Chapitre 1

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                                                Comment prendre le train sans argent

Les sorcières qui peuvent utiliser la magie de la lune ont le pouvoir de se transformer en animaux soit le hibou, le loup, la chauve-souri ainsi que le léopard des neiges. Tous les animaux de cette liste sont des créatures de la nuit. C’est probablement pour ça que l’astre céleste les a choisis.

                                                                               ***

Une sensation de froid contre ma joue m’indiquait que j’étais face contre terre. Une feuille humide me chatouilla le visage. Une odeur de terre mouillée me monta au nez. Je me relevai péniblement. Mes muscles étaient endoloris, signe de ma course des derniers jours. Je regardai si j’étais entière. Ma robe était tachée de poussière, mais récupérable et mon bracelet pendouillait à mon bras. Je le serai contre moi pour me rassurer. J’étais heureuse de ne pas l’avoir perdu. C’était ma porte d’entrée pour la Congrégation de l’Ombre du moins, une partie. C’était une simple chaine d’argent auquel était accrochée une pierre d’un rocher venu du ciel. Je fixai mon regard sur ma robe. Je soupirai. Je me mis à frotter mes mains frénétiquement sur le tissu pour faire tomber les feuilles mortes et la terre qui se cramponnait désespérément mes vêtements.

J’osai ensuite m’attarder sur ce qui m’entourait. J’étais encore dans la même clairière. Elle n’avait rien de différent, sauf peut-être l’absence de mes confrères. J’observai les alentours avec attention, avec l’espoir d’apercevoir un réel changement d’avec les années 2000, mais je ne remarquai absolument rien. Je m’attendais presque à trouver mon frère derrière un buisson, tout en riant de moi, me disant que j’étais bien stupide de m’être fait prendre à un tel piège. Je soupirai en voyant qu’il n’en fut rien et je commençai à marcher. Je ne savais pas où j’allais, mais je continuai à avancer. Les feuilles humides me chatouillaient les orteils. Je levai le pied quelques fois pour me débarrasser de ces dernières qui s‘occupaient entre mes doigts de pied.

J’espérais que je pourrais mettre la main sur une ville… Si j’avais fait un bond de 129 ans, peut-être qu’elle pouvait être encore intacte. En 2014, il ne restait plus que des carcasses de civilisation, car la terre ne prend pas de temps à reprendre son dû et le combat incessant n’avait pas pris de temps à détruire toute trace d’humanité. Dans certains livres, il y était écrit que cette région avait été exploitée pour ses mines. Alors j’avais bon espoir de tomber sur la civilisation dans les parages.

J’ignorais combien de temps j’avais marché sans savoir où j’allais, mais je finis par trouver la sortie du couvert rassurant de la forêt. J’en restais le souffle coupé. Il y avait tant de vie. C’était absolument différent de la vie sauvage. Le bruit rassurant du vent dans les feuilles des arbres ou encore des animaux était remplacé par un brouhaha de paroles incessantes. Plein d’humains marchaient dans un village qui n’était ni détruit ni ravagé par la nature. Je soupirai. Je ne connaissais rien à une telle vie, mais je devais pourtant préserver ce monde.

Je pris une grande respiration avant de m’avancer dans l’inconnu. Je déambulais parmi les maisons. Les gens ne cessaient de me dévisager. Il faut dire que mon état était assez pitoyable. J’étais abimée par plusieurs jours de course et de marche. J’avais beau essayer de me faire toute petite, rien n’y faisait. Je ne passais pas inaperçue. Je fixai fermement mes pieds tout en me dirigeant vers l’endroit ou il était indiqué « gare ».

Un vieux conteur m’avait parlé de ces mystérieux endroits, quand par hasard, mon clan était passé près d’un rail de chemin de fer à peu près intact. Je me souviens qu’à l’époque j’avais rêvé de voir une telle invention de mes propres yeux. Aujourd’hui j’en étais beaucoup moins enchanté. Je devais avouer que la perspective de devoir monter dans cet engin cracheur de fumer ne me faisait guère plaisir.

Pour un prince fou et un coeur qui ne battait pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant