurtrière ?

Sacha balbutia : « Bon, on en parlera demain.... avec ta mère. »Ils se levèrent, embrassèrent tous deux mes joues bouillonnantes, puis me regardèrent avec une expression que je n'avais jamais vu dans leurs yeux, avant de partir se coucher.

Moi, je restai plantée là quelques instants comme tombée desnues. Puis d'un pas indéterminé, j'allai me coucher dans le plus profond tourment.




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