Parwen Valendor

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Média : Parwen

Parwen marchait dans les rues glacées de Vendeaume. Capuchon sur la tête, elle ne voulait que l'on voit son visage de Bosmer. La neige tombait doucement en gros flocons légers. Les balayeurs de rues avaient laissé tomber. Cette semaine était passée au rythme des tempêtes de neiges et des averses de flocons. Rien de plus normal en pleine saison froide de Bordeciel.

Parwen était habituée aux basses températures des contrées Nordiques. Elle n'avait jamais vécu au Val Boisé, pays des Bosmers, et donc, n'avait jamais connu ses chaudes températures. Elle avait de vagues souvenirs d'enfance en Cyrodiil, pays central et cosmopolite du fier continent de Tamriel. Le reste, elle l'avait vécu en Bordeciel.

Elle marcha longuement, suivant au loin les bourses de sa cible. D'un seul coup, elle se mit à accélérer le pas, se rapprochant inexorablement de l'homme qu'elle visait. Un garde, prénommé Bjorn. Ce dernier portait une armure épaisse de fer et de fourrure, gravée de l'emblème de Veandeaume : la tête d'un ours sur un bouclier. À sa ceinture, étaient accrochées de grosses bourses remplies des amendes qu'il distribuait à longueur de journée, dès que quelqu'un violait les règles de la ville. Cet homme était une vraie fouine.

Tout ce qui n'était pas Nordique avait plus de chance de subir le courroux de la loi, sans raison. Les Nordiques étaient racistes, ce n'était pas nouveau. Parwen était une Bosmer, une elfe des bois. Elle vivait à Vendeaume depuis longtemps avec son père. Tous les deux étaient connus pour des services rendus à la communauté et donc laissés relativement tranquille. Pour les elfes noirs, les Dunmers, ce n'était pas la même chose. Les Nordiques leur vouait une haine sans nom.

Parwen bouscula le garde assez fort pour qu'il ne sente pas le petit coup de canif sectionnant partiellement la corde. Avec le choc, la cordelette céda et les bourses se vidèrent sur le sol. Elle mima une chute un peu grotesque. Bjorn tomba sur les fesses, dans une position ridicule. Deux gardes la saisirent par les épaules et la forcèrent à se relever. D'autres se précipitèrent sur le sol pour récupérer les amendes.

– Excusez-moi, excusez-moi, dit-elle, semblant apeurée.

– Tu peux pas regarder où tu vas, sale elfe !

En lui hurlant dessus, Bjorn lui avait postillonné sur le nez. Elle sentie son halène. Immonde mélange d'hydromel, de viande et de quelque chose d'inidentifiable. Il lui retira son capuchon. Son visage se radoucit instantanément.

– Ah, mais c'est la jeune Valendor. Je reconnaîtrais cette tête entre milles ! Lâchez-là, lâchez-là, ordonna Bjorn.

– Merci, dit-elle en baissant la tête.

Parwen n'était pas comme toutes les autres Bosmers. Ces derniers étaient petits, agiles et avaient une peau bronzée, pouvant aller jusqu'au brun chaud dans certains rares cas. Parwen était petite, mince et agile mais sa peau, bien que bronzée tirait vers un doré particulier. Ce métissage s'expliquait par l'union de son père, Bosmer et de sa Mère Altmer, ou haute elfe. Ces derniers avaient une peau dorée tirant sur le jaune. Ses yeux étaient également semblables à ceux des Altmers. Plus grands que la moyenne, ceux de Parwen étaient marrons très clairs, presque jaunes et fendus à la manière de ceux des Khajiits, ou hommes chats.

En résumé, on la remarquait de loin.

« Tu joues bien la comédie » lui fit une voix, bien trop familière, dans sa tête.

– Pourquoi courrais-tu comme ça ma petite ? Dit-il en lui saisissant le visage à une main, pour qu'elle le regarde.

– Pour aller acheter à manger avant la fermeture du marché. Je n'ai pas pu y aller aujourd'hui, j'aidais mon père dans sa boutique.

