Moi, et les fous

Tension

"- Ah ! Voilà la vermine. Entre ma chérie, j'ai quelque chose à te dire." A ces mots, une goutte de sueur traça un sillon le long de mon dos.
Je retirais ma veste puis la jetai dans le bac où s'entassaient de nombreux manteaux. Je fis de même avec mes bottes.
Les battements de mon coeur se rapprochant, je traversais le petit couloir aux murs tachés. Martin, un de mes petits frères, me poussa pour pouvoir ouvrir la porte des toilettes, Hugot à ses trousses. Ce dernier cria " Sors ! Ou je pisse sur ton lit !
- Nan ! Taliah vient de me laver mes draps !" Je passais mon chemin; j'avais d'autres problèmes à régler que ces disputes entre imbéciles.
Je fini par déboucher sur le salon. Avachi dans le canapé, un bol de chips dans une main et la télécommande de la vieille télévision dans l'autre, mon père regardait tranquillement une émission sur les tigres d'Asie. Ma mère était, comme d'habitude, dans la petite cuisine en train de faire la vaisselle.
Je me plantais devant la télévision, le points crispés. " Tu voulais me parler ? Il me fit signe de me décaler.
- Bouge ! Tu vois pas que t'es devant la télé là ? Je restais sur place.
- Qu'est ce que tu voulais me dire ?
- Putain mais t'es bouchée ou quoi ? Dégage. Vas aider ta mère a préparer à manger pour ce soir.
- C'est le tour de Taliah. Allez, accouche. Taliah, Manon et moi nous partagions la cuisine, chacune notre tour.
- Taliah est sortie et Manon est malade. Vas aider ta mère. Je soupirais.
- D'accord, j'y vais. Alors que j'entrais dans la cuisine, il s'écria :
- Ah Noa attends ! J'avais quelque chose à te dire. Viens avec moi sur le balcon."
Enfin il se décide ! Mon père est l'imbécile le plus stupide et méchant que je connaisse. Il ne fait jamais rien à part coucher avec ma mère pour faire de nouveaux enfants. Avant, il paraît qu'il travaillait dans une banque mais une malheureuse affaire aurait poussé son patron à le mettre à la porte. Depuis, je ne l'ai jamais vu chercher du travail. Maman fait les ménages du cartier lorsqu'elle a le temps, sinon c'est Patric, mon plus grand frère qui nous nourrit. C'est un imbécile particulier; âgé d'une vingtaine d'années, il a réussi à intégrer une grosse boîte Amricaine et à gravir rapidement les échelons jusqu'à un poste respectable. Il s'est marié le moi dernier mais continue de passer nous voir régulièrement pour aider maman. Il est généreux et intelligent mais pas très sociable : il n'ose jamais aller vers les gens.

Je sortais sur le minuscule balcon jonché des plantes vertes de Gael.
Mon père posa ses coudes sur la rambarde, entre deux pots de fleurs.
"- Noa, t'as quel âge maintenant ?
- 14 ans, presque 15. Je pari tout ce que vous voulez qu'il ne se rappel plus de ma date de naissance.
- Bien. Tu as choisi les études que tu veux faire ?
- Oui. J'aimerais beaucoup faire de la psychologie.
- La psychologie ?? Il éclata de rire.
- Ce n'est pas drôle.
- Si c'est très drôle. Je te previens, il est hors de question que je te paie des études pour faire psy. Allez, à la cuisine et ne t'avises plus jamais de me parler sur ce ton.
En une minable phrase, il venait de détruire tout mes espoirs d'avenir.
Depuis que ma théorie des imbéciles était au point, je n'avais plus qu'un seul but : devenir psychologue et écrire un bouquin pour faire découvrir mes idées.
Tout mes projets, il venait de les jettés à l'eau.
Mais quel salaud.
- Je ferais ce que bon me semble, sale tas de merde ! T'es même pas fichu de te trouver un boulot, tu crois que je vais rester plantée ici à t'écouter bien sagement me destiner à un métier de merde pour te faire de l'argent sur mon dos ? Ben tu te fourre le doigt dans l'oeil !" J'avais crié de toutes mes forces. Des larmes de rage dégoulinaient le long des mes joues, mouillant mon pull.
L'imbécile me regardait, furax. Il inspira un grand coup et sa main partit.
Le coup me fit tourner la tête, je m'écroulais à ses pieds.