Funny Love

Chapitre 1

LOU

1er janvier 2017 12h27

Cela fait une semaine que je vis une relation avec Nick. Et normalement, tout devrait être parfait. Oui normalement. Car vous le connaissez maintenant, il ne fait rien comme tout le monde et sa plus grande passion dans la vie est de tester mes limites. Et je pense qu'il les a franchies cette nuit.

— Lou Vernier ?

— Oui ?

— Vous pouvez sortir.

— Merci.

La personne que je remercie ? L'agent de police qui m'ouvre la cellule dans laquelle je me trouve depuis quelques heures grâce à mon compagnon. Je m'avance en traînant des pieds dans le but de ne pas perdre mes bottines que je porte sans lacets pour ma propre sécurité. Enfin, ça c'est ce que l'on m'a dit quand on m'a demandé de les enlever. Quand j'ai fait remarquer au policier que je risquais plus avec mon soutien-gorge, car l'élastique était plus résistant, il m'a demandé de m'en défaire, car je présentais selon lui des réactions excessives et incontrôlables.

Moi excessive ? Mais si peu...

J'ai eu beau clamer que je ne voulais en aucun cas en finir avec mes jours, je n'ai pas eu d'autres solutions que de lui confier mon sous-vêtement. Je me suis mordue la langue, car j'étais à deux doigts de lui demander s'il ne voulait pas ma culotte également. Avec ma chance, j'aurais dû m'en démunir. Je franchis la grille et me retourne pour regarder les deux femmes qui m'ont tenue compagnie cette nuit.

— Au revoir Lou, et si tu as besoin d'un coup de main pour rendre la pareille à ton jules, n'hésite pas. Tu sais où me trouver maintenant.

— Merci Gina. Mais je pense que je me vais me charger personnellement de son cas.

Gina, péripatéticienne de son état, m'a permis de ne pas craquer. C'est une habituée du commissariat et l'écouter parler de sa vie et de ses expériences m'a vraiment détendu. Elle est arrivée quelques minutes après moi alors que je préparais un plan de vengeance puissance dix contre Nick. Je n'aurais jamais pensé me lier à une prostituée mais le récit de ma codétenue m'a attendri. Si elle a commencé dans la profession par nécessité, elle a continué par confort. Elle m'a expliqué que la période la plus délicate correspondait à ses débuts quand elle a pris conscience que son corps ne lui appartenait pas. Elle avait un enfant en bas âge et était sur le point de tout perdre quand elle a trouvé cette solution. Très rapidement, elle a remboursé ses prêts et a commencé à avoir des revenus qui lui permettaient d'offrir une vie confortable à son fils. Des années plus tard, elle a pu lui payer les études qu'il désirait. Il s'est installé outre-Atlantique dans un joli loft qu'elle a payé et elle lui approvisionne son compte pour qu'il n'ait pas à travailler en parallèle de ses études. Son fils ne sait rien de son activité et elle fait tout pour lui cacher. Pour lui, elle dirige une équipe de mannequin et vu la classe qu'elle a, elle pourrait très bien le faire. Gina est loin de l'image que l'on a des femmes de la profession. Elle est belle, sophistiquée et très distinguée. Son regard sur la vie et les hommes est assez cynique, mais comment pourrait-il en être autrement avec le métier qu'elle exerce ? Elle m'a cependant proposé quelques plans machiavéliques auxquels je n'aurais pas pensé pour me venger de mon chéri. Je ne les mettrai pas en pratique tout de suite, mais je garde ces idées en tête pour un futur plus ou moins proche.

— Vous pouvez récupérer vos effets personnels et signer ce document. Une personne vous attend dans le hall d'entrée.

— Très bien, réponds-je en signant le document que l'on me présente et en récupérant le peu que j'avais confié en arrivant. C'est-à-dire, les lacets de mes bottines et mon soutien-gorge. Pourriez-vous m'éclairer sur la raison de ma sortie ? questionné-je avant de préciser sous le regard hautain de l'officier de police, je ne m'en plains pas, mais j'aimerai savoir ce qu'il y a de changé depuis la dernière fois où je vous ai dit que vous vous trompiez sur moi.