Parwen faisait tous son possible pour garder cette image de petite chose soumise, mais le regard avec lequel il la toisait la mettait vraiment mal à l'aise. Il était malsain... lubrique ? Elle retint un frisson et l'envie de lui arracher ce sourire collé sur son visage.

« Je n'aime pas les rustres... Ils sont comme les bébés ! Ennuyeux et bruyants »  fit de nouveau la voix dans sa tête.

« Ta gueule », lui répondit mentalement Parwen.

Depuis son plus jeune âge, Parwen entendait une voix. Une voix masculine, toujours la même. Une voix qu'elle avait fini par intégrer comme une extension un peu étrange de son esprit, mais qu'elle n'écoutait jamais. Parfois, la voix disparaissait pendant quelques semaines et à d'autres moments, elle restait des jours et des jours. Elle n'était jamais très envahissante, mais ne pouvait s'empêcher de donner son avis.

Finalement, le garde finit par la lâcher.

– Je ne te donnerai pas d'amende pour ce petit accident. Mais, fais attention où tu marches la prochaine fois. Je ne serais pas aussi clément ma mignonne, la prévint Bjorn en s'éloignant.

Parwen eu envie de vomir, mais se reprit et se dirigea vers le marché. Pour donner le change, elle acheta une miche de pain, bien qu'elle en ait déjà chez elle. Elle remit son capuchon sur sa tête, dissimulant ses mèches folles et se cacha parmi les habitants. Elle emprunta des petites ruelles que peu utilisaient.

Rapidement, elle rejoignit le quartier gris. C'était le territoire de tous ce qui n'était pas Nordique et, plus précisément, des elfes noirs, d'où son nom, les elfes noirs ayant la peau grise ou noire. Le quartier gris était une place d'exclusion sociale. Tous ceux qui y vivaient étaient méprisés et craints.

Avec leur réputation, les Valendor auraient pu en sortir, mais ils étaient attachés à cet endroit qui, bien que délabré, était tout de même accueillant.

Parwen se sentie beaucoup moins tendue une fois rentrée dans le quartier. Elle reprit des routes plus fréquentées avant de s'arrêter devant la porte d'une baraque en bois et en pierre, mal foutue et qui menaçait de tomber à la moindre bourrasque de vent. Elle frappa le battant.

Une elfe noire lui ouvrit. Elle avait les cheveux blancs coiffés en un chignon stricte et des yeux rouges sangs, courant chez les Dunmers. Son visage s'illumina et elle la pressa de rentrer.

– Je ne vais pas rester Nodusa, dit Parwen. Je suis juste venue te donner un petit cadeau.

De l'une de ses poches, elle sortit un petit anneau d'or sertie d'un éclat d'améthyste. L'anneau brillait d'une très légère aura verte. À première vue, c'était un anneau de protection des maladies.

– Oh merci, merci beaucoup Parwen, dit la dénommée Nodusa, les larmes aux yeux.

– Pas de quoi. Ces Nordiques sont des crevures.

Nodusa était venue voir Parwen à peine une heure auparavant. Le garde lui avait refilé une amende pour avoir "sali" la voie publique, alors qu'elle avait juste fait tomber son panier de courses en revenant du marché. Pour payer l'amende, il lui avait arraché des mains son alliance, la bague que Parwen s'était faite une joie de subtiliser en "tombant".

– Je vais y aller, j'ai du boulot ce soir, déclara Parwen.

– Attends, attends. Je veux au moins te payer.

– Pas la peine. On dit que tu me dois un service d'accord ?

– Oui ! Merci. Merci encore !

Parwen lui sourit. Elle regarda rapidement si un garde trainait dans l'allée. Elle sortit de la maison de la Dunmer et s'enfonça plus profondément dans le quartier.

« J'avais envie de lui arracher la langue et de la garder en souvenir... ah ah ! »

« À qui ? Bjorn ou Nodusa ? » se demanda intérieurement Parwen.

« Les deux. »


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⏰ Dernière mise à jour : Feb 19, 2017 ⏰

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