Secret dévoilé

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Nathan.


L'amour,qu'est-ce que c'est au final ? C'est quelque chose de bon oumauvais, après tout on souffre, on est heureux.


C'estce que je pensais pendant une longue période, les pensées metrottaient, je n'écoutais même plus le cours de français, à quoiça sert de suivre un cours qu'on oubliera après le lycée, blasé,vide voilà de quoi je suis fait. Je ne comprends pas les gens quiadorent de parler des ragots dans les couloirs, qui gloussent envoyant les garçons que les filles aiment secrètement, pourquoielles ne vont pas les voir pour leurs dire directement au lieu derester dans l'ombre ?


D'unpas las je me dirigeais vers la cafétéria du lycée pour passer macarte, mes parents étaient rassurés que leur fils mangent avec sesamis lors de de ce repas, mais c'était faux, je n'avais pas d'amiset je mangeais encore moins à la cantine, entouré de personnesinconnues, qui regardent les marginaux comme une espèce en voie dedisparition, dans un lycée chacun fait parti d'un groupe, moi non,je ne veux pas être mêlé à ces personnes, leurs discutions nem'intéresse pas et je n'en vois pas l'utilité, d'avoir des amis quivous laisseront tomber à un moment de votre vie, surtout celui quandvous n'êtes pas bien.


Dansun coin à l'abri des regards, la seule chose que j'aimais faireétait de regarder des animes japonais, là je pouvais m'enfermerdans mon monde, être compris par les autres, avoir des amis en 2D,ils m'accepteront quelques soient mes différences, eux au moins ilsne me lâcheront pas, donc je plonge dans cet univers, je suis sibien face à un écran, les voir si heureux, l'amitié est siimportante à leurs yeux, l'amour, la haine, il y avait de tout, jepouvais en choisir en fonction de mes humeurs, ça me plaisaitd'imaginer que moi aussi je pouvais vivre dans leur monde, vivre aveceux, rigoler, pleurer.

Dansla vie réelle personne n'essaie de comprendre les autres ou d'allerplus loin que les apparences.


Voilàmon rythme de vie, devant un ordinateur, oubliant de manger pourrester dans ces mondes qui me plaisaient tant, cette magie à traversdes paroles, des sourires dessinés.


Çame rassurait d'être entouré de personnes non réelles, toujoursperdu dans mes pensées, une fille était une fois venue me voir pourme demander une cigarette, le cliché pour aborder une personne etparler avec moi après, je lui ai tendu cette fameuse cigarette sansun mot, elle me remercia et se présenta, je ne savais que faire,c'est ce que je lui ai dit, vexée elle est partie.


J'ouvrisla porte de ma maison, vide, mes parents étaient sortis, c'étaitpas plus mal, ma chambre était recouverte de poster de toutes sortesd'animes, assis dans mon lit, l'ordinateur allumé j'avais enfinaccès à internet, le Graal, le casque sur les oreilles, j'ouvris lapage du forum où je passais ma vie, du rôle play, si vous neconnaissez pas le principe est simple, vous incarnez un personnage etvous le faites vivre à travers des actions, des histoires, vous êteslibre d'être qui vous êtes et ça c'est magique.

Leforum était sur le thème d'Harry Potter, une histoire dont j'étaisfan, pour sa magie, pour ses complexes, en bref un univers quim'avait fait emporter dans un autre monde, celui où j'aurais dûnaître.


Dessusj'aimais jouer le méchant serpentard, mais je m'entendais bien avecune autre joueuse, on se racontait nos vies respectives, cetteroutine barbante, elle au moins pouvait me comprendre, je ne l'avaisjamais vu, ni entendu, nos discutions étaient juste par messageprivé, ça suffisait, c'était le genre de personne à qui onpouvait parler de tout, pendant des heures et des heures. Un sourireaux lèvres quand elle me racontait ce qu'elle avait fait en artplastique, le thème que leur professeur leur avait donné, pasfacile, « le désir » ce soir là était différent desautres, après des mois de conversations, nous avions décidéd'activer nos micros pour la première fois, je n'étais pas àl'aise, elle non plus, cette discussion vocale commença donc par desrires nerveux, j'étais étonné d'entendre une voix aussi grave,même si son personnage était féminin, je m'attendais à une fillemais non c'était un garçon.

Souhaitantreprendre notre histoire, nous coupons nos micros.

Jelis dans ce jeune homme qui a vécu un peu plus d'un quart de savie, j'écoute, j'écris, je dis. Je ne comprend pas comment peut-onavoir cette maturité à cet âge là. Je ne comprend pas pourquoison sourire s'est envolé pendant une période de sa vie. Il estsimple, pas trop simple non plus sinon c'est pas marrant. Jel'imagine dans sa chambre éclairée par la lumière de sonordinateur, assis sur son lit, cherchant quoi écrire, restant desheures bloqué voulant mais ne pouvant pas. Je l'imagine en traind'espérer qu'une personne brise ce silence, brise cette obscurité,qu'il rentre dans la chambre, entre dans ce noir et qu'il allume laflamme dans son regard.


Ilétait seul, comme je l'étais, il vivait à travers un écran, jepouvais donc le comprendre.

Mesparents étaient rentrés quelques heures auparavant, chacun mangeaità l'heure qu'il voulait, c'était le point positif de cette famille,chacun sa vie, pas besoin de parler, pas besoin de faire semblant des'intéresser à la vie de l'autre, la seule chose qui perturbaitl'ambiance c'était ma sœur Anaïs qui aimait mettre sa musique àfond, parler des heures avec ses copines, des garçons, des avisdébiles.


Puisma vie bascula, j'ai compris ça en ouvrant mes yeux sur ce litd'hôpital, une perfusion au bras, juste un soupir las sorti de mabouche, merde, ils avaient découvert mon secret. Ma mère affoléeattendait en salle d'attente avec ma meilleure amie, le diagnostiquedes médecins était clair «dépression et anorexie. » Pendantque les médecins prévenaient ma mère, j'avais mis mes écouteurs àfond dans mes oreilles, je voulais être seul, mais non j'étaisentouré d'autres personnes qui étaient là pour diverses raisons,ils me regardaient avec un air soucieux. Un pauvre lycéen avec desperfusions de partout, pourquoi m'avaient-ils mis dans un couloir oùles infirmiers couraient partout, pas de réseau internet, bon sang.


Uneporte blanche devant moi, une clinique psychiatrique, comment j'avaisatterris dedans, ah oui c'est vrai, pour manger, pour me mettre sousmédicaments, je n'avais même pas mon ordinateur juste mon portableet ma 3G pourrie, quelle poisse. J'étais seul dans cette chambreplutôt froide, l'heure des repas était toujours la même, je fixaisles autres manger à ma table sans toucher mon repas, au bout dequelques jours, les infirmiers ont décidé de me mettre uneperfusion le temps de mon hospitalisation. Je vivais donc avec,bizarrement je me sentais moins seul, bien que pour se changer et ladouche c'était compliqué, alors que pour dormir et bouger c'étaitsimple, quelques personnes m'avaient posé des questions sur le faitque je ne mangeais pas, je répondais simplement que je n'avais pasfaim, ils ne cherchaient pas plus loin et c'était pas plus mal. Mameilleure amie venait souvent me voir, prendre des nouvelles, avecelle je pouvais être moi-même, un infirmer est entré dans machambre et m'avait posé cette fameuse question « Nathanveux-tu mourir ? » Ma réponse était positive comme àchaque fois, par désespoir, ils m'ont changé d'établissement pourune unité spécialisée dans les troubles du comportementalimentaire, je ne montrais rien mais j'avais peur, du regard desautres, des comparaisons possibles, pourquoi un obèse irait là-bas ?Une fois arrivé, on m'emmena dans une chambre, bleue, avec unnuméro pour nous reconnaître une fois le portable donné, jerestais là, sans internet, sans portable, comment j'allaissurvivre ? Sans pouvoir sortir, avec des personnes inconnues.

Audébut je ne parlais pas vraiment, à quoi ça sert de parler à despersonnes que l'ont ne connait pas et qui sont aussi mal. Lesinfirmiers semblaient un peu plus compréhensifs que les autres, icitout élément de ta vie passée était important, ça me m'étaitplutôt mal à l'aise de dire que j'étais qu'une personne qui passesa vie dans le noir sur son ordinateur, mais ils ne m'avaient pasjugé,

Ilsvoulaient tout savoir de ma vie, la relation avec mes parents, mesamis, tout. Ils me disaient de leur faire confiance, je n'étais pasconvaincu que ça aussi ça serve à quelque chose, cettehospitalisation n'allait être qu'éphémère, ces personnes que jene reverrais jamais et qu'ils m'oublieront dans quelques mois.

C'étaitdur, dans cette petite unité il fallait manger, faire des balladesdans un grand parc et trouver des occupations par soi-même. Je nepouvais même plus lui parler, lui avec qui je passais mon temps àparler sur internet, ça m'énervais d'être sans internet la seulechose qui me rendait le peu de joie qui existait en moi, là jedevais affronter l'extérieur, le monde réel, des personnes en chairet en os. Ça me faisait peur, je n'avais aucun contrôle et je nesupporte pas ça.


NoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant