One shots

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Chanson du chapitre : I Won't See You Tonight par Avenged Sevenfold
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C'était encore à mon tour de creuser.
Juste d'y penser et je commençais déjà à être rongée par la fatigue.
Je devais creuser 6 pieds par 6 par 3 dans le sol, juste assez profond pour que les créatures ne sentent pas la trace des cadavres et qu'ils nous retrouvent. On avait déjà perdu quatre hommes à cause d'une erreur semblable : l'imbécile s'était découragé à mi-parcours et n'avait pas achevé le travail entrepris, laissant les corps à moins d'un pied de la surface terrestre, coûtant ainsi la vie d'un tiers de notre horde de nomades. Les créatures avaient attaqué la nuit tombée, nous laissant peu de chances de survie. Elles les avaient broyés, déchiquetés, réduits en bouillie, puis ont emmené deux d'entre eux vers - selon les rumeurs qui courent - leur tanière, au beau milieu des montagnes.
Cette nuit là, j'enterrais les deux qui nous étaient restés, morts et défigurés. En fait, bien plus que défigurés : on avait retrouvé des dents et des lambeaux de chaire un peu partout... même dans l'eau des gourdes de certains, puisqu'ils allaient la chercher à la rivière non loin.

– Besoin d'aide, Aube ?

Je me retournais, gardant ma pelle en main, en l'air, juste au dessus des 4 pieds que j'avais déjà commencé à creuser pour la première tombe. Dans la noirceur de la nuit, je savais que c'était Killian qui m'avait interpellé. Killian était le chef de notre horde de survivants, et m'étonnait d'être ici, à me proposer son aide, plutôt que d'être autour du feu, en compagnie des autres constituant notre groupe.

– Si tu me le proposes uniquement parce que je suis la seule fille de la compagnie, non merci, lui crachais-je au visage alors que je me retournais pour m'affairer à ma tâche.
– Non, ce n'est...
– Tu sais que je détestes ça, le coupais-je en me retournant franchement, mettant plus d'aplomb à mes propos. Je suis peut-être une fille, mais tout ce qui est important aujourd'hui, c'est que je sois un humain. Alors, est-ce que je suis humaine ? Oui ? Alors je peux faire le travail que tu m'as demandez.
– Aube, je te proposais mon aide comme d'un Homme à un autre. Tout simplement.
– Ma réponse reste tout de même inchangée, Killian. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai du travail.
Je me remettais au travail sans même attendre que Killian se retourne sur ses talons. Au tout début, je n'étais pas la seule fille, il y en avait trois autres : Kassie, Aurore, et Constance. Il y avait surtout, près de cinq fois plus de gens qu'aujourd'hui. Mais les attaques, le manque de bonnes conditions de vie, et tous les autres dangers provenant des bois, avaient réduit considérablement le total. Maintenant, en plus d'être sans arrêt sous la menace d'un danger, je me fais charrier à propos du fait que j'ai eu deux chromosomes X à la naissance, que supposément je ne réussirais jamais à faire le même travail que les hommes. Ceux de ma compagnie (excluant Killian) ne savaient pas que j'étais une fille et me connaissent sous le nom de Aaron. Mais malgré le fait que je ne me faisait pas harceler par le fait d'être de la gent féminine, dans la bande, je me faisait énerver sur le fait d'être moins "forte" que les autres, moins musclée, moins masculine, de ne pas être comme les autres hommes.

– Tu sais que tu n'as rien à prouver aux autres, hein ? me demanda soudainement Killian, me faisant sursauter.
Je levais les yeux de sur ma tâche pour le voir assis, le dos accoté sur le tronc d'un arbre à moins de deux mètres des tombes fraîches que je creusais.
– Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Tu n'es pas supposé être en train de faire les rondes de surveillance pour le couvre feu ?
– Oui, mais je préfère m'assurer que tu ne te fasses pas attaquer par les créatures, plutôt que de vérifier qu'il n'ai pas des morons en train de s'envoyer en l'air dans le campement.
Il avait un point, je devais lui accorder. L'aurée de la forêt, là où on enterre les corps, de tous, est l'endroit où on était le plus vulnérable. Les créatures peuvent émerger juste assez longtemps pour nous prendre dans leur gueule et nous entraîner vers les montagnes, sans que personne de s'en aperçoive.
– Si c'est uniquement parce que je suis une fi...
– Aube, non. Sors toi ça de la tête. Ce n'est pas tout le monde qui te prend en pitié à cause de ton sexe, me coupa Killian d'une voix calme.
Je ne répliquai rien, reprenant mon travail, laissant retomber le silence autour de nous.