- Tu es prête ?
En fermant la fermeture éclair de mon sac, je me retourne vers la porte de ma chambre entrouverte. Ma mère et mon père se tiennent tous les deux sur le seuil de ma chambre, un air bienveillant flottant sur leur visage.
- Oui, j'affirme avec un grand sourire en leur direction.
Après m'être assurée de n'avoir rien oublié, j'emboite le pas de mes parents dans le couloir et jusqu'à l'entrée de notre maison. Ici, mon cousin nous attend, un livre à la main.
- Alors ça y est ?, me demande-t-il. Tu pars vraiment ?
Je hoche la tête pour lui répondre.
C'est moi et moi seule qui aie décidé de participer à cette sélection. Enfin… moi et le hasard du tirage au sort. Mes parents ne s'y sont pas opposé parce qu'ils ne veulent que mon bonheur, mais m'ont cousin a eu un peu plus de mal à l'accepter. Auguste vit avec nous depuis qu'il a 7 ans à cause du crash d'avion qui a provoqué la mort de ses parents, le laissant seul. Il avait le même âge que moi et ma compagnie l'a beaucoup aidé à se remettre du drame. Cette histoire nous a rendus très proche, ce qui ne rend pas la séparation facile…
- "La bible de l'étudiant en médecine", je lis en penchant la tête sur la couverture du livre qu'Auguste tient en main.
- Oui…, dit-il l'air ailleurs. J'ai bientôt ma période d'examen.
Je ne réponds rien. Je ne sais pas quoi lui dire. En réalité, j'aimerais sauter dans ses bras et lui hurler en riant de ne pas s'inquiéter, qu'on se reverra bientôt et que je lui écrirai des centaines de lettre, mais je n'y arrive pas. Moi qui d'habitude est tellement joyeuse, souriante, pas prise de tête… J'ai pour une fois un peu de mal à gérer la situation des aux-revoirs.
Sentant qu'une gêne s'installe entre mon cousin et moi, mes parents interviennent. Mon père d'abord, en venant me féliciter encore et en me faisant promettre de ne pas me laisser intimider et de les prévenir si quoi que ce soit se passait mal. Puis c'est au tour de ma mère de me prendre dans les bras.
Au bout de quelques minutes à peine, on frappe à la porte.
- Sûrement le chauffeur qui va te conduire à l'aéroport ma grande, me dit mon père. Allez… file !
Je lance un dernier regard amical à tout le monde avant de me diriger vers la porte.
* * *
Dans la limousine qui m'amène à l'aéroport, je m'occupe en laissant mes yeux suivre le paysage qui défile par la fenêtre. Il fait très beau aujourd'hui, le ciel est sans nuage, ce qui me fait sourire. J'adore cette couleur si bleue et si belle ! Elle est tellement… reposante !
Après un petit temps de trajet, la limousine s'engage sur le parking de l'aéroport. En y entrant, j'écarquille les yeux…
- Tout ce monde… !
Le chauffeur jette un regard vers moi à travers son rétroviseur.
- Vous êtes Sélectionnée, lâche-t-il comme si ça suffisait à justifier une foule aussi dense.
Je n'ai pas l'habitude de tout ça moi. Je suis une trois, ce qui est une classe sociale très correcte, mais je ne suis pas une star. D'ailleurs, ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse particulièrement. Je n'ai pas énormément d'amis et ma famille n'est pas très grande mais je le vis très bien. En parlant d'ami, celui qui est le plus cher à mes yeux m'avait promis de se rendre à l'aéroport pour me dire au-revoir. J'espère qu'il est bien là…
Avant de sortir, le chauffeur me met en garde :
- Il y a beaucoup de monde Miss… Je vous demanderais donc de bien suivre le garde qui sera en charge de vous et de ne prendre contact avec aucune personne dans la foule.
Je hoche la tête un peu nerveuse avant de répliquer :
- Pour les inconnus il n'y a aucun problème mais si je vois quelqu'un que je…
-… C'est le règlement, si vous saluez une seule personne, les autres risquent de crier à l'injustice.
Je baisse la tête. Je n'avais pas pensé à ça. J'espère que Quentin, mon meilleur ami qui devait venir, ne m'en voudra pas. Mais d'un autre côté je peux comprendre. Et puis ce n'est sûrement pas mon chauffeur qui fait les règlements, il n'y pourra rien de toute façon.
Accompagnée d'un garde, je travers donc le chemin qui me mène à mon avion en essayant de ne pas faire attention aux milles et unes personnes présentes. Je leur souris et m'autorise à leur faire quelques signes sympathiques de la main mais sans plus.
Bientôt, j'arrive dans l'avion.
Quand je monte dedans, j'ai soudain un haut-le-cœur. Je ne pensais pas que ça m'arriverait mais il faut croire que je suis moins courageuse que je ne le semble. Je lâche un "bonjour" aux filles déjà présentes sans trop les regarder. Puis je file m'assoir à un siège vide.
* * *
Pendant le trajet je… m'endors.
Et oui.
Je ne sais pas pourquoi, mais ça a toujours été comme ça dans les avions. Je ne l'ai pas pris souvent –deux fois avant aujourd'hui seulement- mais ça a toujours été pareil. Dès que l'avion décolle, je m'endors. Je crois que c'est parce que je m'y sens bien. Ici, loin de la terre et au beau milieu de ce ciel à la couleur que j'aime tant.
Quand j'ouvre les yeux, je manque de pousser un cri d'émerveillement. Nous sur-volons la province royale.
Bientôt, le palais est en vue. Autour de moi, j'entends les chuchotements des autres filles. L'excitation monte. Enfin, nous arrivons.