♦Plan Machiavélique♦

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~~Kagellan~~

Je ne pouvais pas être en retard maintenant. Pas après le repas de midi, pas quand on commençait par sport. Je cadenassais mon vélo rapidement avant de courir au gymnase. Je n'étais pas en retard, en tout cas, tout le monde attendait encore dans le hall. Je pris une longue respiration avant de me joindre aux autres, ils étaient en train de parler du dernier match de football donc je ne fis qu'écouter, essayent de reprendre une respiration plus normale. 

Je sentis un coup de pied dans mon tibia et observa la fille avec de long cheveux noir, des yeux couleurs de l'océan équatorial et son visage toujours blasé. « Viens, juste cinq secondes. » Ce n'était pas une question et je la suivis, jusqu'au coin du hall du gymnase.
« Que puis-je faire pour toi ? » Elle grinça des dents 
« Ma mère n'a pas arrêté de me parler de toi pendant les deux dernières semaines. »
« Je suis sincèrement désolé. » Ce n'était pas exactement ma faute, mais je me sentais obligé à cause du fait qu'elle ait utilisée mon nom.
« Ouais, moi aussi. Ça te dérange de manger chez moi cette semaine ? » ma main rejoint le nœud de ma cravate sans le relâcher, simplement car la chaîne de ma croix touchait plus ma peau lorsque je faisais ça.
« Je ne peux pas mentir Jude. » elle fit rouler ses yeux d'une manière théâtrale.
« De petits mensonges, et tu m'en dois une. » Je n'avais pas besoin de demander pourquoi,  elle l'explicita. « C'est grâce à moi que tu n'as pas un autre mot de retard » ajouta-t-elle en faisant référence à la veille. Nous étions arrivés en même temps et elle avait parlé pour nous deux, nous évitant tous les deux un mot de retard.
« Je peux t'aider, mais pas mentir. » précisais-je de nouveau, c'était délicat comme situation.
« Quoi, c'est un truc d'enfant de chœur ? De scout ? » Elle semblait passablement énervée par tout ça.
« Je t'aiderais, mais en effet, je ne mentirais pas, mentir n'est jamais la bonne solution, encore moins la solution que je choisirais. » Elle grogna quelque chose d'incompréhensible, ressemblant à des insultes, les paroles des prêtres ne suivait pas son sens de réflexion. 
« Je trouverais un moyen » conclu-t-elle en soupirant « quel jour tu peux ? »
« Pas les jeudis ni les dimanches » je n'avais que rarement manqué de messe et ce ne serait pas très correct de les rejoindre après, tard.
« Vendredi ? » J'hochai la tête et cela sembla lui convenir « bien » tout en ayant la voix la moins joyeuse qu'elle pouvait avoir. « Juste, ne– » elle se coupa en me dévisageant « Geez, c'est un truc de taré. » et elle parti. Vendredi était dans deux jours et je n'étais pas sûr qu'elle avait compris la partie je ne mentirais pas. Je ne peux pas et ne le ferais pas, ce n'est pas qui je suis.

Le lendemain, elle me rejoignit à midi alors que je libérais mon vélo « Le truc du rendez-vous, c'était juste se manger une gaufre ou quelque chose » je penchai la tête « Aller, ce n'est rien comme mensonge. »
« Je ne mens pas du tout »
Elle me foudroya du regard avant de m'injurier « Putain, mais ce n'est rien du tout ! » je secouais ma tête
« Je suis vraiment désolé, je t'aiderais mais je ne mentirais pas. Puis-je te suggérer de dire que ce n'est pas avec moi que tu sors ? La vérité est toujours le meilleur choix Jude. » Ses yeux se froncèrent
« Je ne sors avec personne mais si elle sait pourquoi j'ai menti ... Je serai punie pour le reste de ma vie. » Je restais silencieux. Je n'avais jamais été puni pour avoir dit la vérité, je n'ai jamais vraiment été puni, sauf des ajouts de devoir en plus, mais comme j'aimais ça, je ne suis pas sûr que cela compte vraiment. « Oh Geez, je suis baisée ... Je n'arrive pas à croire que j'ai dit ton nom »
« Je ne pense pas que ce soit si grave. »
« Oh, parce que maintenant tu penses ? Peut-être que tu penses que je peux acheter le silence de ma mère avec un sac à main hors de prix, mais putain, ça ne marche pas comme ça dans les familles normales. » Elle semblait bien plus affectée qu'elle me l'avait fait croire la veille.
« J'imagine » dis-je simplement, n'ayant aucune idée de ce qu'il se passait réellement dans une famille normale. « Mais peut-être qu'on peut aller manger une gaufre ce soir. »
« Tu te fous de ma gueule ? Je ne suis pas d'humeur pour une gaufre, encore moins avec toi, et on ne sort pas ensemble ! » puis elle s'arrêta et me fixa, muette pendant un petit instant pendant lequel ses yeux se mirent à briller « t'es en train de me proposer un rendez-vous ? » j'hochai la tête « Donc, tu ne vas pas mentir, mais par contre, déformer la vérité, pas de problème ? »
« Je ne dirais pas que cela s'est passé un autre jour ou quoi que ce soit, mais cela se sera passé. » elle fit un sourire étrange
« C'est un plan plutôt machiavélique pour un enfant de chœur ... Ok, gaufres alors. 'alut. » Et maintenant, j'allais être en retard, encore.

