Nouvelle... réaliste ou fantastique?

315 6 4
                                    

         J’étais dans ma chambre, en train de faire mes devoirs, quand j’entendis du bruit derrière moi.

         Ma chambre est grande, peinte en rose pâle, avec au centre un tapis rond de couleur mauve. Mon lit violet, encadré par deux petites tables de nuit fait face à la porte. Le long de mon lit, se trouve ma bibliothèque, à côté de la fenêtre. A l’opposé, j’ai installé ma commode et mon bureau.

         Je réfléchissais à ma rédaction de français quand j’entendis comme un froissement. En me retournant pour consulter mon plan, je vis les pages de mon livre de français se tourner comme si quelqu’un le lisait. Mon geste resta en suspens, j’observais la scène, pétrifiée, incapable de détourner mon regard et de faire le moindre mouvement, même si j’en avais une folle envie ! J’eus froid, puis chaud, comme un début de migraine et mal au ventre. Comment les pages pouvaient-elles se soulever et tourner toutes seules alors que la porte et la fenêtre de ma chambre étaient fermées ?

         Je viens de me lever, je n’ai pas réussi à fermer l’œil de la nuit. J’avais peur, je savais qu’elle était là. Je sais qu’elle m’a observé durant toutes ces heures, j’avais et j’ai encore la boule au ventre. Elle va me rendre folle ! Ce n’est pas mon imagination qui me joue des tours, impossible. Avant qu’elle ne touche à mon livre, il était ouvert à la page 100, et ce matin à la page 205 !!! Et cette nuit, je l’ai sentie me frôler, et à chaque fois, j’ai éprouvé ce même frisson suivi de cette chaleur insupportable. Qui est-elle ? Que me veut-elle ?

         Comme elle venait de me frôler, je me retournais, et là je vis son visage qui se reflétait dans la glace de ma bibliothèque… ce fantôme… ressemble à ma petite sœur… Elle m’observait, moi j’étais pétrifiée. Elleest morte il y a cinq ans, elle était alors âgée de cinq ans, et moi j’avais neuf ans. Depuis quelques mois je venais de me convaincre que je ne pouvais pas la faire revivre et que me morfondre ne servirait à rien. J’avais trouvé des amies formidables qui comblaient en partie ce vide. Et voilà qu’elle revenait ! En même temps, si je pouvais la voir et la revoir, je serai moins triste et moins angoissée. Maintenant, je sens que je n’avais plus peur d’elleelle m’apportait même du réconfort.

         On s’observait toujours, quand elle rompit le silence :

 « Bonjour grand sœur, je voulais t’annoncer une mauvaise nouvelle, elle te plongera dans le chagrin. Mais je viens aussi pour te confier ce que je n’ai jamais pu te dire. »

-Moi : « Je… je t’écoute. »

-Elle : « Je n’ai pas pu trouver la paix depuis que je suis morte. Au début, je ne savais pas pourquoi, mais maintenant oui. Je me suis rendue compte que je n’ai jamais été gentille avec toi, quand tu l’étais et quand tu essayais de me faire plaisir je te le faisais regretter, car mes amies m’avaient donné le mauvais conseil de faire comme ça. Mais au fond je t’aimais tu sais, mais je n’ai ni su ni eu le temps de te le dire. Maintenant que tu le sais, j’espère que tu me pardonneras. »

-Moi : « Tu es pardonnée » répondis-je en essayant de la prendre dans mes bras. Mais en vain : elle était insaisissable…

-Elle : « Je passe partout, aucun mur ne me résiste, tu ne peux pas me toucher réellement. »

-Moi : « Dommage… »

-Elle : « Une fois que je t’aurai annoncé la mauvaise nouvelle, je disparaîtrai. En fait, tu vas perdre deux personnes à qui tu tiens énormément. Je ne sais pas qui. Au revoir grande sœur… » dit-elleson reflet commençant à s’évanouir dans la glace de ma bibliothèque.

-Moi : « Non ne pars pas, ne me laisse pas seule ! ».

Trop tard elle avait disparu. Je me laissais tomber sur mon lit, anéantie, désespérée, attendant, quoi? Un autre malheur pouvait-il me frapper ?...

         Un bruit me sortit de ma torpeur, c’était quelqu’un, ou plutôt plusieurs personnes frappaient à ma porte. Je savais déjà que j’allais devoir leur dire de repasser plus tard, car mes parents étaient partis faire des courses. Mais décidant de quand même ouvrir et je découvris deux policiers. Je m’apprêtai à leur expliquer que j’étais seule et qu’ils pouvaient revenir demain, quand l’un d’eux me demanda si mes parents étaient bien M. et Mme Alain et Camille Badon, et si je m’appelais effectivement Nadia Badon, je répondis oui. L’autre s’avança et m’expliqua que mes parents avaient eu un accident de voiture et qu’ils étaient décédés peu après l’arrivée des secours. Ils m’annoncèrent ensuite que désormais je devais aller vivre chez mon parrain. J’avais tout perdu : d’abord ma sœur… et maintenant mes parents.

         C’était trop injuste ! Pourquoi moi ?… D’abord ma sœur… et maintenant mes parents… Je commençais à accepter la mort de ma sœur grâce à mes amies, des vraies. Le désespoir, la tristesse, la haine m’envahirent. J’étais anéantie, j’aurai voulu disparaître pour les rejoindre, pour être moins seule, mais au fond de moi je sentais que je n’en aurai jamais le courage de toute façon. Et je me demandais si un jour je ne pourrai pas les revoir ou si leurs fantômes ne viendront pas me rendre visite ?

En attendant, je vais essayer de me reconstruire pour la deuxième fois… en m’éloignant de mes amies, car je quitte cette ville où je suis née, où j’ai mes souvenirs, où j’ai passé le début de ma vie.

Mon seul réconfort : je vais retrouver ma cousine.

         Ma vie est changée à jamais.

_________________________

M.

Mes écritsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant