Chapitre 5

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La nourriture arriva 30 minutes plus tard, il y en avait assez pour 6 personnes, et nous ne serons que quatre, du moins espérons le. Je grignotais mon repas par-ci par-là en jouant dans mon assiette avec ma fourchette. J'avais faim, mais je n'avais pas envie de manger. J'étais bien, mais je ne voulais pas l'être et ça m'angoissais. Ysoline n'était pas là, je ne savais pas où elle était ni quand elle reviendrait. Je n'étais même par sûre qu'elle reviendrait dans la soirée, ou si elle reviendrait tout court. Charlie remarqua l'inquiéture dans mon visage:
-Hey, on peut l'attendre si tu veux, je veux dire, ta copine. On est pas obligée de manger tout de suite, de la bouffe, ça se réchauffe.

-Oui, je crois que je préfèrerais, mais si tu as faim, tu peux manger. Ne m'attend pas.. Lui dis-je.

-Non, ça va, je n'ai pas faim non plus. Répondit-elle. Tu veux faire quoi?

-Parle-moi de toi, lançais-je. Je suis curieuse.

-Tu veux savoir quoi? Sourit-elle.

-Comment t'as su que.. Hm, que tu préfères les filles?

Elle éclata de rire.

-Est-ce que c'est si évident? Demanda-t-elle en me lançant un clin d'oeil au passage.

Je lui ai envoyé un regard du style ''tu déconnes là?'' Elle a ris de nouveau, un magnifique et simple rire qui redonnerait le sourire au plus frustré des humains.

-J'avais douze ans, commença-t-elle. Je jouais au soccer et j'avais l'oeil sur une des filles de mon équipe qui, elle, avait 14 ans. Elle s'appelait Ambre. Je ne pouvais cesser de la regarder, et j'avais l'estomac qui se serrait chaque fois que je la voyais arriver sur le terrain. Je ne savais pas ce que je ressentais vraiment, jusqu'au jour où, après une partie, elle m'a dis de la suivre. Ce que j'ai fais, nous nous sommes rendu dans un petit bois non-loin de l'endroit où l'on se trouvait quelques minutes plus tôt. Mais nous étions à l'abrit des
regards. Ambre m'a alors demandé pourquoi je la regardais toujours comme si elle venait d'une autre planète. J'étais extrêmement gênée. Elle l'a remarquée, elle a rit et elle m'a pris la main pendant quelques secondes. Après ce moment, nous parlions régulièrement et à chaque partie, nous allions au même endroit dans le bois, et à la longue nous sommes tomber amoureuses. Elle m'a appris à m'accepter et que ce n'étais pas grave ce que l'on ressentait. Que c'était même magnifique, parce que l'amour nous rejoignait les uns les autres et elle croyait dur comme fer qu'un jour, l'amour vaincrait tout le mal sur cette planète, qu'il arrêterait les guerres et guériraient les malades. Nous étions jeunes et notre relation n'a pas durée, mais ce que nous ressentions l'une pour l'autre, c'était précieux. Et je veux que tu trouves cet amour qui te rendra heureuse et optimiste et qui te fera croire naïvement qu'il peut tout régler. C'est ça l'amour, et c'est magnifique. Et toi alors?

-Personnellement, ça a été beaucoup moins romantique. Il y a eu beaucoup d'alcool et de disputes, riais-je. Mais j'ai été heureuse, Ysoline m'a rendu heureuse. On s'est sauvé ensemble, on s'est baignée illégalement la nuit, on essayait de dormir dans les manèges de la fête forraine le soir où tu nous as trouvée. On a vécu, on s'est amusée et déchirée. Mais t'as raison, c'est ça l'amour, et c'est probablement elle, l'amour de ma vie. Elle m'a fais croire qu'on était inatégnable et invincibles, qu'ensemble on ferait tout, qu'on vaincrait tout. J'ai connu ce sentiment, Charlie, et je ne veux pas le perdre. Je veux continuer à lui crier dessus et qu'elle me crie dessus et qu'après on s'embrasse. Si je la perds, je vais perdre tout espoir que quelque chose de plus fort que tout existe. Et si tu n'y crois pas, à quoi ça sert de vivre? Je l'aime Charlie, elle me manque, mais après tout ce qui s'est passé, j'ai peur qu'un jour elle ne revienne pas. Et je ne sais plus comment vivre sans ce sentiment. Toutes ces émotions qui nous donnent envie de vivre, de faire le tour du monde, de tester nos limites sans penser qu'un jour toutes nos conneries vont nous rattraper. J'veux vivre avec elle, sans me soucier de rien. J'ai peur Charlie, j'ai peur que l'on ai déjà tout détruit...

Life Goes onOù les histoires vivent. Découvrez maintenant