Prologue

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« La nuit est tombée. Noire et froide, plongeant la capitale sous son voile de ténèbres. La nuit. Le moment le plus calme de la journée ; les familles sont au chaud chez elles, devant un dîner copieux ou un bon feu de cheminée, parlant gaiement de choses et d'autre... Les enfants partent se coucher ; ils se roulent sous leur couverture, enfoncent leurs tête dans le moelleux de l'oreiller et s'endorment paisiblement après que leurs parents leur aient soufflé un « bonne nuit » réconfortant. Ces derniers profitent alors du répit de la nuit pour s'aimer, leurs morveux n'étant plus là pour les déranger.

Quand ils sont seuls où qu'ils ne peuvent pas dormir ils sortent contempler le ciel nocturne, c'est une magnifique vision d'un immense lieu inconnu, un captivant spectacle ou brillent des milliers d'étoiles. La nuit est pour certaines personnes un moyen d'échapper à leur réalité. Des étoiles plein la tête ils rêvent, ils s'émerveillent ou prennent le temps d'extérioriser tout ce qu'ils ont enduré.

Mais ces nuits ne sont pas porteuse d'espoir pour tout le monde... Les nuits de pleine lune sont signe de mort pour ceux contre qui le destin s'acharne. Elles les bannissent de ce monde, éradiquent leurs âmes en faisant s'envoler leurs cendres. Ils appellent ça le « nettoyage ».

Un concept tout à fait ignoble... C'est « un nettoyage des souillures de la ville, un nettoyage du cristal qu'est notre capitale bien aimé ! ». Ҫa, c'est ce qu'affirme cet enfoiré de Joferth, cet homme qui se dit gouverneur et ami de son peuple, qui se dit pauvre mais qui garde jalousement tous les richesses pour lui, se concoctant ainsi de bons petits plats de fin gourmet alors que la famine est brulante dehors, et qui se dit juste et bon... j'ai cependant une toute autre vision de cela, et je ne suis pas la seule. Il se débarrasse de ceux qui menacent de faire s'écrouler son petit manège de mensonge, ceux qui ont le cran de se dresser devant la toute-puissance du gouverneur et revendique sa chute, il envoie son armée massacrer des villages Suran posté à la frontière en guise de représailles pour « ce que le royaume de Fihorn leur a fait subir auparavant », et il fait bien attention d'entretenir la meilleure réputation qui soit pour sa petite personne auprès des dirigeant des îles de l'archipel, noircissant au plus haut point celle du peuple Suran. De l'accident déguisé aux exécutions publiques en passant par le meurtre directe, Joferth supprime un à un ceux qui lui déplaisent. Cependant, ses activités ne sont jamais dévoilés au grand jour et tout se fait dans l'ombre, sauf une chose : le « nettoyage ». Afin de montrer qu'il tient son royaume d'une main de fer, Joferth organise toutes sortes de procédés inhumains pour faire taire ceux qui le menacent, châtiant principalement des Surans mais aussi sans hésitation des membres de son propre royaume. Voilà ce qu'est le « nettoyage » ; une torture longue et douloureuse qui durait le plus longtemps possible et qui résonnait comme un spectacle pour les habitants naïfs et fidèle à Joferth. Tout se passe de nuit, et tout est monté comme un spectacle, la mort de personnes provenant de la même terre qu'eux est vécu comme un soulagement général.

Je fus à l'une de ces nuits, je n'ai pas pu dormir... et je peine encore à trouver le sommeil quand je revois ces corps sur leur pieux, quand j'entends ces cris de douleur, et quand l'odeur de la chair calciné me revient. C'est tout simplement abominable. J'ai tenté de faire stopper ces horreurs, de raisonner les habitants et de leur ouvrir les yeux quant aux agissements de leur dirigeant... mais personnes n'a rien voulu entendre.

Les hommes sont des barbares, leur cœur est corrompu, ce sont des bêtes qui éliminent tout ce qui vient compromettre leur petite vie facile. Leur avidité de pouvoir et leur peurs constantes les rendent aveugles et monstrueux. Y'a-t-il une raison à cela ? Un raison qui justifierait leurs actes inhumains ? Je me suis toujours posé la question... sans jamais trouver de réponse. Parfois, quand la pluie tombe, je reste debout à contempler les misères du monde, j'ai fini par comprendre que je ne pouvais pas venir en aide à tous ces gens qui subissent l'horreur d'une cruauté sans-borne. Qu'est devenue la fraternité ? L'amitié ? L'amour ? Sont-elles des notions que le genre humain a oubliées ? Ou-bien, sont-ils seulement capable de ressentir ? Faut-il que nous luttions contre ce système qui inhibe les sentiments ou le laisser s'effondrer de lui-même ? Combien de temps faudrait-il pour vaincre les dirigeants qui mènent des armées de robots sans foi ni lois, ces robots qui étaient autre fois des hommes ? Combien de temps faudrait-il pour que ces royaumes perdent leur aura meurtrières qui les plonge dans les profondeurs de l'enfer ?

Je me suis posé tant de questions sans trouver de réponse. J'ai fini par arrêter de croire en le monde, je l'observe sombrer de plus en plus bas. Aujourd'hui, je peux te dire que j'ai voué ma vie à tenter de renverser tous ces gouverneurs dégantés à la tête des royaumes, j'ai voué ma vie à suivre mes principes et défendre mes valeurs et à venir en aide à ceux dont les anges ont cessé d'exister. J'ai fais des choses horribles que tu ne peux même pas imaginer, j'ai vécu les pires atrocités de ce monde et j'assiste encore aujourd'hui à la destruction d'un monde qui aurait pu être beau.

« Pourquoi pleures-tu ? » me demanderas-tu en voyant mes larmes couler. Je te répondrai par un souffle, un souffle que tu ne comprendras pas. Un souffle qui te fera te rendre compte du poids d'une vie, un souffle qui annonceras la venue de mes démons, un souffle qui se perdras dans vos cris de douleur quand vous comprendrez que je ne reviendrais plus.

Et ce souffle, Shirl, te seras destiné. Aussi lourd soit-il, ce souffle t'accompagneras et me représenteras. C'est le souffle d'une vie. Alors vie la tienne. Ne reproduis pas mes erreurs et suis toujours ton cœur même quand la raison te hurle de ne pas suivre cette voie, suis ton cœur, il est le seul sur qui tu puisses réellement compter. Et n'oublie pas : l'ange qui est venu me chercher m'a emmené dans un monde sans guerre et sans larmes, veillant ainsi à mon apaisement le plus profond.

À Shirl, à ma mère et à Yunn.

Shanon ACE. » 

Apologie d'une ImpureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant