La vieille femme se levait difficilement de son fauteuil, son corps devenait une enclume et cela s'avère être un vrai supplice. Dans cette maison qui sent le refermé, il n'y avait seulement que quelques tableaux accrochés, de pâles imitations de Renoir, Watteau, Delacroix et Poussin... Mais elle aimait surtout la peinture de Gustave Moreau, L'Apparition.
Cette tête qui flottait au milieu, devant un trône, entouré d'un soleil. Et cette femme, dénudée, féminine et sensuelle qui entame une danse d'hypnose. La mère du héros restait des heures à contempler cette merveille, ne bougeait plus, et des fois, abandonnait même son humanité.Ce jour-là, elle avait envoyer cette fameuse lettre, qui, elle en était certaine, allait tout changer.
Pour faire disparaître ses idées néfastes et défaitistes, elle alla dehors pour quelques courses. Mais malheureusement, elle sentait les regards mauvais se poser sur sa personne. Elle avait oublier que c'était la folle du village, que c'est la mère d'un psychopathe, un sociopathe tueur en série, qui a dû au moins faire 10 ans de prison... Elle a perdu le compte.
"Vous verrez que mon fils n'est pas plus fou que vous, pauvres gens du village." marmonnait-elle.
Pour se faire plaisir, elle acheta de la bonne viande: du canard, qu'elle pourra farcir dans la soirée.
Mais rien ne la rendait plus heureuse que l'espoir. L'espoir la faisait vivre, l'espoir que son fils lise cette lettre. L'espoir qu'elle devienne une bonne mère. L'espoir que rien ne soit trop tard. Elle devenait même croyante et priait tout les soirs.
Mais elle se mentait à elle-même... Tout le monde sait déjà que cette vieille dame est triste et vit avec un pieu dans le cœur. Chaque fois qu'elle a des pensées sombres, elle s'inflige du mal. Chaque fois qu'elle veut être heureuse, elle repense à tout ses malheurs. Elle en pleure, de rage, de colère, de peur et de profond désespoir.
"Je veux mon fils..."
Des fois, elle entendait sa petite voix lui dire:
"Maman... Je rentre bientôt, promis."
"Maman, je me suis juste égaré dans ces ténèbres, je peux voir la lumière maintenant, je viens d'ouvrir les yeux."
"Maman, attends-moi, je serais là, et en bonne santé."
"Maman.... Je t'aime."
Elle serra son poing et frappa sa poitrine, elle avait beaucoup trop mal. Elle pleure tout les soirs et se pose milles questions. Comment son fils a-t-il pu devenir aussi cruel ? Comment a-t-elle pu lui priver d'aides ? Tout est de sa faute.
"Mon fils, si tu m'entends depuis cette vieille maison vide... Tout est de ma faute."
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Toujours dans cette maison vide ? Garce ?
Mon plateau repas vient d'arriver. Ils se foutent de moi ? De pauvres légumes et du riz ? Je veux de la bonne viande à bouffer moi, merde. Je râlais dans ma barbe sale et levais les yeux. Je constatais que la poubelle était toujours par terre, et cet objet peu raffiné me faisais penser à ma mère.
J'avais lu le début de sa lettre, ça m'a suffit. Elle essaie de sauver quoi, au juste ? Elle veut atténuer égoïstement sa culpabilité ? Elle veut me sauver moi ?
Laisse-moi rire. Tu m'as abandonné.
Je balançais le plateau-repas, j'en ai rien à foutre de leur légumes de vieux. On vous a tous menti, les carottes, ça ne rend pas aimable.
Je faisais des allés-retours dans cette petite chambre et je m'ennuyais ferme. Après un long soupir d'homme blasé, je fus convaincu par ma stupidité, et je pris cette lettre maudite. Je continuais alors ma lecture.
"Laisse toi aller dans ce retour en arrière"
Elle veut m'initier à sa thérapie foireuse ? Et c'est quoi cette connerie de retour en arrière ? Elle veut que je progresse ou que je m'enferme dans mon passé ?
"Le petit Yvann est né un 26 janvier. C'était le genre de bébé calme, peut-être un peu trop calme pour que ce soit naturel. On s'était demandés si tu n'avais pas un problème, mais on nous a dit que non et que tu te portais à merveille.
Rassurés, ton père et moi, on a fait de notre mieux pour que tu ne sois jamais seul. Jusqu'à ce jour où ton père est mort. Je ne peux pas te dire la cause, c'est bien trop grave, mais cela à un lien avec notre famille. Tu comprendras petit-à-petit que notre famille était vraiment... particulière, et je me suis renseigné sur les criminels, certaines personnes peuvent le devenir à cause du climat dans lequel ils ont vécus. Moi, je pense que c'est ton cas."
Elle se renseigne sur les criminels maintenant, tu m'en diras tant.
"Il est vrai qu'après ce drame, je ne me suis pas occupé de toi... Je t'ai fait garder par une cousine. Puis au bout d'un certain temps, j'ai pris sur moi et t'ai repris sous mon aile vers l'âge de trois ans.
Bon sinon, rien de plus à dire sur ta période petit garçon, mais c'est vrai que je n'avais jamais vu un calme aussi rare. Rien ne t'affectait non plus... Tu avais des yeux froids et le regard distant. Enfin bon, cela restera un mystère pour moi.
Tu grandissais alors, et tu mangeais énormément. Je ne sais pas pourquoi, tu ne manquais de rien pourtant. Mais j'avais l'impression qu'à chaque bouchée que tu faisais, tu te forçais, tu te battais contre quelqu'un chose, ou alors tu comblais un manque. Je ne sais pas.
Toujours est-il que tu devenais vraiment un petit gros, mais tu étais mignon cela dit. Sauf que, l'humanité débile que nous haïssons tout les deux t'avait maltraité. Que veux-tu ? Tu demeurais le petit gros et bouffon de service.
A la petite section, on te poussait, on te crachait dessus. Tu n'osais pas demander pour aller aux toilettes tellement tu étais timide et que tu te renfermais sur toi-même. Alors tu te faisais dessus, et tu te construisais petit à petit une coquille, une carapace, une cuirasse, qui devenait de plus en plus grande.
Je sais, j'avais dis dans la première partie de cette lettre que tu étais un enfant heureux, et oui, tu as finis par le devenir... Mais pas de la façon dont je voulais.
Ce jour fatidique.... Il y eu un jour où, j'ai véritablement été choquée et horrifiée. Tu étais revenu de l'école, tout seul comme d'habitude, je ne venais jamais te chercher.... Tu avais... Je ne sais plus vraiment: dans les 5 ans ? (Pour ma défense, on habitait juste à côté)"
Non non... Cela prouve bien que tu étais une mauvaise mère, la pire.
"Je ne sais pas ce qui c'était passé, j'étais une ignorante, et, le regard vide, une expression neutre, tu prends un caillou. Un assez gros caillou. Tu te dirigeais tranquillement vers le chien du voisin et...."
Je replie la lettre rapidement. Je m'en souviens vaguement.
Je revois le sang sur ce caillou, le sang sur ma main, le sang sur le portail.
Je prend le courage qu'il me faut pour finir ce paragraphe:
"Tu l'avais totalement lapidé. Je t'avais dit: mon fils, qu'est-ce que tu as fait ? Et là, tu étais heureux, je ne t'avais pas menti."
"'Tu as souri."
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Du sang sur les murs
RandomOn ne saurait dire ce qui est le plus dangereux dans ce monde... La politique ? Les guerres causées par celle-ci ? L'injustice ? Les musiques de Jul ? De... simples humains? Oui, il en existe des dangereux. On ne sait pas à quoi ils pensent. S'est...