Neverland's Shadows {T1 The Heartless}

chapitre 6: Sous la lune.

          Peter me regarda dans les yeux. Je ne vis aucune compassion, aucune amitié, juste de la colère et de la haine. Puis, il me tourna autour. Mon sang se glaça dans mes veines. Cet adolescent sombre et énervé ne ressemblait en rien au garçon timide et joueur de mes rêves.

- Ahlala, les filles, toujours aussi fragile et peureuse. Chuchota t-il assez fort pour que je l'entende.

- Attends un peu et on verra si je suis fragile. Murmurais-je.

Ces mots étaient sortis tous seuls, comme si une force avait pris le contrôle de ma bouche. Comme si ce n'était pas la première fois que je lui répondais. Peter s'arrêta, stupéfait de ma réponse. Son regard, qui était rempli de surprise, devient alors aussi noir que la nuit. Il se rapprocha de moi et me chuchota à l'oreille :

- Qui t'as permis de me répondre comme ça ? tu es ici dans mon royaume, dans mon domaine. Je suis supérieur alors manque moi de respect encore une fois et je t'envoie directement dans le repère des Indiens.

Je déglutis difficilement. Juste le souvenir des ces étranges créatures me fit frissonner. Leur corps blanc et fripé, leurs couleurs criardes sur les corps, juste horrible. Pourtant je regardai Peter droit dans les yeux, tenant mon pendentif dans la paume de ma main. Peter baissa les yeux, quand il vit mon collier, je le vis se crisper, comme si un mauvais souvenir revenait à la surface. Puis il plongea ses yeux dans les miens, des yeux remplie de colère, et de tristesse.

- Retourne dans les appartements réservés aux filles. Dit-il avec tout son sérieux.

- Je croyais qu'il n'y avait pas de filles ici ?

Il ne prit pas la peine de répondre à ma question. Il s'assit sur le trône de branches.

- Votre entrainement commence demain à 10h dans la salle des pensées.

J'ouvris la bouche pour répliquer mais, d'un seul coup, je me retrouve dans ma chambre. Peter avait disparu ainsi que le trône de branche.

**  

     Cette nuit, je n'ai pas rêvé. L'entrevue avec Peter m'avait perturbée. Il se souvenait de moi mais ne voulait rien me dire. La nuit enveloppait l'île. Ma chambre était éclairée par la petite chandelle sur ma table de nuit. Il n'y avait aucun bruit, le silence le plus sombre. Je retirai ma couverture. J'enfilai une robe de chambre blanche, éteins la bougie, et je m'aventurai dans les couloirs sombres de l'arbre.

J'avais besoin de prendre l'air, de marcher pour réfléchir plus facilement. J'errai dans plusieurs couloirs avant de trouver un petit point de vue. Un trou de deux mètres était creusée dans le bois, laissant la lumière de la lune passer et illuminer mon visage. Le trou était si haut du sol que lorsque je regardai en bas je sentis mes entrailles se crisper. La moindre chute serait mortelle. Pourtant, je m'adossai à la paroi de l'arbre, laissant mes cheveux blonds virevolter au rythme du vent. La lune était haute dans le ciel, éclairant le paysage de sa lumière bleutée. L'air était chaud, comme une brise d'été. Tout sembler calme et reposant. Soudain, des pas résonnèrent dans le couloir, derrière moi. Je fixai la lune, priant pour qu'on laisse tranquille. Seulement, il avait d'autre idée en tête.

- Tu as trouvé ma cachette, enfin devrais-je dire notre cachette. Souffla-t-il à mon oreille, avec un ton amusé.

Peter se tenait derrière moi, son souffle perfide me caressé la nuque. Je me suis retournée vers lui, à quelques centimètres de son visage.

- Tu vas enfin te décider à tout me dire ? je sais que je suis venue ici quand j'avais 13 ans. Je sais que c'est toi qui m'as donné ce collier. Dis-je en lui montrant mon pendentif.

Le jeune regarda le collier avec une pointe de tristesse dans les yeux. Il secoua la tête et retrouva son air joueur.

- Il est trop tôt pour t'en parler ma belle. Tout ce que tu as besoin de savoir c'est qu'ici, c'est moi qui donne les ordres. Son regard devient plus insistant, plus méchant. Je n'accepterais pas qu'on me manque de respect dans mon domaine. D'accord ?

Je le regardais droit dans les yeux. Je n'éprouvais ni peur ni crainte. Le vent soulevait nos chevaux et nos vêtements dans un rythme doux et lent. Il avait la main posait sur la paroi, juste à côté de moi, le visage à deux centimètre du mien. Il sentait la vanille, comme dans mon rêve.

- Mais qu'est ce qui est arrivé à Peter Pan ? demandais-je sur un ton calme et mélancolique.

Pour toute réponse, il prit une mèche de mes cheveux qu'il enroula entre ses doigts. Il prit une profonde inspiration et me répondit.

- Toi. Voilà ce qui m'est arrivé.

Puis, il lâcha mes cheveux et fit demi-tour. Me laissant seule avec cette réponse. Moi ? Mais que c'était-il passé la première fois que je suis venu ici ? Pourquoi n'avais-je donc aucun souvenir de cet endroit ?

Le vent se refroidit, me faisant frissonner. Je décidai alors de retourner me coucher. Demain, l'entrainement commencera, et j'espérais trouver des réponses.

Une fois allongée dans mon lit, le sommeil ne tarda pas à me rattraper, et cette fois, je rêvais.

J'étais sur le bateau de Crochet, les mains et les jambes liés. J'étais vêtue d'un pantalon en cuir noir et d'une chemise blanche. Mon visage était recouvert de coupures peu profondes mais douloureuses. Le pirate tournait autour de moi, m'examinant de haut en bas.

- Peter devrait arriver d'une minute à l'autre. Volant au secours de son aimé ! Ricana le capitaine.

- Vous pensez avoir gagné mais vous vous trompez.

Crochet me caressa délicatement la joue, puis m'attrapa par la gorge et me tira vers lui, comme un vulgaire poisson. Puis il me chuchota à l'oreille :

- On verra comment les choses ce passeront lorsque je t'arracherai le cœur. Pour ensuite l'échanger avec celui de Peter. Malheureusement pour toi ma belle, j'ai tout prévu. Tu ne sortiras pas ce bateau vivante.