~~Jude~~ 

Je n'arrive pas à croire que ce gars à actuellement pensé ça lui-même. Mais tant mieux, il était utile au moins. J'avais juste à gérer ma mère (entre autres) oh, et ouais, le connaître un peu.

Emma était au bord de l'infarctus quand je lui ai dit « Kagellan m'a proposé de sortir ce soir » ses yeux marron m'envoyèrent des éclairs « Relaxe, je lui ai demandé de me demander » elle plissa les yeux
« C'est encore pire, depuis quand tu l'aimes bien ? » je me retiens de rire en observant la foule autour
« Ce n'est pas le cas, c'est juste un plan machiavélique contre la matriarche du zoo. »
« Ne le transforme pas en un Kagellan du côté obscur » ça me fit sourire « oh, dis-moi que je ne viens pas de te donner des idées »
« moi que je ne viens pas de te donner des idées » répétais-je avec le pire sourire que je pouvais fournir et elle commença à marmonner à propos du fait qu'il était quelqu'un de bien avec un bon cœur, ce que je n'étais pas (elle n'a pas exactement dit ça, elle a plutôt dit que j'aimais emmerder et pourris le monde autour – et je ne pouvais pas dire le contraire).
« Et s'il te plaît, ne sort pas réellement avec lui » Emma se faisait vraiment des idées toute seule.
« Em' je préférerais sortir avec un chameau qu'avec un garçon en sucre. » 
« Contente de le savoir » aussi innocemment que je pouvais le faire, je commençai à lui poser des questions sur mon 'rendez-vous', en trois minutes, je compris qu'elle ne connaissait rien de lui à part l'évident : le petit toutou des profs et le garçon de chœur. Ce n'était pas exactement étonnant, mais je m'attendais à ce qu'elle en sache un peu plus.

« Tu veux aller quelque part en particulier ? » Le moment exacte ou Kagellan me demanda ça, j'eue le droit à la moitié des filles dans le couloir qui se tournèrent vers moi pour me fixer, comme pour dire pourquoi il lui demande à Elle ?
« J'sais pas. Il y a un truc vers le parc. » et maintenant, elles brûlaient dans leurs jalousies, ce qui était une victoire. Je m'en contre fous de Kagellan, mais saouler les gens autour de moi est un de mes buts dans la vie.

Marcher à côté de lui était étrange, marcher à côté de lui marchant à côté de son vélo était encore plus étrange et ... silencieux. Je n'aime pas le silence. « T'as des frères et sœurs ? » demandais-je, c'était bien le sujet le plus facile non?
« Non » Peut-être pas, mais j'aurais dû deviner qu'il était fils unique, héritier d'un empire de je-ne-sais-quoi.
« Oh, ça doit être cool, j'ai un zoo à la place d'une famille » il pencha sa tête et je pris ça pour un continu « deux sœurs, un frère et trois cousins aussi sous le même toit, incluant deux pleurnicheuses, ces trucs qu'on appelle des bébés. »
« Ce sont des cadeaux de Dieu » Ouais, Dieu, laisse-moi rire.
« Plutôt des cadeaux de Satan, elles ne peuvent pas rester toutes les deux silencieuses. » Je continuai à parler sans exactement me rendre compte que j'étais la seule qui parlait et, quand je m'arrêtais, il posait une question qui me faisait parler de nouveau. On acheta deux gaufres, une au chocolat (la mienne) et une nature. Il paya pour les deux (je ne pouvais pas me plaindre, c'était un rendez-vous après tout). On s'arrêta sur un banc comme il ne pouvait pas manger et marcher en même temps (à cause du vélo).

J'étais toujours en train de parler du fait que je détestais être séparée de mon frère. Puis, je parlais de mes sœurs et à quel point elles étaient énervantes, puis mon cousin, puis à quel point le monde entier était énervant. Il n'a pas quitté son sourire de tout le long, m'encourageant à continuer. Même Emma plus Trevor n'égalait pas sa patience, eux m'auraient déjà frappé depuis le temps, voulant changer de sujet à tout prix.

Il me raccompagna au bus « Je ne t'ai rien demandé sur toi » dis-je à moitié mal-à-l'aise. Pas que je me sentais mal, plutôt que tout plan diabolique nécessitait des informations, et tout ce que je savais, c'était qu'il était fils unique.
« ça ne me dérange pas, ma vie est plus banale, enfin, tu es amusante »
« Amusante ? » ça ne sonnait pas vraiment comme un compliment, même sortant de sa bouche toujours polie.
« Oui, tu vis ton histoire comme si tout se passait devant tes yeux au même moment. Tu es ... possédée par ton histoire, c'est quelque chose que j'admire en quelque sorte. » c'était ça, sa définition d'amusant ? Je ne suis pas sûre qu'on ai le même dico, mais peut-être que j'aime être amusante de cette manière. J'observais le bus arriver, puis lui, faisant un bref signe de main.
« 'alut »
« Juste ... Dois-je fais quelque chose en particulier ? » j'haussais les épaules, je n'avais pas la moindre idée.
« Ma mère t'adore déjà de toute façon » ce qui était un euphémisme vu les deux dernières semaines de tortures que j'ai subie 
« Ok, bonne fin de journée » et il parti de son côté à vélo.

J'ai vraiment hâte que cela se finisse.

EtherkindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant