Elle croit avoir entendu du bruit. Elle regarde autour d'elle et tend l'oreille : rien. La télévision devant elle est encore allumée. Le bruit qui vient de la réveiller doit certainement provenir de là. Comme d'habitude, la vieille Dupuis s'est installée sur son fauteuil après avoir lavé son assiette et ses couverts. Elle a appelé son chat mais il n'est pas venu sur ses genoux, pas cette fois-ci. Puis, elle a ouvert son journal devant elle en attendant les prévisions météo. Elle ne les a même pas écoutées. Elle les avait déjà entendues deux fois dans la matinée. Quelques minutes plus tard, après plusieurs pages de réclame, la musique du générique de son feuilleton l'a bercée puis elle s'est endormie, comme d'habitude.
« Nooonnn ! »
La mère Dupuis sursaute une nouvelle fois. Elle prend la télécommande en tremblant et baisse le son de la télévision. Dehors ; le cri vient de dehors.
En s'appuyant sur les accoudoirs de son fauteuil, elle se lève, difficilement et se dirige vers la fenêtre du salon. Elle ouvre discrètement le rideau, comme elle le fait tous les matins pour surprendre la conversation de ses voisines, regarde à gauche, en bas de la rue puis à droite, mais n'y voit rien de particulier. Intriguée et surtout curieuse, elle traverse la pièce et marche dans le couloir sombre, en direction de sa porte d'entrée. Elle déverrouille la porte en bois puis sort dans la rue. Tout d'abord elle fait dépasser la tête, en s'assurant de ne pas se faire surprendre par ses voisines, puis elle sort franchement sur son palier. Un petit vent doux, de cet après-midi de printemps, entre dans le couloir en soulevant, doucement, les cheveux gris de la vieille femme. Elle fronce les sourcils, mécontente d'avoir été dérangée dans son sommeil, mais par qui ? Elle s'assure de ne rien voir bouger en bas de la rue puis se tourne pour...
« Pousse-toi madame ! » dit Titoun en passant rapidement devant elle. Le jeune garçon est poursuivi par un gamin plus vieux que lui. Lui aussi passe très près de la mère Dupuis. Une fois de plus, l'ancienne sursaute. Elle lance un râle de surprise puis menace du poing, les deux garnements, d'en référer à leurs parents.
Avant d'arriver au bas de la rue, Titoun se fait attraper en éclatant de rire. Il se laisse tomber à terre d'épuisement et demande à son agresseur de le laisser partir. Derrière eux, la vieille dame sourit malgré tout en regardant jouer les deux enfants et entre chez elle, certainement pour terminer sa sieste.
« Je joue plus, moi ! Je n'ai même pas eu le temps de me cacher ! dit le petit à terre.
- Bein, fallait pas attendre que j'ai fini de compter ! lance Aumaric en tendant le bras au petit garçon à terre. Allez, viens m'aider à trouver les autres ! »
Titoun se lève puis suit Aumaric en boudant. Il croise les bras et tape fort des pieds en marchant. Ils avancent dans les petites rues du village. Aumaric connaît bien ce coin. Il s'y est caché plusieurs fois. Il se tourne vers le petit Titoun et lui demande de se taire en posant un doigt sur la bouche. Puis il lui fait signe de se rapprocher.
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A l'an que ven !
AventuraDans un village en bas des Cévennes, Aélis, petite fille de dix ans trouve un vieux plumiers dans une cave. Une étrange énigme enroulée dans l'anneau d'une chevalière lui révèle l'emplacement d'un trésors caché par Emile le bourreau, son grand-père...