CHAPITRE II - partie I

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Un cimetière dans un cimetière. L'idée le faisait sourire.

Depuis une heure, tout au plus, Gellert progressait dans Godric's Hollow, la curiosité peu développée, mais avec cette envie de détester le village encore plus qu'il ne le haïssait déjà ; et cela n'avait pas raté. À chaque fois qu'il prenait un tournant, une rue, il s'apercevait à quel point cette petite ville était laide et à quel point la Russie lui manquait. Il soufflait tel un mufle, râlant intérieurement, ne concevant pas le fait d'être coincé ici pour un peu plus de deux mois.

Après avoir jeté un coup d'œil au Manoir en sortant de la maison, et s'être aperçu que cette fois-ci il n'y avait personne, il s'était engagé dans l'avenue principale et avait détaillé chaque maison, une par une, devenu las.

Puis, par maintes embranchements, il y était arrivé : un Cimetière. Un cimetière encore plus lugubre que tout le reste. Les tombes d'un gris de mort étaient nues, ou ornées de fleurs séchées, d'un marron salissant. Il y avait par endroit de grands tombeaux, sculptés dans la pierre, affichant des statues de mauvais goût, à l'effigie des morts qui pourrissaient sous terre et dont la plupart n'était plus qu'un vulgaire tas d'os.

Les gravats, poussiéreux, collaient à ses chaussures, devenant blanc cassé, et il progressait au milieu de ces pierres tombales, qui abritaient des personnages oubliés depuis longtemps. Et ce fut ainsi, au bout de dix longues minutes à lire les noms des disparus, à les épeler à haute voix, qu'il aperçut un symbole qui attira tout de suite son regard. Un triangle, rempli d'un rond et barré d'un trait net, précis. La cape, la pierre, la baguette : Les reliques de la Mort. Machinalement, il porta sa main à son cou et prit entre ses doigts son pendentif en argent :

— Un détenteur, murmura-t-il lentement. Il remit son pendentif sous sa veste. Un jour moi aussi j'aurais ce symbole gravé sur ma tombe... »

Puis, doucement, il fut pris d'un rire cynique, noir. Sa Tombe. Il serait immortel, inoubliable, et aurait le plus beau tombeau de tous les temps. Pas une vulgaire tombe, mais une statue en or massif s'il le désirait ; il deviendrait bientôt le plus grand, le plus effrayant sorcier de tous les temps.

Faisant volte-face, il s'engagea vers la sortie, bordée d'arbustes sombres. Il en arracha une branche d'un geste sec, qu'il cassa nerveusement entre ses doigts pour la laisser tomber quelques secondes plus tard sur son passage. Il grogna. Non, il n'allait vraiment pas pouvoir rester ici toutes ses vacances ! C'était bien trop lui demander.

Alors, le regard noir, il reprit le chemin en sens inverse, pour à nouveau se retrouver devant la maison de sa tante, où elle l'attendait, droite comme un i, sur le palier de la porte. Elle avait détaché ses cheveux, qui se trouvaient être plutôt longs, s'arrêtant au milieu de son dos.

C'était une petite femme, maigrichonne au teint très pâle, un peu comme Grindelwald qui était pourtant nettement plus grand, avoisinant déjà le mètre soixante-dix-sept.

Elle lui fit signe de la rejoindre, et tout d'un coup, il eut l'idée de revenir au cimetière, mais n'osant pas, obéit :

— Je vais te présenter à quelqu'un, lui dit-elle avec un sourire. Elle portait dans ses bras un plat plein de sablés. Il habite dans cette maison, tu as dû la remarquer, on ne voit qu'elle. Continua-t-elle en désignant le manoir d'un signe de la tête.

Grindelwald parut tomber de haut et eut une étrange envie de fuir. Le regard perçant du garçon d'hier le traversa à nouveau, comme un souvenir qui resterait encré en lui à tout jamais.

Il secoua vivement la tête, reculant de quelques pas, le visage on ne peut plus fermé :

— Je m'en fous, je ne viens pas. Répondit-il sèchement.

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