Ne pas être une exorciste

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On forge aux magiciens les plus talentueux une arme qui est à la fois symbolique et unique. C'est à ce moment qu'ils acquièrent le titre de sorcier ou de sorcière.

***

Je suivais les trois exorcistes dans le dédale de la ville. J'étais mal à l'aise. Bien que le soleil se soit couché il y a de ça quelques heures, la cité grouillait de vie. Je me sentais toute petite dans cette agitation. J'étais loin de la solitude... de la forêt.

J'avais rêvé, à de nombreuses reprises, de voir la vie citadine. La perspective était beaucoup moins enchanteresse que dans mon imagination. Les gens étaient d'une morosité et d'un ennui... Ils ne se préoccupaient pas vraiment des autres. Ils marchaient sans vraiment se remarquer au contraire de moi qui apercevais tout le monde et j'avais l'impression d'être étouffée par ce flot continu de personnes. C'était un vrai piège ces rues bondées. Sans mes caractéristiques, je pense que suivre les trois exorcistes ce serait avéré inimaginable surtout pour une novice comme moi.

— Faites attention!, me hurla un homme qui venait de me heurter.

Je lui rendis un regard mauvais tout en me frottant frénétiquement le bras. Je n'aimais pas que les autres me touchent. Je me sentais toujours menacée ou attaquée quand on pénétre mon espace vital. Je portai ensuite mon attention sur les exorcistes. D'ailleurs, une des cibles que j'avais prise en chasse dit à ses compagnons :

— Ne vous retournez pas, mais je crois qu'on est suivi.

C'était le roux borgne qui avait parlé. Il avait énoncé sa réflexion haut et fort de manière à ce que je l'entende malgré la distance. Je m'arrêtai nette. Je me rendis compte de la ridiculité de la situation. Je venais de leur indiquer que je les pistais bel et bien ou du moins que je me sentais visée par cette constatation. Ma première expérience de filature n'était vraiment pas un succès. Pour la discrétion, on repassera.

Alors, je tentai de sauver la mise. Je repris, ma marche les dépassant tout en lançant un regard plein de menaces au rouquin qui ricana en retour. Puis, je tournai à l'angle d'une ruelle sombre un peu loin sans pour autant perdre les exorcistes de vue.

C'est à ce moment que je remarquai que d'autres personnes que moi, des êtres à l'aura sombre, chassaient les mêmes proies. Je ne lâchai plus des yeux les six Akumas qui eux aussi avaient trouvé leur cible. Il y avait trois monstres de niveau deux et les autres étaient de simples niveaux un. Je me décidai à les suivre. Ils paraissaient avoir une meilleure expérience que moi en filature, mais ils étaient trop bêtes pour remarquer ma présence.

Il m'apparaissait que la surprise des proies ne fut pas totale. Les créatures finirent par attaquer les exorcistes qui réagirent immédiatement à l'assaut. Ils semblaient attendre les Akumas de pied ferme. Je peux admirer la main gauche d'Allen. Elle devint énorme ce qui lui permettait de pulvériser plusieurs de ces ennemis sans grande difficulté. Le bookman Lavi fit jaillir un marteau géant et écrasa un joli monstre qui se tenait beaucoup trop près. Le vampire Krory se jeta désespérément sur le démon pour tenter de lui pomper le sang. Il avait, disons, beaucoup moins de grâce que ses deux compagnons, mais il se débrouillait tout de même. Il avait l'air de bien s'en sortir, jusqu'à ce qu'un ennemi essaya d'attaquer Lavi par-derrière.

Je réagis au quart de tour. J'attrapai la pierre de lune accrochée à mon poignet. Elle se transforma en un bâton noir gravé et à l'extrémité trônaient deux têtes de dragon qui se disputent un rubis. Je bondis pour atterrir entre le bookman et l'Akuma. Je donnai un coup puissant de sceptre au sol. Un immense écho suivit le son du bâton heurtant le plancher. Un énorme bouclier d'énergie se dressa entre le démon et moi. Le monstre se cogna violemment et fut désorienté assez longtemps pour que Lavi puisse le détruire. Par la suite, il ne fallut pas attendre longtemps pour anéantir les quelques créatures qui posaient encore problème.

Les trois exorcistes détournèrent le regard d'où, il y avait quelques instants, gisait le dernier Akuma pour le poser sur moi. J'eus comme un moment de panique à la vue de leurs yeux sur moi. Je fis alors la seule chose qui me vient à l'esprit. Je pris mes jambes à mon coup.

Je les distançai en quelques minutes. Il faut dire que fuir était une seconde nature chez moi au contraire de la filature. Je n'étais pas une créature sociale. Ma poussée d'adrénaline était finie et mon élan d'héroïsme était loin derrière. Je n'avais plus le courage de rester avec mes congénères.

Voyant que j'étais loin de tout humain ou d'Akuma, je m'accotais contre un mur pour reprendre mon souffle. Je me rendis maintenant compte du côté ridicule de la situation. J'étais ici après tout pour sauver le cœur précieux ou plutôt éviter la fin du monde. Il faudrait bien un jour que je confronte un exorciste. Une poubelle bougea non loin de moi ce qui me fit sursauter. Alors un chat sortit derrière. Je me penchai légèrement pour le caresser.

-Je suis ridicule, n'est-ce pas?

Je maugréais contre les chefs du futur qui auraient pu choisir un bien meilleur représentant que moi. Le chat prit les jambes à son coup sans raison apparente.

Alors, une chose d'étrange se produisit. Les gens que je fuyais il y a quelques instants se déposaient devant moi sur le maillet imposant de Lavi. J'entendis ce dernier, lâcher un « Strike » quand son regard se posa sur moi pour m'examiner. Allen et Krory soupirèrent avant de déporter, à leurs tours, leur attention sur moi. J'eus le goût de m'enfuir à nouveau, mais je me retins, campant fermement mes pieds au sol pour ne pas être tentée de mettre les voiles. C'était fou à quel point ces exorcistes m'intimidaient! Ce fut Allen qui me parla en premier, car le dénommé Lavi était encore en train de baver sur moi.

— Désolé de t'avoir fait peur. Je me présente : Allen Walker et eux ce sont Arystar Krory (le concerné me fit un signe). Celui qui fait l'idiot là-bas c'est...

Le jeune bookman coupa court aux présentations. Il me saisit la main et me fit un sourire charmeur avant de prononcer :

— Enchanté, je me présente : Lavi!, dit-il tout en comblant la distance entre lui et moi.

Je fus surpris par le comportement du séducteur. Malgré le fait que je vivais dans une communauté, je n'étais pas habituée à tout ce qui touchait aux relations entre humains ou à toute forme de contact en faite. J'étais accoutumée au fait d'être seule et tous les rapprochements avaient tendance à me dégouter. Je réagis violemment. Je saisis mon bâton qui n'avait pas retrouvé son apparence de pierre et l'envoyai au visage de Lavi. Le jeune homme, surpris, se trouva face contre terre. Krory et Allen éclatèrent de rire. Moi, je me contentais de soupirer. Lavi qui ne put se satisfaire de se taire dit :

— Voilà une lointaine cousine de Yû...

Je lui écrasai sa main avec mes nouvelles bottes. Lavi lâcha un léger cri de douleur. Je n'étais pas très heureuse d'être comparée à ce personnage antisocial au passé tragique. Si un autre m'avait fait la remarque, je l'aurais peut-être mieux pris, mais après tout, c'est tout ce que j'étais. Cependant, le rouquin m'exaspérait royalement et je venais à peine de le rencontrer. Je lui souris et lui répliquai avec sarcasme :

— Enchantée, mon nom est Aléra!

— Enchanté Aléra, me répondit Allen tout en me faisant un sourire magnifique.

— Dis, c'est toi la fille du train?

C'était Krory qui avait parlé. Il fixait mes bottes qui venaient de lui donner la réponse à sa question. Allen et moi ignorions ce dernier. L'albinos me portait toute son attention quand il m'expliqua ce que j'étais censé être. L'exorciste aux cheveux blancs me dévisagea légèrement compatissant quand il m'annonça que je devrais les suivre jusqu'à la Congrégation. Involontairement, j'eus un geste de recul.

Pour un prince fou et un coeur qui ne battait pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant